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Le débat mis en cause ? Réponse de Jacques Archimbaud en date du 23 mai

M. Leroy, nouveau président de l'Ademe, semble avoir mis en cause, lors d'une conférence de presse, le débat public sur la programmation pluriannuelle de l'énergie. On lira à la rubrique média les termes dans lesquels le journal l'Usine Nouvelle rapporte ses propos. M. Leroy semble nous y faire en gros le reproche de ne pas mettre suffisamment en avant le thème des économies d'energie et d' accorder une place trop importante à la question du nucléaire. Cette critique, comme toutes les autres, doit attirer notre attention. Mais ces deux affirmations ne correspondent pas à la façon dont les choses se déroulent.

> Sur le thème de l'efficacité énergétique, il faut raisonner sur toute la séquence depuis l'été 2017 :  les cinq concertations sur l'économie circulaire, la stratégie nationale bas carbone, l'alimentation, la mobilité, la rénovation des bâtiments tenues à l'automne et pilotées en direct par le gouvernement ont donné une grande place au sujet des économies d'énergie et de l'efficacité énergétique. Elles ont donné matière à des annonces gouvernementales largement abordées sur le site du débat et dans la quasi-totalité des réunions locales. Plutôt que de revenir techniquement sur chaque secteur, notre propos est donc de mettre en facteur commun les obstacles réglementaires, fiscaux, de gouvernance ou d'une autre nature qui ont en commun de contrarier ou de freiner les dynamiques d'efficacité énergétique.  

> Sur le fond, la commission est absolument tranquille : elle a mis en permanence l'accent sur l'idée que c'est le niveau de consommation d'énergie qui devait être le point de départ de toute réflexion, pour déterminer ensuite l'offre et dimensionner la production et la distribution. Sur la prospective en matière de consommation, la commission a consacré un atelier au pétrole, un autre au gaz, un troisième à l’électricité au cours duquel le public a pu constater d'ailleurs que les positions d'EDF, de RTE et de la DGEC (sans parler de celle de l’ADEME) ne convergeaient pas spontanément. Il faut noter que la question du niveau de basculement des consommations fossiles vers l'électricité en matière de carburant ou de chauffage est absolument déterminante. Sans préjuger des résultats du débat, une première observation que l'on peut faire est que le "tout ceci" ou le "tout cela" ne correspond pas aux attentes des participants. 

Quant au nucléaire, le débat lui accorde une place importante mais bien proportionnée. Il faut rappeler que le gouvernement, après avoir annoncé dans sa déclaration de novembre 2017 qu'il renonçait à tenir en 2025 l'objectif de 50% prévu par la loi dans le mix électrique, a lui même suggéré que ce sujet soit un des objets du débat public et indiqué explicitement que des décisions claires seraient prises à ce sujet dans le cadre de la PPE : il eut donc été étrange que ce point ne figurât pas dans le débat public.

Il serait au total de mauvais aloi que des propos imprécis sur les insuffisances supposées du débat public occultent une demande qui monte de partout et quelles que soient les positions des uns et des autres : en matière d'énergie, sortez de l'ambiguïté, prenez des décisions claires et appliquez-les. 

Jacques Archimbaud

 

23/05/2018