QUESTION 367 -
Posée par J-F RENARD, le 01/10/2013
Question posée lors du débat contradictoire du 18 septembre 2013 - Les solutions de gestion des déchets radioactifs :
Si le stockage est retenu, quels seront les déchets et en quelle quantité seront admis dans Cigéo?
Réponse du 27/11/2013,
Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
Le projet de stockage profond Cigéo est conçu pour mettre en sécurité définitive les déchets dont le niveau de radioactivité et la durée de vie ne permettent pas de les stocker, de manière sûre à long terme, en surface ou à faible profondeur.
Les déchets concernés proviennent principalement du secteur de l’industrie électronucléaire et des activités de recherche associées ainsi que, dans une moindre part, des activités liées à la Défense nationale. Les déchets dits de « haute activité » (HA) correspondent principalement aux résidus hautement radioactifs issus du traitement des combustibles nucléaires usés utilisés pour la production d’électricité. Les déchets dits de « moyenne activité à vie longue » (MA-VL) ont des origines variées : résidus issus du traitement des combustibles nucléaires usés et de la fabrication de certains combustibles, composants (hors combustible) ayant séjournés dans les réacteurs nucléaires, déchets technologiques issus de la maintenance des installations nucléaires, de laboratoires, d’installations liées à la Défense nationale, du démantèlement...
Cigéo est conçu pour prendre en charge les déchets produits par les installations nucléaires existantes. Les volumes de déchets HA et MA-VL sont estimés à environ 10 000 m3 pour les déchets HA (soit environ 60 000 colis de déchets) et environ 70 000 m3 pour les déchets MA-VL (soit environ 180 000 colis de déchets) dans l’hypothèse d’une poursuite de la production électronucléaire* et d’une durée de fonctionnement des installations nucléaires existantes de 50 ans. Dans cette hypothèse, 30 % des déchets HA et 60 % des déchets MA-VL sont déjà produits. Par précaution, des volumes supplémentaires (environ 20 % du volume de déchets MA-VL à stocker) sont prévus en réserve dans Cigéo pour certains déchets de faible activité à vie longue qui, le cas échéant, ne pourraient pas être stockés dans le stockage à faible profondeur à l’étude par l’Andra.
Cigéo est conçu pour être flexible afin de pouvoir s’adapter à d’éventuels changements de la politique énergétique. En cas d’arrêt de la production électronucléaire et d’arrêt du traitement des combustibles nucléaires usés, environ 3 500 m3 de déchets HA, 59 000 m3 de déchets MA-VL et 90 000 m3 de combustibles usés non traités seraient destinés au stockage. A la demande du Ministère en charge de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, l’Andra, EDF et Areva ont étudié l’impact des différents scénarios établis dans le cadre du débat national sur la transition énergétique sur la production de déchets radioactifs et sur le projet Cigéo : http://www.debatpublic-cigeo.org/docs/rapport-etude/20130705-courrier-ministere-ecologie.pdf
* Les déchets produits par un éventuel futur parc de réacteurs ne sont pas pris en compte.
Réponse apportée par Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, docteur en économie de l'énergie, membre de l'association Global Chance (www.global-chance.org) :
Ce qui est actuellement prévu dans le document de projet de l’Andra sont environ 10 000 m3 pour les déchets HA-VL (haute activité, vie longue), c’est-à-dire les déchets contenus dans des matrices de verre, soit de l’ordre de 60 000 conteneurs et environ 70 000 m3 pour les déchets MA-VL (moyenne activité, vie longue), de natures diverses, soit de l’ordre de 70 000 m3 (environ 180 000 conteneurs). Ces volumes correspondent aux déchets conditionnés par leur producteur. Ils seraient ensuite conditionnés en conteneurs de stockage sur le site de Cigeo et les volumes correspondants seraient de l’ordre de 30 000 m3 pour les déchets HA et de 350 000 m3 pour les déchets MA.
Les déchets HA dans leur grande majorité ne seraient chargés que 50 à 60 ans après l’ouverture du stockage car ils doivent encore refroidir pendant cette période (dans leur entreposage actuel à La Hague). Les déchets MA pourraient être chargés dès l’ouverture mais certaines catégories posent problème pour la sûreté de l’installation : les déchets bitumés (qui doivent être de toute façon reconditionnés par le producteur, à Marcoule) du fait du risque d’incendie, et les déchets contenant des matières organiques du fait de l’émission d’hydrogène du fait du risque d’incendie et même d’explosion.