Rubrique : Il est inutile pour le bilan électrique de la France dans les 25 ans qui viennent et facteur d’irréversibilité à plus long terme
L’analyse d’une large fourchette des scénarios d’évolution des besoins d’électricité en France montre que l’échéance raisonnable d’introduction de moyens de production de base ou de semi-base dans le parc de production électrique se situe dans la période 2026-2033 et non pas 2015-2020 comme l’affirment les partisans de l’EPR. Il n’y a donc aucune urgence à lancer dès maintenant un EPR dont le cycle de « démonstration » s’étend au maximum sur une douzaine d’années.
De plus, vu la durée de vie de ces réacteurs (60 ans), leur introduction anticipée constitue un élément majeur d’irréversibilité : elle risque de figer la situation jusqu’en 2080 ou 2100 et de provoquer un effet d’éviction pour des solutions plus innovantes (nucléaires ou non) en termes d’offre et de demande.
C’est en particulier le cas pour la recherche et le développement qui porte sur les technologies de maîtrise de l’énergie et d’énergies renouvelables mais aussi sur d’éventuelles technologies nucléaires compatibles avec les objectifs du développement durable.
Nous dénonçons d’autre part vivement l’irresponsabilité de la stratégie qui consisterait à lancer une série d’EPR dans le but de constituer la réserve de combustible plutonium nécessaire à la mise en route massive vers 2040 de certains des réacteurs de la génération IV. Le pari de constitution d’un tel stock de matières dangereuses, sans qu’on puisse garantir aujourd’hui qu’on disposera dans la seconde moitié du siècle des moyens de l’éliminer, est en effet inacceptable.