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Question n°553

Nouvelle question sur l'étude du gisement éolien

Ajouté par 2925 (MONTAGNE FAYEL), le
[Origine : Site internet]
Energies renouvelables

Ma question concerne une réponse apportée par le maître d'ouvrage à la question N°237. En effet, celui-ci répond que le gisement a été évalué par l'Ademe. Voici l'Annexe de l'étude cité par la maîtrise d'ouvrage qui évalue effectivement le gisement éolien : http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/annexe_eolienpv...

Toutefois, cette étude a très largement surestimée la capacité éolienne de notre pays pour plusieurs raisons :

- Les zones favorables : Celle-ci estime possible le développement de l’éolien sur « de nombreux territoires aux surfaces variées ».
Pages 23 et 24 : elle considère que forets, marais salants et marais intérieurs sont des zones favorables à l’éolien et n’exclue pas non plus, semble-t-il, les trames vertes. Or, si certaines de ces zones sont peu attractives, il a été également démontré depuis, que le déploiement de l’éolien au sein de ces zones sensibles a des impacts importants.
La surface favorable y est donc largement surestimée, puisque les forêts représentent à elles seules 32% de la surface totale favorable. Le gouvernement envisage-t-il donc réellement de développer des parcs éoliens au sein de la totalité des forêts françaises ?

- Cette étude contient une hypothèse qui depuis sa réalisation en 2015 s'est révélée fausse : elle souligne page 33 : « Une hypothèse importante dans notre démarche vient de ce que l'on suppose dans (le calcul du gisement de surface) que les zones jugées acceptables et celles au potentiel attractif concordent parfaitement (i.e. sont géographiquement inclues l'une dans l'autre). » ce qui dans les faits n’est pas le cas. Il suffit de comparer les cartes présentées en p.37 avec la carte du développement éolien actuel sur http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/80 pour le constater.
La réalité du déploiement ne serait-ce que par Régions ne concorde donc pas à ce qu'avait envisagé l'Ademe.

- Et, autre point, cette étude s'appuie sur des chiffres de départ très surestimés : en page 33, sont données les valeurs retenues afin d’évaluer le gisement en capacité installable : qui sont de 8W/m2 pour des éoliennes d’anciennes génération et de 5,3W/m2 pour des éoliennes de nouvelle génération.
Avec ces données, si l'on estime un carré de 10km2, avec la valeur de 8W/m2, (pour des éoliennes de puissance moyenne de 2MW. Calcul de cette moyenne : 13,7 GW pour 7000 éoliennes =1,96GW) : l'Ademe estime donc possible d'avoir un minimum de 40 turbines sur un petit carré de 10km2.

Et il est évident que si les conditions favorables à un tel parc peuvent être exceptionnellement réunies, cela ne correspond aucunement à la réalité du maillage du territoire français (éloignement des villages, routes, zones protégées, etc.) ni au déploiement de l’éolien tel qu’il est réalisé.

- Enfin, les ratios d'acceptabilité/disponibilité ne suffisent pas à rendre ces chiffres plus réalistes :
Pour exemple concret, l’Ademe donne, pour la première région éolienne, celle des Hauts de France, une estimation du gisement de 9,1GW.
Ce qui pourrait correspondre à environ 4550 éoliennes (2MW) mais surtout l'Ademe estime la surface favorable à 1147km2, soit 3,6% de la surface totale des Hauts de France.

Or, selon cet autre document de la Dreal Hauts de France qui analyse le développement éolien actuel : https://www.hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/plaque... - Analyse du développement de l’éolien terrestre dans la région Hauts-de-France, il y avait en décembre 2016, dans la région, un total de 4,9GW autorisés (en incluant parcs construits et non construits) pour 2097 éoliennes (page 7).
Or en page 14 on peut voir que la Région avec 4,9GW d’éoliennes autorisées, voit déjà 40% de son territoire à moins de 5km d’une éolienne.
Le territoire potentiellement impacté (d'autant plus qu'il est assez plat) est donc de près de la moitié de la surface de la Région.

Et, bien que ces deux documents utilisent une approche différente cela permet de comprendre que l'impact éolien sur le territoire estimé par l'Ademe diffère donc très largement de la réalité :

- L'Ademe donne 3,6% de superficie du territoire favorable, soit 1147km2 afin d'atteindre 9,1GW.

- Or 40% du territoire de la région, soit 12725km2 se trouve effectivement à moins de 5km d’une éolienne avec "seulement" 4,9GW.

Le territoire réellement impacté est donc 10 fois supérieur aux prévisions de l'Ademe avec seulement environ la moitié de la puissance envisagée.

Ainsi, si cette Région devait atteindre le gisement de l'Ademe de 9,1GW, et donc près du double de la puissance déjà autorisée, le territoire sera inévitablement très lourdement impacté.
Et l'acceptabilité en sera ainsi logiquement d'autant plus réduite...

En conclusion, cette étude ne permet visiblement pas d'évaluer correctement le gisement éolien français.

Par ailleurs la perspective du repowering conduit également à des prévisions excessives.

En effet pour autre exemple, les scénarii proposés par RTE donnent des prévisions du nombre d'éoliennes terrestres en 2035 à partir d'éoliennes de 3,63MW, éoliennes qui n'existent pas encore, voir plus bas.

Sauf pour Ohm qui s'appuie sur des éoliennes de 2,85MW, mais il n'y a pas, semble-t-il, d'explication à cette exception.

Exemple pour Ampère : 52GW installés pour 14300 éoliennes terrestres.
Voir en page 2 ici : https://www.rte-france.com/sites/default/files/bp2017_chapitre_06.pdf
Plus précisément : 52000MW / 14300 éoliennes = 3,63MW par éolienne.

Or, si nous devions parvenir à cette puissance aujourd'hui avec des éoliennes de la taille moyenne actuelle, soit de 2MW, le nombre de mâts devrait être de 26000 éoliennes terrestres, et non plus de 14300...

Il est dommageable pour une bonne information (tant du public, que des politiques) que RTE s'appuie sur de telles puissances par mâts, puisque pour le moment ces éoliennes n'existent pas encore. Pas tout à fait...

En effet, l'éolienne la plus puissante est apparemment en Allemagne et fait 3,4MW.
Il faut toutefois noter qu'elle mesure 264 mètres en bout de pales, et il semble très incertain que beaucoup de riverains accepteront de tels monstres à 500m de leur habitation...
L'acceptabilité sera donc d'autant plus délicate si nous devons en installer près de 15000 en France, soit plus du double de ce qu'accueille actuellement le pays.

Par ailleurs, les normes de sécurité vis à vis des routes resteront les mêmes, et ces éoliennes géantes nécessitent également un plus grand espacement entre les mâts. Les zones accueillant des éoliennes terrestres devront donc être plus grandes, comme le note l'Ademe.
Cela impliquera donc nécessairement un certain mitage du territoire, d'autant que leur impact visuel sera perceptible d'une plus grande distance.
En bref ces chiffres semblent assez peu réalistes ou tout au moins assez excessifs...

Ces surestimations concomitantes forment ainsi un ensemble de données qui peuvent se révéler particulièrement préjudiciables à la future PPE, et donc au public ainsi qu'au gouvernement.

Mes questions sont donc les suivantes :

1. Le gouvernement envisage-t-il de développer l'éolien terrestre au sein de toutes les forêts françaises ?

2. Par ailleurs, étant donné ce qui précède, et pour la bonne maîtrise de cette technologie, le gisement éolien français ne devrait-il pas être correctement réévalué, et surtout en fonction des connaissances actuelles de la réalité de son déploiement ?

3. Enfin, pour des raisons de faisabilité et d'acceptabilité ne devrait-il pas y avoir systématiquement dans l'évaluation de ce gisement une estimation maximale du nombre de mâts que le pays peut réellement accueillir ?

Il est en effet faisable de réaliser plusieurs estimations à partir de différentes puissances d'éoliennes.

En vous remerciant par avance pour les réponses apportées.

 

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