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Point de vue n°21

Une réduction de la production nucléaire de 50% ne permettrait d’arrêter que quelques réacteurs

Hervé ANONYMISé (Vizille)

Le passage de 75 à 50% de la part du nucléaire d’ici 2025 correspondrait à une baisse de sa production de 148 TWh compensée par une augmentation correspondante soit de la production thermique gaz soit des productions éolienne et solaire. Dans le premier cas les émissions annuelles de CO2 augmenteraient de 53 millions de tonnes, en totale opposition avec les engagements pris par la France à la COP21. Dans l’autre cas il faudra faire face à l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque et assurer les besoins lors de périodes sans vent ni soleil. Seuls le nucléaire et l’hydroélectricité peuvent assurer ces besoins sans émission de CO2. La puissance des ouvrages hydroélectriques ne pouvant être augmentée significativement d’ici 2025, la réduction de la puissance nucléaire conduirait à de gros risques de blackout. Pour assurer à tous moments que le réseau électrique pourra faire face aux demandes d’électricité des Français on ne pourra pas diminuer significativement le nombre de réacteurs opérationnels. Dans ces conditions, pour diminuer la production d’électricité nucléaire il faudra diminuer la production de chaque réacteur (en terme savant on diminuera le facteur de charge des réacteurs). EDF qui devra utiliser ses réacteurs dans des conditions non optimisées perdra de l’argent qu’on peut estimer à 5 Mds€ par an. Inversement il faudra acheter 148 TWh de production éolienne et solaire, ce qui amènerait à une augmentation globale du coût de la production électrique de plus de 50%.

Commentaires

ACSPV attire notre attention sur l'illogisme complet des orientations suggérées par les scénarios RTE. Face à des épisodes de grands froids les responsables seront obligés de maintenir notre potentiel pilotable, nucléaire et gaz. Fermer le charbon et de nouveaux réacteurs nous dirige à coup sûr vers des épisodes de noir auquel notre pays habitué à une très grande sécurité électrique est loin d'être préparé. Voir le cahier d'acteur IED sur l'équilibre du système électrique qui l'explique très bien, ou celui de Richard Lavergne. Comme l'Allemagne, nous serons obligés de faire coexister deux systèmes , l'un pilotable l'autre renouvelables intermittents. L'un pour la sécurité de la fourniture, l'autre pour la satisfaction des amateurs d'énergies renouvelables intermittentes. Mais en Allemagne le système pilotable est à base de charbon et de gaz, alors que les scénarios RTE nous dirigeraient vers un mix pilotable à majorité de nucléaire accompagné par un petit complément gaz. Les coûts évités quand on réduit la production d'un réacteur se limitent à ceux du combustible, 10% du total. Le mythe du nucléaire complément et back-up des renouvelables pourrait fonctionner techniquement grâce à le flexibilité du nucléaire, mais ruinerait le pays sans aucun profit climatique.
Si le 50% nucléaire obtenu par fermetures de réacteurs se confronterait très vite à des blacks out, le 50% de nucléaire obtenu par sous emploi de son potentiel à cause de la priorité sur le marché d'un développement excessifs de renouvelables serait une catastrophe économique.

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Cet excellent article en effet relève du stricte bon sens, une vertu qui semble bien mal partagée...

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En d'autres termes, l'éolien et le photovoltaique non pilotables ne remplacent pas les autres moyens de production, ils permettent de moins les utiliser. C'est sans doute intéressant pour lutter contre la pollution dans les pays où elle pollue beaucoup, mais en France il y a bien d'autres priorités comme, par exemple, l'isolation des logements.

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Le PV associé à un stockage par batteries est sûrement utile là où il n'y a pas de réseau et d'accès difficile comme les refuges de montagne. Dans des pays bien ensoleillé c'est aussi une solution bien meilleure que les groupes électrogènes. Et, dans la plupart des pays tropicaux il peut être une solution de masse.

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