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Question n°135

Dimensionnement du mix énergétique

Ajouté par Jean-Michel ANONYMISé (MANOSQUE), le
[Origine : Site internet]

La volonté affichée dans le dossier du MOA est d'accélérer le développement des ENRi pour la production d'électricité (notamment éolien et solaire). Nous avons un excellent modèle de l'autre côté du Rhin : en l'espace d'une petite vingtaine d'années les Allemands ont construit près de 100 GW d'éolien et de solaire ; et dans le même temps, compte tenu de l'intermittence de ces sources, ils ont maintenu constantes les sources pilotables, compensant même l'arrêt de centrales nucléaires par de nouvelles unités à gaz. Le résultat est que les Allemands ont un double parc de 100GW d'ENRi et de plus de 100 GW de pilotable (charbon, gaz, nucléaire...) ; ce qui constitue une solution "de riche" que l’Allemagne, pays en bonne santé, a pu se payer... Est-ce que la PPE va conduire à la même situation en France, à savoir un doublement systématique de la puissance installée, à savoir tout MW d'ENRi accompagné d'un MW de source pilotable ? Est-ce que le chiffrage des ENRi dans la PPE prévoit le coût des sources pilotables associées ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Merci de votre contribution. 

La réflexion sur la programmation pluriannuelle de l’énergie s’inscrit dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015 qui a notamment fixé un objectif de 40 % pour la production d’électricité d’origine renouvelable en 2030. La programmation pluriannuelle de l’énergie établit les priorités des pouvoirs publics pour atteindre ces objectifs.

L’objectif de développement des énergies renouvelables électriques a été fixé par la Parlement afin de diversifier le mix électrique. Cette diversification a vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016. Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir faire face à de tels événements.

A la suite de la publication du bilan prévisionnel de RTE, le Gouvernement a rappelé en Conseil des Ministres que l’évolution du mix électrique ne devra nécessiter aucun nouveau projet de centrale thermique à combustibles fossiles, ni conduire à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de notre production électrique. Le bilan prévisionnel de RTE publié en 2017 montre en effet que des trajectoires de développement des énergies renouvelables électriques sont possibles sans avoir recours à de nouveaux moyens de production pilotables et en réduisant la part du nucléaire. Il s’agit notamment des scénarios « Ampère » et « Volt ».

La programmation pluriannuelle de l’énergie fera de plus l’objet d’une étude d’impact rendue publique (dite "évaluation environnementale stratégique"), portant sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux. Cette étude d’impact prendra bien en compte l’impératif d’assurer la sécurité d’approvisionnement et chiffrera les coûts des éventuelles solutions de flexibilité du système électrique qui seraient nécessaires.

Commentaires

En réponse à une question, la Maîtrise d'ouvrage répète sans se lasser que "la diversification (du mix de production d'électricité) a vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de sûreté nucléaire". On lui a pourtant déjà fait remarquer que c'est inexact (cf. un commentaire sur la réponse à la question 179). L'ASN a seulement dit qu'il fallait se prémunir contre l'éventualité de l'arrêt simultané de plusieurs réacteurs nucléaires. Elle ne s'est pas prononcée sur les moyens ; et ce n'est pas son rôle. On demande donc instamment à la MOA de ne pas répéter cela pour tenter de justifier l'augmentation de la capacité éolienne et photovoltaïque. Il y a un seul argument : c'est qu'elle a été votée par la loi. Et cet argument n'est pas solide car une loi peut être modifiée.

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