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Question n°296

Arbitrage coûts/bénéfices

Ajouté par Thomas ANONYMISé (PARIS), le
[Origine : Site internet]

Les chiffres 2017 indiquent une augmentation à périmètre comparable des émissions de CO2 du secteur électrique, après des années de quasi-stagnation.

Comment est-ce que la Maitrise d'Ouvrage explique que notre pays consacre 5.4 milliards d'euros par an (soit entre 0,2 et 0,3% du PIB) en subventions au secteur électrique pour des résultats écologiques aussi mauvais ?

Et d'après le rapport de la Cours des Comptes publié récemment, les résultats économiques et industriels de cette politique sont tout aussi faibles.

Comment est-ce que la Maitrise d'Ouvrage explique alors de publiquement se prononcer pour une poursuite et une intensification de cette politique si elle ne produit visiblement pas les effets escomptés ?

La Maitrise d'Ouvrage pense-t-elle que la popularité de certaines politiques de soutien justifie leur mise en œuvre, même si elles sont dans la pratique profondément inefficaces et conduisent à un gâchis massif d'argent public ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Comme vous le signalez, malgré les efforts du gouvernement pour développer les énergies renouvelables, les émissions de CO2 du secteur électrique ont augmenté en 2016.

Cette augmentation des émissions est due à la diminution de la production nucléaire en raison d’arrêts décidés par l’Autorité de sûreté nucléaire et de la production hydroélectrique, ainsi que les épisodes de froid, qui ont nécessité un recours important aux moyens de production thermique fossile. Malgré cette fluctuation annuelle conjoncturelle, les émissions du secteur restent toutefois inférieures à celles observées avant 2014.

Des efforts sont toutefois à mener afin de respecter dans la durée notre engagement de baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Concernant les nouvelles installations de production d’électricité renouvelable, les coûts devraient continuer à évoluer à la baisse, tirés par le progrès technologique. Pour le  photovoltaïque, le prix moyen proposé par les lauréats de la dernière période de candidature est de 85 €/MWh pour les installations sur bâtiments, contre 106,7 €/MWh début 2017 et 135,6 €/MWh en 2015.  En 2030, le coût de production du photovoltaïque au sol devrait être compris entre 40 et 50 €/MWh, et le coût du photovoltaïque sur bâtiment compris entre 60 et 70 €/MWh. Le tarif d’achat de l’électricité produite par les parcs de moins de 3 MW ou de moins de 6 éoliennes est actuellement de 82 €/MWh. En 2030, on anticipe un coût de production de l’éolien terrestre compris entre 45 et 60 €/MWh.

Le rapport de la Cour des Comptes constitue un élément important d’analyse de la politique de soutien aux énergies renouvelables. Il permettra d’agir pour améliorer le bilan économique des engagements de l’Etat, rejoignant sur plusieurs points les réformes proposées par le gouvernement. Il sera pris en compte, comme d’autres analyses, dans l’élaboration de la PPE.

Le Gouvernement prépare des mesures pour améliorer le soutien aux énergies renouvelables et mieux contrôler les dépenses de soutien afin de favoriser les technologies les plus matures.

Il convient enfin de noter que le développement des énergies renouvelables électriques vise à diversifier notre système électrique pour le rendre plus robuste.

Dans la communication du Conseil des Ministres du 7 novembre 2017, le Gouvernement a ainsi rappelé « son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables dont le potentiel économique est désormais démontré ».

Cette diversification a vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016. Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir pallier de tels événements.

Commentaires

L'électricité solaire et photovoltaïque étant intermittentes, les éoliennes et panneaux photovoltaïques ne se substituent pas à des centrales pilotables, toujours nécessaires pour assurer la sécurité d'approvisionnement.

La construction et l'entretien de ces dernières étant toujours nécessaires, le solaire et l'éolien ne permettent d'économiser que du combustible nucléaire, fossile, ou de l'eau.

Les énergies fossiles et hydrauliques assurant une part de plus en plus faible de notre mix, les ENR se retrouvent donc de plus en plus souvent à prendre la place du nucléaire.

Le coût variable du nucléaire (incluant coût du combustible, traitement des déchets, etc) est de l'ordre de 10€/MWh.

Tant que le coût complet des ENR sera au-dessus de ce niveau de 10€/MWh, cela se traduira donc par un surcoût pour produire chaque kWh d'électricité, surcoût que les consommateurs paieront d'une manière ou une autre.

Dit autrement, au lieu de :
coût fixe nucléaire + coût variable nucléaire
on a de plus en plus :
coût fixe nucléaire + coût complet ENR
Et cette dernière somme est supérieure à la première.

Et on imagine mal que le coût complet de ces énergies puisse atteindre un jour un niveau aussi faible. Cela reste plus ou moins de l'acier ou de la silice transformés, cela a un coût minimal et il ne faut pas attendre de miracle de ce côté là.

Tout comme on imagine mal qu'une technologie de stockage ait à moyen terme le potentiel de stocker les dizaines de TWh nécessaires pour pouvoir se passer des centrales pilotables.

Il est donc impossible vu d'aujourd'hui et dans le contexte français que les ENR intermittentes puissent être un facteur d'économie.

Et pour ceux qui ont peur du nucléaire, les ENR intermittentes ne réduisent même pas ce risque puisqu'il faut toujours autant de centrales et de matière nucléaire en cuve pour assurer la sécurité d'approvisionnement. Tout ce que ces ENR changent, c'est que maintenant ces centrales nucléaires ont de moins en moins d'argent à dispo pour payer leur maintenance.

Cette orientation de la LTECV n'a donc aucun sens technique, écologique et économique. Au contraire, elle est contre-productive.

Comment se fait-il que la Commission ignore (ou fasse mine d'ignorer) ce fait pourtant simple ?

Que le coût de ces énergies baisse est une chose, mais qu'il soit impossible qu'il baisse suffisamment dans un horizon prévisible en est une autre.

Le rapport de la Cours des Comptes n'est pas constitué juste de quelques pistes d'amélioration, comme vous semblez le penser, il dénonce en des termes polis un échec complet : Environnemental, industriel, financier.

Et visiblement, la MO ne propose rien d'autre que beaucoup plus de cet échec ruineux (on parle de centaines de milliards d'euros !) et de toute évidence contre-productif (puisqu'il ne baisse pas nos émissions de CO2).

Enfin, vous vous obstinez à considérer que la diversification de notre approvisionnement avec des ENR intermittentes le rend plus robuste, alors qu'elle produit l'effet inverse :

Si demain l'ASN ordonne l'arrêt d'un nombre de réacteurs nucléaires suffisant pour ne plus permettre de piloter l'équilibre offre-demande, vous aurez beau installer autant d'ENR intermittentes que vous voulez, le réseau s'effondrera avant la fin de la journée, puisqu'incapable d'être régulé.

La MO s'obstine à tenir le même discours, qui ne tient toujours pas la route.

Pire : un discours qui traduit soit une méconnaissance assez profonde du sujet qu'elle a la charge de traiter, soit un mensonge quant à ses motivations.

C'est assez effrayant.

75000

La réponse de la maîtrise d'ouvrage concernant l'augmentation de la production de CO2 en France ces dernières années est:
« Cette augmentation des émissions est due à la diminution de la production nucléaire en raison d’arrêts décidés par l’Autorité de sûreté nucléaire et de la production hydroélectrique ... »
La traduction claire de cette réponse est de faire plus de nucléaire !!!

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