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Avis n°210

Le risque nucléaire n'est pas assuré

Ajouté par Emmanuel ANONYMISé (Saint Sébastien Sur Loire), le
[Origine : Site internet]

Aucun assureur privé n'est assez fou pour couvrir le risque nucléaire. L'Etat assure "gratuitement" le risque d'accident nucléaire (cf p. 27 du rapport à la cour des comptes du 05/06/2014 sur le coût du nucléaire). Cela constitue, à minima, une forme de subvention qui mérite d'être intégrée dans le coût de l'énergie nucléaire si on veut le comparer à d'autres énergies (au même titre d'ailleurs que l'impact sur le dérèglement climatique qui devrait être internalisé au coût des énergies fossiles). La situation japonaise post-Fukushima montre à quel point l'indemnisation des victimes révèle un casse-tête - et recèle potentiellement de très lourdes injustices et souffrances, indépendamment même des conséquences directes de la catastrophe - si elle n'a pas été pensée "à froid", et ce d'autant plus que dans les contrats d'assurance de nos concitoyens, les risques liés à un accident radiologique sont aujourd'hui exclus. À partir du moment où l'ASN estime qu'un accident majeur en France, et que sa probabilité, ne serait-ce qu'au regard des accidents passés, ne peut être considérée comme négligeable, le débat sur la question se doit d'être approfondi, en prenant en compte les avis des citoyens, des contribuables, des chercheurs et experts, notamment du Conseil d'analyse économique, permettant d'exposer les avantages et inconvénients (y-compris éthiques) de systèmes de provisionnement par avance ou de garantie par l'Etat. Il est en effet évident que l'argent (1000 milliards d'euros à Fukushima) de la collectivité ne fera pas le miracle de réparer l'irréparable. Il s'agit d'une remise en question profonde du système de production d'énergie électrique à destination des particuliers utilisant l'énergie nucléaire à base de fission d'uranium-235.

Commentaires

Bonjour Mr Hourdequin,
Idée troublante que d'intégrer un coût prévisionnel sur un fait potentiel qui n'arrivera peut être pas!!
Si pour le faire vous vous appuyer sur le coût de Fukushima (donc difficilement transposable), alors il faudrait justifier d'où provient vos 1000 Milliards d'euros?? Dans l'avis 38, Mr Thomas (que vous avez cautionné) l'estimait, lui, entre 444 et 630M (estimation très très large vous conviendrez), alors que perso j'ai lu a plusieurs reprises un coût de 200 Milliards.
Je pense que ni vous, ni lui, ni moi, ne sommes en mesure de donner un chiffre exact, à part citer une source internet ou journalistique qui n'en savent guère plus, et qui malheureusement fondent beaucoup d'avis!!
A vous lire (vous êtes très prolifique...) je tiens à m'excuser de vous avoir taxé d'idéologue, c'est faux, NON vous êtes un idéaliste, et en ce sens ce n'est guère critiquable.
Mais je pense que nous le sommes tous et que nous rêvons tous d'un monde meilleur. Vous focalisez sur les méfaits du nucléaire (de manière très exagérer selon moi) je n’essaierais pas de vous convaincre du contraire, mais à trop vouloir vous faire entendre, vous vous contredisez et cela nuit à votre crédibilité.
Je veux bien vous donner raison pour le nucléaire (je ne suis pas un pro) mais quid de la chimie, de l'agro, de l'industrie en général, l'auto, l'avion, et j'en passe, toutes ont leurs nuisances et leurs lots de morts directs et indirects, et que devons nous faire? Tout arrêter et revenir 3 siècles en arrière? Je pense qu'on peut améliorer ce que l'on a déjà pour tendre vers des solutions adaptées, adaptées à un monde de bientôt 10 Milliards de vies qui aspirent tous à un idéal.
Mais tout idéal à un coût, et la mort en fait partie, elle fait même partie de la vie...
Donc arrêtez d'agiter vos spectres mortifères, je pense que les gens ne sont pas sots, et qu'ils connaissent les dangers du nucléaire.

04200

@M DUBOIS :
A mon sens, l'évaluation du risque et du coût de l'impact d'un accident nucléaire serait intéressante et est à faire.
Cela étant, cette évaluation est très difficile car :
- la série d'accident majeur est très réduite (Three mile island, Tchernobyl, Fukushima) ;
- ces accidents ont eu lieu dans des contextes très différents : environnement (tsunami), autorités de sûreté (pas indépendante au japon, inexistante en URSS, types de réacteur (RBMK à Tchernobyl REB à Fukushima), époques différentes (1979, 1986, 2011) ... ;
- ces accidents ont eu des causes et des conséquences très différentes ;
- ...

A titre d'exemple, ci-dessous 2 estimations :
Sans discrimination (cas pessimiste) :
- 5 réacteurs ont connu des défaillances majeures avec fusion du cœur et il y a ~500 réacteurs en fonctionnement. Très à la louche cela donne un risque de défaillance de 1/00. Si on compte 200milliards d'euro par réacteur accidenté (très supérieur à TMI et collant aux estimations pessimistes pour les 3 réacteurs de Fukushima) cela donnerait un coût de 2milliard d'assurance par réacteur (en ordre de grandeur, en tout cas très inférieur à 10milliards).
Avec discrimination sur les causes et types de réacteur
- A Tchernobyl, le réacteur était d'une conception très différente des REP, par nature instable, il n'y avait pas d'autorité de sûreté digne de ce nom et il y avait une inexpérience de conduite de ce type de réacteur. Cela en fait un événement trop spécifique pour qu'il soit pertinent dans la série. L'accident de TMI, sur un réacteur d'une conception proche des REP Français, n'est pas dû au matériel mais à un défaut dans la conduite de réacteur. C'était il y a 50ans et donc autant d'expérience acquise depuis (la preuve en est qu'il n'y a pas eu d'autres accident de ce type depuis). De plus comparativement à Tchernobyl et Fukushima, les impacts sont négligeables. Pour ces raison, on peut l'exclure de la série. Enfin, Fukushima est dû à un tsunami (de 14m!) et à un manque de pouvoir de l'autorité de sûreté, le tout sur des réacteurs d'un type différents des REP. On peut donc aussi l'exclure de la série... qui est vide. On arrive ainsi à un risque statistique de ... 0 ! pour l’occurrence d'un accident grave en France.

=> Ces deux calculs sont extrêmes et exagérés mais montre bien que la réalité se situe vraisemblablement entre les deux : soit, quelque part entre 0 et 2 milliard par réacteur. Si on admet le chiffre de 1milliard, cela représente 10% du coût d'un EPR et n'est donc pas rédhibitoire (l'assurance d'une auto, sur sa durée de vie, revient significativement plus cher...).

44000

Le risque nucléaire est disproportionné par rapport à l'usage futile que l'on en fait sur une courte durée et par rapport à la durée de vie géologique et à l'intensité de la radioactivité artificielle produite (pratiquement indestructible). Les problèmes à Fukushima ne font que commencer et ce n'est pas l'argent (même dépensé sans compter) qui sera capable de les résoudre.

44230

Vous parlez d'un "risque disproportionné", c'est que vous devez avoir votre méthode de chiffrage pour comparer... Quelle est-elle ?
Je veux bien admettre que "l'argent ne répare pas tout" mais reconnaissez que l'attribution de prix permet d'établir une échelle de comparaison.

Et pour en finir une bonne fois avec votre "grillage de saucisses" : En chiffrant à 1G€ le cout du risque par réacteur de 900MW fonctionnant 50ans cela donne un cout du risque nucléaire de 0,1 à 0,2 centimes pour 30minutes de cuisson avec un barbecue de 1kW. Je ne sais pas à combien s'élèvent les coûts des brulures et incendies provoqués par des barbecues au bois, mais j'ai comme dans l'idée que ce doit être bien au dessus * !

*https://www.ouest-france.fr/societe/le-barbecue-un-plaisir-qui-nest-pas-...

44000

Bien sûr que l'évaluation global d'un coût est difficile, surtout lorsque l'on veut y intégrer les coûts indirects qui peuvent par définition n'avoir aucune limite raisonnable.
Mais oui il faut que cela soit fait afin de faire taire les prévisionnistes amateurs de tous bords, qui d'ailleurs ne vous répondent pas (dommage Mr HOURDEQUIN) lorsqu'on leur pose la question!!!
Sauf à réorienter le débat sur une idée philosophique de la notion de "sacrifice utile" qui ne peut que tourner en rond sans apporter aucune solution... Certains débattent encore de l'utilité du sacrifice de nos poilus dans les tranchées...c'est pour dire!!
Quant à l'usage futile, cela dépend encore par quel bout de la lorgnette vous abordez le nucléaire Mr HOURDEQUIN...si vous vous limitez aux accidents, qui peut vous donner tort!! Pas moi, maintenant peut être serait-il intéressant d'aller tester vos compétences en calcul statistique dans un service de médecine nucléaire par exemple et peut être que le rapport serait plus justement évalué.
Pour l'intensité "indestructible", cela est contraire à la loi (naturelle celle-ci) de la demi-vie de tout élément radioactif!! Effet d'annonce?
Donc je me répète, le nucléaire n'est pas la panacée, c'est clair, mais à trop vouloir taper dessus, cela en devient douteux...

04200