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Avis n°282

Refaire les comptes de la Cour

Ajouté par gérard ANONYMISé (BRIGNOLES), le
[Origine : Site internet]

Un rapport de la Cour des Comptes se penchant sur « le soutien aux énergies renouvelables » arrive à point nommé pour nourrir le débat PPE. Les éléments alarmants, voire accablants rassemblés à l'occasion sont de nature à faire bouger les lignes, mais la surprenante neutralité du commentaire d'une Cour « qui pointe, mais ne dénonce pas », n'y aidera guère.

En effet, est-ce parce que les chiffres vertigineux sont censés parler d'eux-mêmes, la Cour reste largement extérieure aux questions de fond posées, commentant des constats sans appel en termes singulièrement mesurés, voire convenus.
Certes, s'agissant du déploiement des renouvelables, l'objet de l'enquête n'était pas de se prononcer sur son bien-fondé, mais plutôt de jauger l'adéquation moyens-objectifs sans devoir forcément discuter ces derniers. Pourtant, en d'autres circonstances, on a vu la Cour plus encline à élargir spontanément son champ et son spectre.

Reste hélas qu'on peut voir dans cette présentation salutaire des ordres de grandeurs, plus de 120 Mds € déjà gagés sur le dos du consommateur et du contribuable, trois fois la dette de la SNCF et une suite à l'avenant déjà écrite, une occasion manquée d'alerter vraiment sur ce vers quoi on entraine le pays.

Au vu des résultats plus que modestes obtenus par les renouvelables électriques, la Cour chiffre clairement l'irrationnel et l'inacceptable, mais se refuse à les qualifier tels. Cette hydre insatiable ayant prospéré sans contrôle parlementaire et que nous sommes condamnés à nourrir d'abondance durant de longues années, aurait pourtant mérité quelques saillies bien senties.
Mais la Cour ne se place pas sur ce registre et quand elle indique clairement que les programmes renouvelables envisagés, pourtant impressionnants, ne permettront pas d'atteindre les objectifs irréalistes de substitution affichés, elle suggère que soient simplifiées les procédures pour permettre des déploiements plus rapides.
De même, on retrouve les simplismes éculés sur une compétitivité des renouvelables électriques qui ignorent le coût de l'intermittence.

Pour mémoire les principaux objectifs visés par la LTECV pour 2030 et considérés par la Cour sont : atteindre 32% de renouvelables dans la production énergétique nationale et diminuer à 50% la contribution nucléaire dans le mix électrique.
Sans surprise, on retrouve là des orientations calquées, voire outrées, sur celles d'une Allemagne qui, selon la doxa, a souhaité développer massivement les renouvelables afin de les substituer aux combustibles fossiles et sortir du nucléaire.
Outre-Rhin, avec un nucléaire qui s'éteint (une réalité), un tiers d'électricité produite par les renouvelables (c'est considérable), des émissions de GES qui restent calées à très haut niveau (on ne s'en préoccupe guère), et les dépenses faramineuses qu'il a fallu consentir pour en arriver là (acceptées par une opinion conditionnée), les résultats obtenus sont pour le moins sujets à caution (une litote).

Mais puisque modèle oblige, copions servilement, et même pas mutatis mutandis.
En effet, la France fait largement porter l'effort sur les renouvelables électriques bien que son mix soit déjà quasiment décarboné. Il s'agit donc, de manière opportune, sous couvert d'enjeux climatiques agités médiatiquement, mais reniés pratiquement, de réduire la part du nucléaire. C'est le seul objectif visé, si on fait abstraction de l'aubaine financière que constitue une telle politique pour les promoteurs d'un soleil et d'un vent subventionnés.
Tour de passe-passe, il est bien acquis que l'opinion façonnée confond désormais moyens et finalité et que pousser les feux renouvelables sera forcément perçu comme bénéfique pour le climat dans une relation triviale de proportionnalité. Dans la réalité, on paiera plus pour polluer plus, comme le montrent les chiffres 2017.
A cet égard, le fait de considérer comme vases communicants diminution du nucléaire et accroissement des renouvelables, n'est même pas questionné, alors qu'il est le cœur de l'artifice, les services électriques rendus n'étant pas commensurables.
La question des EnR électriques a occupé l'essentiel du rapport, même si le déséquilibre des appuis financiers au détriment des EnR thermiques, pourtant largement dominants dans cette phalange, a été clairement souligné.

D'absences de fondements, d'autres, le chiffre de 32% dépasse le cap fixé par les orientations européennes (27%), une position qui pourrait faire sens si nous étions en queue de cordée, or c'est tout l'inverse, mais c'est la posture exemplaire qui importe et tant pis pour le réalisme.
Quant aux 50% pour la part du nucléaire dans le mix électrique, la rondeur du chiffre vaut commentaire, un totem fait pour que l'opinion le retienne, une étape vers d'autres objectifs, que tant Barbara Pompili que Nicolas Hulot n'ont jamais caché, eux et d'autres qui feront tout pour freiner l'avènement de nouveaux réacteurs.

Dans son positionnement, la Cour fait abstraction de la singularité d'une France ayant jadis bâti une politique électrique cohérente et efficace, conférant aujourd'hui un avantage insigne, économique et écologique grâce à un mix décarboné.
Nonobstant ce qui précède, elle considère que le pays ne peut être pourtant être absent de la grande croisade verte et de ses impédimenta et note simplement qu'on s'y prend mal, qu'on pilote mal et que l'effort renouvelable est encore nettement insuffisant mis en regard des objectifs visés, l'attrition du nucléaire en particulier.

Commentaires

Monsieur Gérard Petit va la démonstration que ,sans le moindre débat au parlement, le pays sous le lobby des électricités renouvelables intermittentes, s'est engagé dans des dépenses himalayennes.
Le plus grave, c'est que l'on ne peut pas mettre fin aux contrats signés pour 15 ou 20 ans et que la nouvelle façon de vente aux prix de marché plus prime ex-post dont on ignore le montant va continuer à nous engager.
Le pire c'est que, malgré ces dépenses folles, les émissions de CO2 continuent de croître. Arrêtons le massacre!

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