QUESTION 355 -
Posée par Pierre PRIOUX, (BELLEVILLE SUR MEUSE), le 30/09/2013
Il existe un surgénérateur "PHENIX", qui consomme, pour son fonctionnement, une partie des déchets de fission. Pourquoi ne pas le multiplier?
Réponse du 05/12/2013,
Réponse apportée par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) :
La technologie des réacteurs à neutrons rapides (RNR) présente un intérêt dans le domaine de la gestion durable des matières et des déchets radioactifs. En effet, les neutrons rapides sont capables, pour des raisons de physique, de brûler tout type d’uranium, de multirecycler le plutonium et de transformer les éléments de longue vie les plus radiotoxiques des déchets (actinides mineurs) en éléments à vie plus courte.
Phénix est un prototype de RNR qui a fonctionné à Marcoule de 1974 à 2009. Son objectif était d’apporter la démonstration industrielle du fonctionnement d’un RNR, surgénérateur, refroidi au sodium. Il a atteint les objectifs qu’on lui a assignés, comme le développement des combustibles RNR ou les études de faisabilité du multirecyclage et de la transmutation. Notamment, à partir des années 80, le combustible Phénix a été traité puis réutilisé dans le réacteur, montrant la possibilité du recyclage. Par ailleurs, des essais de transmutation des actinides mineurs y ont été menés, dans le cadre de la loi de 91 sur la gestion des déchets.
Aujourd’hui, les outils, les technologies et les exigences dans le domaine du nucléaire ont progressé. Les nouveaux systèmes nucléaires à l’étude sont de 4ème génération, alors que Phénix correspondait à la deuxième génération. Il s’agit toujours de réacteurs à neutrons rapides, comme Phenix, mais porteurs d’ innovations importantes pour répondre aux critères assignés à la 4ème génération, établis par le forum international génération 4 (GIF) : sûreté renforcée, durabilité, économie, …
Dans ce cadre, le CEA développe notamment un projet de démonstrateur technologique de 4ème génération : c’est le projet Astrid, dont la conception bénéficie des progrès technologiques enregistrés depuis et du retour d’expérience résultant de l’exploitation de ses prédécesseurs.
Ces études sont menées en lien avec celles sur la gestion durable des matières et des déchets radioactifs avec deux objectifs :
- Le premier objectif vise à aller jusqu’au bout du recyclage du plutonium issu des combustible usés, afin de valoriser au maximum tout le potentiel énergétique.
- Sur le plus long terme, le CEA mène des études sur la transmutation des actinides mineurs, pour réduire le volume et la radiotoxicité des déchets ultimes.
Un bilan complet des recherches sur la gestion des matières et sur les systèmes nucléaires de 4ème génération, a été remis fin 2012 au gouvernement et est disponible sur le site internet du CEA www.cea.fr, dont le tome 5 constitue un résumé synthétique.