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Avis n°212

L'atelier de controverse "Acceptabilité des énergies renouvelables"

Ajouté par La commission particulière du débat ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Autre]
Energies renouvelables

L'atelier de controverse "Acceptabilité des énergies renouvelables" a donné la parole à Jean-Louis Bal (Syndicat des EnR), Jean-Louis Butré (Fédération environnement durable), Claude Brévan (membre de la CNDP), Michel Leclercq (Energie Partagée) et Marie Décima (CERDD). Voici l'enregistrement vidéo de cet atelier.

 

 

Vous pouvez y réagir via le formulaire de commentaire ci-dessous. Si vous avez des questions relatives au contenu de cet atelier pour lesquelles vous souhaitez une réponse, que ce soit de l'Etat ou de la Commission, nous vous invitons à les poser via le formulaire dédié aux questions-réponses.

Commentaires

J'ai onze années d'expérience professionnelle dans le secteur des énergies renouvelables, avec trois expériences majeures dans le solaire thermique et PV dans les DOM TOM, le biogaz et la méthanisation agricole et territoriale en France, ainsi que dans le développement et l'exploitation de parc éolien onshore.
Cette introduction me définit par défaut comme partisant, ce que je ne nie pas, mais s'il y a un constat que je peux faire aujourd'hui, c'est que tous les projets sur lesquels j'ai pu travailler ont fait l'objet de réticences et d'opposition:
Bilan carbone critiquable, impact paysager, trafic routier, caractère intermittent, odeurs, conséquences sur la santé, baisse de production des cheptels proches, maladies cardio-vasculaires, champ magnétiques bouleversés, etc.... Je pense avoir entendu toutes les nuisances potentielles, avérées ou farfelues, envisageables ou fantasmées sur ces différentes technologies.
Néanmoins, parmi ces opposants, aucun lors de nos discussions en aparté n'a été en capacité de répondre à la fameuse question finale que je me fais un malin plaisir de poser: "Alors si ça ce n'est pas la solution, qu'est ce qu'on fait ?" - certains, à demi-mot, confient leur conviction pour le nucléaire, opinion que je respecte. Je ne suis d'ailleurs pas un anti nucléaire acharné, mais le jour ou il faudra construire un deuxième centre de stockage "à la Bure", ou un EPR près de chez eux, quelle sera leur réaction ? Y seront ils favorables ? Je me permets d'en douter.

Les opposants se ressemblent tous sur leur conviction profonde. "Il ne faut pas changer / détruire / dénaturer le territoire sur lequel j'ai grandi" pourrait être la philosophie que je semble détecter dans leur discours.
Sauf que pas de chance, le monde change, notre environnement et notre biodiversité Française sont en péril, et il faut faire des choix.

Il n'y a pas de choix idéal, mais l'état des lieux écologique n'exige t il pas de revoir la façon dont nous percevons nos territoires ? Certains sacrifices ne sont ils pas nécessaires ?

Un opposant convaincu me disait récemment en réunion publique "Il ne faut pas développer les ENR qui sont une aberration écologique, il faut réduire la consommation"... Sauf que cette personne regardait son smart phone pendant la réunion, il est arrivé seul, et de loin dans son véhicule personnel, et comme tout un chacun, ne souhaite pas se mettre en marge de la société pour vivre en conformité avec des convictions éco-durables. Ou alors dans une proportion limitée, comme je le fais moi-même je l'avoue: je trie mes déchets et tâche de réduire mes emballages, mais pars en vacances à l'autre bout du monde quand mes finances me le permettent. C'est le paradoxe, tout le monde est d'accord (ou presque) pour constater l'urgence de la situation, mais personne ne veut être le premier à payer les pots cassés.

Les ENR coutent cher au consommateur ? Voilà déjà un constat qui mérite le débat (cf. résultats de l'appel d'offre éolien CRE 2017 face au prix de l'électricité produite par le futur EPR - par exemple), et qui, en outre, soulève la question suivante: "N'est ce pas en tapant au portefeuille que l'usager lambda commencera vraiment à tenter de "maîtriser" sa consommation ? "

L'urgence semble pour moi justifier le besoin réel de changement de perception que nous avons de nos territoires.

75010

M Domblides

Les éoliennes seraient peut être acceptées si elles s'avéraient utiles. Or, notre électricité avant cette folie s'en passait très bien, sans taxes additionnelles, et sans émission de CO2.

75013

Monsieur "4Vconsulting",

Je déduis de votre commentaire que vous considérez l'énergie nucléaire comme entièrement dé-carbonée ? Quelle erreur !

A l'échelle de l'exploitation seule, effectivement. Si on regarde par le bout de la lorgnette et qu'on considère l'uranium déjà dans le réacteur, alors oui pendant 20 ans les dégagements de CO2 et de pollution sont faibles.

Mais que faites-vous de l'extraction du combustible ? Le fait est que ce soit dans un pays lointain et peut être "secondaire" nous dédouane-t-il de l'impact écologique ?

Considérer le nucléaire comme une énergie propre est une gageure:

https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/exploitation-de...

Renseignez vous sur l'impact de l'extraction de l'uranium au Niger et de la "radioactivité durable" qu'elle génère pour les populations locales. Installez votre maison à côté, si pour vous l’énergie électrique Française est si propre...

Un bilan carbone exige la prise en compte de l'ensemble des étapes du cycle de vie d'une centrale, et le nucléaire, entre extraction et préparation du combustible, transport puis démantèlement et stockage des déchets (pendant combien ?! ... 1000 ans ?), est bien loin d'être sans CO2 comme vous le dites.

Dézoomez...

75010

Je ne défends pas spécialement le nucléaire; je dis simplement que le choix est entre nucléaire et combustibles fossiles pour subvenir à une pointe l'hiver sans vent à 19h.

Dès lors qu'on installe ce double investissement, on peut se demander si les énergies intermittentes sont utiles.

La réponse est en Allemagne: 90 GW d'intermittentes ne diminuent pas d'un iota les émissions de CO2.

Et vous ne pouvez nier que le nucléaire est moins émetteurs de CO2 que les fossiles.

Et ne mélangez pas tout: si on parle CO2, on ne parle pas radioactivité ou particules fines.

75013

La lecture du blog de Sylvestre Huet , dans le monde du 18 Avril 2018,traitant du rapport de la Cour des comptes sur les coûts de soutien des énergies renouvelables ,m'a fait réfléchir et m' interroger sur ce que l'on fait ou devrait faire .

L'objectif est ,à mon avis , double . En premier il est urgent de limiter , stabiliser et diminuer la production de CO2 . Le second est ,à terme, d’arrêter de piocher dans nos réserves non renouvelables . Or je crois qu'on mélange souvent les deux . Ainsi remplacer du charbon ,du fioul ou du gaz par des renouvelables diminue la production de CO2 et préserve nos ressources non renouvelables .En revanche pour le remplacement du nucléaire ,seul le second objectif est atteint car le la production de CO2 ne diminue pas .
Le rapport de la Cour des comptes annonce un coût exorbitant de 121 Milliards d'Euros "engagé"(bilan en 2017) essentiellement pour l'éolien terrestre et le photovoltaïque pour un gain nul en CO2 , avec une production ridicule en électricité (quelques %) et un faible gain en matière d'emplois car les matériels (générateurs éoliens et panneaux photovoltaïques ) sont importés ,seule la maintenance nous est réservée .Cette somme considérable aurait due être investie dans du thermique renouvelable et surtout dans les bâtiments pour limiter les déperditions calorifiques et réduire drastiquement les consommations de fuel et de gaz .
Le citoyen que je suis s'étonne aussi de voir taxer une production d'électricité ne créant pas de CO2,pour développer une autre production d'électricité.Logiquement on devrait taxer les énergies produisant du CO2 pour favoriser les moyens de les réduire .C'est le principe du pollueur-payeur qui n'est pas respecté ici . De tout évidence ,c'est un moyen peu efficace pour chercher à limiter le nucléaire (et donc économiser l'uranium au niveau mondial ) .C'est là un choix fait par l'Etat ,mais je n'ai jamais compris ( ni trouvé une justification ) le critère permettant de fixer le seuil de 50% du nucléaire dans le mix énergétique . Mais c'est un autre problème .

Je pense aussi qu'il faut favoriser et financer,avec cet argent , la recherche et développement dans des domaines ou les technologies ne sont pas encore mures comme l'éolien marin flottant ,le stockage de l'énergie par le vecteur H2 ,etc... . Une réflexion devrait être approfondie sur auto consommation ,avec stockage tampon , le lien avec le réseau électrique et sans gain pécunier pour éviter l'effet d'aubaine .Notre argent doit aller dans les investissements de demain et non dans les technologies mures pour lesquelles nous avons raté le coche et que nous importons à des coûts raisonnables .

Voilà pourquoi ,en dehors de toutes considérations environnementales , je suis devenu contre le développement , en France , de l'éolien terrestre et du solaire photovoltaïque tant qu'ils seront subventionnés à tord par le citoyen . Imaginez ce qu'on aurait pu faire avec 121 milliards d'euros !

82100

Autant la distance de minimale de 500m peut paraitre suffisante quand il s'agit d'éoliennes de 60 voire 80m de hauteur.
Mais désormais, comme le dit JL.Butré, les éoliennes sont de plus en plus souvent des monstres de 120 voire 160m de hauteur.
Il faudrait instaurer une distance minimale de 10 fois la hauteur de l'éolienne pour assurer un minimum de tranquilité aux riverains

75013

Chaque pays à son contexte, ce qui est vrai dans l'un peut être faux dans l'autre !! En France produire de l'électricité par l'énergie solaire ou éolienne conduit à augmenter la production de CO2 à cause de la nécessité d'une énergie de substitution (gaz ou charbon) et donc participe (indirectement) au réchauffement climatique...Mettre des panneaux solaires et des éoliennes pour faire de l'électricité c'est parfait, mais pas en France....C'est pour cela que la prochaine PPE sera aussi inutile que la dernière PPE concernant la réduction de la production de CO2 pour produire de l'électricité!!!!!

13008

Ingénieur spécialisé dans l'énergie et professionnel acteur de l'énergie renouvelable.
Il est utile de rappeler que l'énergie est un sujet malheureusement trop complexe pour que ses enjeux soient saisis par la majorité de la population. Le présent débat public bien qu'éclairant n'empêche pas de nombreux raccourcis et des erreurs.
Il me parait utile de rappeler certains faits pour faire réponse aux précédents commentaires. Le taux de pénétration des énergies renouvelables (hydraulique compris) dans le mix énergétique français est actuellement faible : 16,7%*. Par exemple 4,5% pour l'éolien* alors que d'autres pays européens grimpent à 15% (jusqu’à 40% pour le Danemark) sans perturbation du réseau électrique. Comme le rappel RTE dans son dernier bilan prévisionnel** il n'y a pas de limite technique à une très forte participation des ENR dans l'électricité française, par exemple un scenario simulé avec 70% des ENR à 2035. Nous pouvons nous fier aux experts du transport d'électricité en France à savoir RTE, Enedis et les ELD pour absorber d'avantage d'ENR et ne pas considérer de frein technique.
Ces dernières années l’éolien et le PV ont fortement augmenté en France passant de 3,6% de la production en 2012 à 6,2% en 2017. Pendant cette même période le thermique à charbon est passé d’une production de 18,1 TWh en 2012 à 9,7 TWh en 2017 (voir bilan électrique RTE de 2012 et 2017). Il est donc faux d'expliquer que pour intégrer des ENR intermittentes il faut ouvrir des centrales à charbon. N'oublions pas que la meilleure énergie de pointe mobilisable facilement et rapidement est l'hydraulique, elle même ENR couvrant déjà 10,1% de l'électricité française. Les ENR intermittentes mais prévisibles sont donc complétées utilement par d’autres ENR comme l’hydraulique.
Pourquoi opposer les énergies renouvelables en faisant le choix de l'une au dépit de l'autre ? Les différents scénarii de prospection énergétique à notre disposition rappellent bien que chaque ENR a son rôle à jouer dans le mix énergétique futur. (scénario Négawatt, bilan prévisionnel RTE, mix électrique 100% renouvelable de l’Ademe). Il est donc peu opportun d’opposer les ENR entre elles. Toutes ces énergies doivent être mobilisées sans pour autant oublier de commencer par le plus important c’est à dire réduire fortement notre consommation par l'efficacité ET la sobriété.
Il n'existe pas à ma connaissance de scenario énergétique professionnel qui se passe des énergies renouvelables ou même d'une seule des ENR. Il est facile d'affirmer qu'il ne faut pas utiliser un type d'énergie mais il ne faut pas oublier de proposer une alternative. Certes le débat de la PPE permet de recueillir les opinions de tous mais au final il faudra que la solution énergétique retenue couvre réellement les besoins de consommation dans les décennies à venir. Il ne faut pas tout attendre des ‘autres’ énergies renouvelables que mentionnent Mr Butré. Certes la R&D dans ce domaine est primordiale mais les solutions passionnantes sur lesquelles nous travaillons aujourd’hui ne pourrons pas participer au mix énergétique avant plusieurs années voire décennies. Il faut donc composer avec les énergies matures dont nous disposons actuellement et ne pas espérer un miracle technologique.
Rappelons que chaque énergie a ses inconvénients en tant qu’infrastructure nouvelle et qu’aucune n’est parfaite. A trop écouter les détracteurs de chaque énergie, ENR, fossile ou nucléaire nous pourrions nous retrouver avec aucune manière de produire de l’énergie. Il y a donc obligatoirement des compromis à faire en choisissant le mix énergétique faisant le plus consensus.
S'agissant de l'acceptabilité des ENR nous constatons que certaines peuvent lever une opposition locale mais qui reste minoritaire. Les sondages prouvent que les français sont très majoritairement favorables aux ENR même à proximité de chez eux. Evidemment le phénomène Nimby est inévitable pour des nouvelles installations en particulier éolien et méthanisation. En revanche, si nous devions nous passer de tout ou partie des ENR quelles seraient les alternatives ? Certains commentaires suggèrent que nous devrions faire "comme avant" c'est à dire continuer le nucléaire. Cela pourrait effectivement être un choix partant du constat que la France est déjà le pays le plus nucléarisé du monde. Il ne faut toutefois pas oublier que dans ce cas il faudra obligatoirement renouveler notre parc de 58 réacteurs. En effet même en décidant de prolonger la vie des réacteurs à 40 voire 50 ans il faudra inéluctablement les démanteler et les remplacer car les pièces maitresses comme la cuve ne sont pas remplaçables. Quel serait l'acceptabilité du renouvellement complet du parc nucléaire français ? Combien de centrale nucléaire et sur quels nouveaux sites ? (les précédent étant occupés par des centrales à démanteler). Quid de la problématique des déchets et de la ressource en uranium ? Sans oublier que l'énergie nucléaire des nouvelles centrales type EPR coûte 110 € / MWh contre 62€ /MWh pour l'éolien et le PV d'après les derniers appels d'offre.
Pour améliorer l’acceptabilité des ENR il me semble primordial que le gouvernement lance un plan de communication large pour faire de la pédagogie auprès de tous les citoyens en se basant sur les résultats de la PPE. Cette communication doit être relayée à chaque niveau régions, EPCI et communes car chaque territoire à son niveau doit être responsabilisé sur ce sujet. Cette communication doit ne plus laisser de place au doute sur l’utilité d’un type d’énergie afin de se concentrer sur la meilleure manière d’avancer vers les objectifs nationaux. Cela n’empêcherait pas la concertation locale autour de chaque projet mais la base d’acceptabilité serait meilleure et l’appropriation également. Le rôle des médias ne doit pas être minorisé en particulier celui de la presse quotidienne régional qui doit prendre conscience de l’impact négatif qu’elle peut avoir par certains articles certes vendeurs mais non étayés.
N’oublions pas que la meilleure énergie est bien celle que nous ne consommons pas
Quelques sources utiles :
*Bilan électrique RTE 2017
**RTE bilan prévisionnel de l’équilibre offre demande d’électricité en France édition 2017

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