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QUESTION 356 -
Posée par David , le 30/09/2013

Question posée lors du débat contradictoire du 18 septembre 2013 - Les solutions de gestion des déchets radioactifs :

Combien représente en volume ces déchets face aux concurrents énergétiques de l'énergie nucléaire? Sont-ils plus dangereux?

Réponse du 03/12/2013,

Réponse apportée le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie :

A la fin de l’année 2010, il existait en France environ 1 320 000 m³ de déchets radioactifs. Cela représente une production de déchets radioactifs correspondant à un équivalent de 2 kg par an et par habitant.

Parmi ces déchets, à  fin 2010, il existait 2700 m³ de déchets de haute activité (HA) et 40 000 m³ de déchets de moyenne activité à vie longue (MAVL), déchets qui sont destinés à être stockés dans le centre de stockage en projet CIGEO. 84 % des déchets HA et 68 % des déchets MAVL proviennent du secteur électronucléaire.

D’autres formes d’énergie que l’énergie nucléaire peuvent produire des déchets ou des pollutions, qui sont de nature très différente des déchets radioactifs. Par exemple, les centrales thermiques utilisant des énergies fossiles produisent notamment du CO2 (principal gaz à effet de serre).

 

Réponse apportée par Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, docteur en économie de l'énergie, membre de l'association Global Chance (www.global-chance.org)  :

L’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins civiles se limite à la production d’électricité. C’est donc dans ce périmètre qu’il faut faire des comparaisons entre différentes solutions.

Il est tout d’abord évident mais insuffisamment souligné que, par rapport aux usages de l’électricité, la « source » d’énergie la moins dangereuse, qui engendre le moins de nuisance, qui n’est la cause d’aucun accident et ne produit aucun déchet est l’application à ces usages de la sobriété et de l’efficacité énergétique : consommer mieux et consommer moins d’électricité, c’est aussi produire moins de déchets, radioactifs notamment.

Si l’on regarde maintenant les différentes façons de produire de l’électricité, elles se divisent en trois grandes familles qui se distinguent par la source d’énergie primaire et la technique de leur transformation : production de chaleur puis d’électricité par des combustibles fossiles (charbon et gaz essentiellement, le pétrole étant de moins en moins utilisé pour cette production) ; production de chaleur puis d’électricité à partir de la fission de l’uranium par les centrales nucléaires ; production directe d’électricité sans passer par le production de chaleur par essentiellement l’hydraulique, l’éolien ou le photovoltaïque.

En termes de déchets, c’est sans contexte les centrales nucléaires qui produisent les déchets les plus dangereux et sur longue période et cela est universellement reconnu.

Mais il ne serait pas correct de se limiter à ce seul critère. On sait en effet que, outre les pollutions atmosphériques locales (diesel, fumées et particules dues à l’utilisation du charbon), les pollutions régionales et les accidents (marées noires, accidents dans les mines, dégâts causés par les grands barrages ...), la combustion des matières premières fossiles produit du gaz carbonique et les fuites de gaz (et les mines de charbon) du méthane, l’un et l’autre gaz à effet de serre qui conduisent à la menace de bouleversements climatiques. Du côté du nucléaire, les risques ne se limitent pas aux déchets mais comprennent également les risques d’accidents majeurs (Tchernobyl, Fukushima) et les pollutions radioactives tout au long de la chaîne des industries du combustible, de la mine aux usines de retraitement en passant par les centrales nucléaires.

L’examen de l’ensemble de ces risques conduit à la politique énergétique vers laquelle s’orientent, à des degrés divers, l’ensemble des pays de la planète : la transition énergétique qui permet de passer des systèmes énergétiques actuels basés sur les énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) aux énergies renouvelables et surtout sur la maîtrise des consommations d’énergie par la sobriété et l’efficacité énergétiques. Les pays riches peuvent et doivent réduire rapidement leur consommation d’énergie par la sobriété et l’efficacité énergétiques, et l’assurer de façon croissante avec des énergies de flux renouvelables. Les pays émergents et les pays en développement pourront alors augmenter la leur sur la base de ce modèle plus sobre, plus efficace, dont le volet de l’offre sera également fondé sur une utilisation croissante des énergies de flux.

L’objectif fixé par le Président de la République à la suite du débat national sur la transition énergétique qui s’est déroulé en 2013 de réduire de 50% la consommation énergétique finale de la France à l’horizon 2050 est à cet égard tout à fait fondamental.

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