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Question n°668

Production d'électricité et voitures électriques

Ajouté par 3762 (Venelles), le
[Origine : Site internet]
Mobilités

Le gouvernement français souhaite augmenter de façon massive la part de voitures électriques dans le parc automobile français (comme l'exemple norvégiens relayé récemment par les médias français ; bien que ce pays soit plus petit en terme de population et soit doté d’un moyen de production essentiellement hydroélectrique). Dans ce contexte ; comment serait approvisionner la charge des batteries mais aussi comment serait approvisionner les matières premières (qui ne sont pas présentes en France majoritairement) nécessaire à la fabrication ces millions de batteries? (les autres états voisins voudront certainement faire de même, démultipliant de fait les besoins en ressources).
Une part de l'électrique qui serait plutôt à viser de l'ordre de 15 à 20 % du parc de voitures françaises, essentiellement concentré sur de la voiture citadine, ne serait-il pas plus réaliste à moyen terme ?
L'hydrogène, les agrocarburants, ou carburants fabriqués à partir d'algues ne sont-ils pas aussi une bonne alternative au pétrole ?

La première question amène une autre question sous-jacente ; on nous dit qu'il faut réduire (mais pas arrêter) la part de la production liée à l'énergie nucléaire et la remplacer par du renouvelable mais idéalement sans générer plus de CO2 car ce serait un non-sens dans la lutter contre le réchauffement climatique (donc exclus les turbines à gaz,...). Supposons que ce remplacement se fasse à puissance installée constante, on aboutirait de fait à une baisse de la production (liée à l'intermittence des renouvelables et l'impossibilité physiquement de stocker massivement l'électricité avec les moyens technologiques dont nous disposons) et à l'augmentation des importations d'électricité d'autres états voisins.
Cela est-il réellement une avancée, augmenter massivement les renouvelables dans la production électrique et réduire l'indépendance énergétique du pays ? On reviendrait à une situation similaire que nous avons actuellement avec des voitures à essence ; pour lesquelles nous sommes dépendants des pays de l'OPEP pour remplir leurs réservoirs.

Merci par avance de vos réponses.

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Sur le développement mobilité électrique

La mobilité électrique constitue une des priorités du Ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Plusieurs mesures visant à promouvoir le déploiement du réseau d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques sont déjà en place. Ces mesures ont d’ores et déjà permis une augmentation progressive des ventes de véhicules particuliers électriques et hybrides rechargeables en France. En 2017, le total des véhicules électriques immatriculés en métropole s’est élevé à 106 449, en augmentation de 33% par rapport à l’année 2016.

Pour l’avenir, tous les scénarios étudiés par RTE prennent en compte un développement important des véhicules électriques à l’horizon 2035. Ainsi dans le scénario Ampère, RTE prévoit par exemple le déploiement de 15 millions de véhicules électriques. En parallèle et compte tenu du développement des énergies renouvelables, l’équivalent de 16 réacteurs nucléaires de 900MW pourraient être mis à l’arrêt et les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique seraient réduites par rapport à 2016. Il est donc possible de développer de manière importante le véhicule électrique tout en réduisant la part du nucléaire en France.

 

Sur le réseau électrique

Toutefois et comme vous l’indiquez, l’intégration du véhicule électrique va être structurante pour le réseau électrique. Un des défis de la politique énergétique à venir à moyen terme sera de l’intégrer de manière harmonieuse. Le véhicule électrique présente en effet de nouvelles possibilités de flexibilités pour le système électrique : les batteries des véhicules elles-mêmes vont pouvoir offrir des solutions de stockage d’électricité. Les appels des points de recharge pourront également être pilotés afin de lisser la demande. Le véhicule électrique doit également être vu comme une nouvelle source de flexibilité au service du système électrique.

 

Sur les impacts environnementaux et les ressources

Les véhicules électriques présentent l’avantage de ne pas rejeter de polluants dans l’air lorsqu’ils roulent. Les atouts des véhicules électriques pour réduire la pollution de l'air, en particulier dans les villes, sont aujourd'hui largement reconnus : ils permettent d’améliorer significativement la qualité de l’air en réduisant la quantité de particules fines et d’oxyde d’azote actuellement rejetés par les véhicules thermiques.

 La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et European Climate Foundation (ECF) ont récemment publié une étude approfondie sur les impacts du véhicule électrique, non seulement tout au long du cycle de vie du véhicule, mais également en l’élargissant à la batterie et à sa fonction de stockage. Pour réaliser cette étude, FNH et ECF ont réuni autour d’elles des acteurs institutionnels dont l’ADEME, des entreprises et 5 ONG.

 Cette étude confirme que les atouts environnementaux du véhicule électrique sont intrinsèquement liés à la mise en œuvre de la transition énergétique. L'étape de fabrication des véhicules, y compris de la batterie, concentre une part importante des impacts environnements. Il existe néanmoins des leviers pour réduire cet impact tels que les gains en efficacité en énergétique des modes de production ou encore des avancées technologiques sur les batteries et leurs usages.

 Prévu par l’article 69  de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), le Plan Ressources pour la France propose des pistes d'actions pour maîtriser les impacts environnementaux associés à la production et à l’utilisation de matières premières, comme le lithium par exemple.

 Ces pistes d’actions ciblent à la fois la demande (il s’agit de limiter son augmentation qui demeure néanmoins inéluctable à court et moyen terme) et l’offre pour mieux en maîtriser les impacts environnementaux et sociaux.

 Du côté de l’offre, il s’agit en priorité de développer le recyclage des métaux tels que le lithium. Le développement d'une offre nationale de métaux de recyclage permet de diminuer la dépendance aux importations d’une part, et de limiter les besoins en métaux primaires et les impacts environnementaux et sociaux associés. Afin de développer l’offre de métaux stratégiques (par exemple le lithium) issus de nos stocks de déchets[1], des travaux sont en cours dans le cadre du Comité des métaux stratégiques[2] (Comes).

 Néanmoins, le développement d'une offre de métaux de recyclage ne permettra pas de faire face aux besoins en terres rares et autres métaux nécessaires à la transition énergétique et également à de nombreux autres secteurs (numérique, santé, aéronautique, etc.). L’amélioration de la connaissance (quantification, implication, etc.) de ces besoins fait l’objet de travaux de recherche : le projet SURFER par exemple, vise à modéliser les besoins en matières nécessaires à la transition énergétique en fonction de différents scénarios[3].

 Pour couvrir ces besoins, l’extraction et la production de métaux primaires resteront indispensables à court à et moyen terme. Afin de réduire les impacts environnementaux et sociaux associés à ces activités de productions primaire et secondaire, des travaux sont en cours pour engager une démarche d’approvisionnement soutenable en ressources minérales métalliques avec les filières industrielles. Elle se décline en deux volets : la poursuite d'une démarche de responsabilité environnementale spécifique à l'industrie minière (démarche « mine responsable ») et le développement des certifications environnementales et sociales manquantes, de leur usage par les producteurs de matières premières primaires, notamment à l'étranger, la mise en place d'outils d'accompagnement facilitant leur déploiement (guides, coopération bilatérale état-état, etc.). Il s’agit de permettre aux entreprises et aux consommateurs d’utiliser des matières premières et/ou des produits qui ont été extraits et/ou transformés avec de meilleurs standards environnementaux et sociaux.

 

 

 



[1] Pour plus d’informations, un rapport de l’ADEME recensant les travaux de recherche et développement en France sur le recyclage des métaux critiques  est consultable sur http://www.ademe.fr/definition-dorientations-prioritaires-recherche-developpement-developpement-competences-francaises-recyclage-metaux-critiques

[2] Créé en 2011, le Comité des métaux stratégiques (Comes) est un lieu de concertation et d’échanges entre représentants des fédérations professionnelles et des industriels producteurs, recycleurs et utilisateurs de métaux, administrations et opérateurs publics, et centres de compétences (pôles de compétitivité). En 2017, le Comes s’est penché sur les besoins en métaux pour la transition énergétique et la criticité des métaux.

[3] Cette étude est financée par l’ADEME, le CNRS et le BRGM. Les résultats sont attendus pour fin 2019.