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QUESTION 440 -
Posée par Patricia ANDRIOT, le 24/10/2013

Question posée lors du débat contradictoire du 16 octobre 2013 - Risques et Sécurité :

Pouvez-vous revenir sur la question de la sécurisation des transports et nous redire le nombre de camions ou trains qui arriveront sur la zone ?

Réponse du 06/01/2014,

Réponse apportée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) :

Environ 900 000 colis de substances radioactives sont transportés chaque année. 85 % des colis transportés sont destinés aux secteurs de la santé, de l’industrie non-nucléaire ou de la recherche, dits "nucléaire de proximité", dont 30 % environ pour le seul secteur médical. L’industrie nucléaire ne représente qu’environ 15 % du flux annuel de transports de substances radioactives. On estime à environ 11 000 le nombre annuel de transports nécessaires au cycle du combustible, pour 141 000 colis. Le contenu des colis est très divers : leur radioactivité varie sur plus de douze ordres de grandeur, soit de quelques milliers de becquerels pour des colis pharmaceutiques de faible activité à des millions de milliards de becquerels pour des combustibles irradiés. Leur masse varie de quelques kilogrammes à une centaine de tonnes.

L’ASN est chargée du contrôle de la sûreté. La sûreté est l’ensemble des dispositions techniques et organisationnelles prises en vue de prévenir les accidents ou d’en limiter les effets.

Les risques majeurs des transports de substances radioactives sont les suivants :

  • le risque d’irradiation externe de personnes dans le cas de la détérioration de la « protection biologique des colis », matériau technique qui permet de réduire le rayonnement au contact du colis ;
  • le risque d’inhalation ou d’ingestion de particules radioactives dans le cas de relâchement de substances radioactives ;
  • la contamination de l’environnement dans le cas de relâchement de substances radioactives;
  • le démarrage d’une réaction nucléaire en chaîne non contrôlée (risque de « sûreté-criticité») pouvant occasionner une irradiation des personnes, en cas de présence d’eau et de non-maîtrise de la sûreté de substances radioactives fissiles.

La prise en compte de ces risques conduit à devoir maîtriser le comportement des colis pour éviter tout relâchement de matière et détérioration des protections du colis dans le cas :

  • d’un incendie ;
  • d’un impact mécanique consécutif à un accident de transport ;
  • d’une entrée d’eau dans l’emballage (l’eau facilitant les réactions nucléaires en chaîne en présence de substances fissiles) ;
  • d’une interaction chimique entre différents constituants du colis ;
  • d’un dégagement thermique important des substances transportées,pour éviter la détérioration éventuelle avec la chaleur des matériaux constitutifs du colis.

Cette approche conduit à définir des principes de sûreté pour les transports de substances radioactives :

  • la sûreté repose avant tout sur le colis : des épreuves réglementaires et des démonstrations de sûreté sont requises par la réglementation pour démontrer la résistance des colis à des accidents de référence ;
  • le niveau d’exigence, notamment concernant la définition des accidents de référence auxquels doivent résister les colis, dépend du niveau de risque présenté par le contenu du colis. Ainsi, les colis qui permettent de transporter les substances les plus dangereuses doivent être conçus de façon à ce que la sûreté soit garantie y compris lors d’accident de transport. Ces accidents sont représentés par les épreuves suivantes :
    • trois épreuves en série (chute de 9 m sur une surface indéformable, chute de 1 m sur un poinçon et incendie totalement enveloppant de 800 °C minimum pendant 30 minutes) ;
    • immersion dans l’eau d’une profondeur de 15 m (200 m pour les combustibles irradiés) pendant 8 h.

La sûreté des transports est également fondée sur la fiabilité des opérations de transport qui doivent satisfaire à des exigences réglementaires notamment en matière de radioprotection. L'ASN assure le contrôle de la sûreté des transports de matières radioactives. Enfin, la gestion des situations accidentelles est régulièrement testée lors d'exercices.

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
 
Le transport des colis de déchets radioactifs représenterait en moyenne deux trains par mois sur la durée d’exploitation de Cigéo (le pic serait au maximum de l’ordre de deux trains par semaine). L’arrivée des trains s’effectuerait dans un terminal ferroviaire dédié. Deux options sont présentées au débat public : ce terminal pourrait être construit soit sur le site de Cigéo, avec la création d’une voie de raccordement au réseau ferré existant par exemple sur l’ancienne ligne entre Gondrecourt-le-Château et Joinville, soit à une vingtaine de kilomètres de Cigéo, sur le réseau ferré existant. Dans ce dernier cas, les emballages de transport contenant les colis de déchets devraient alors être transportés par camions entre le terminal et Cigéo. Pour décharger un train, qui transporte en moyenne une dizaine de wagons, une dizaine de rotations d’un camion entre le terminal ferroviaire et Cigéo seraient nécessaire.

 

Réponse apportée par Guillaume Blavette, association Haute Normandie Nature Environnement :

Dans la mesure où il n'existe aucune installation en fonctionnement comparable au projet Cigéo, il n'est pas possible de quantitifier exactement le nombre de transports qui arriveront sur site. Cela dépend de choix économiques et techniques faits par les expéditeurs et les transporteurs.

Dans le dossier du maitre d'ouvrage, page 47, l'ANDRA déclare que le "transport par voie ferroviaire est privilégié" et précise que "cela représenterait au maximum une centaine de trains par an (avec une dizaine de wagons par train), soit de l’ordre de deux trains par semaine en pic, avec une moyenne de deux trains par mois sur la durée d’exploitation." Si on peut se féliciter de ces déclarations de bonnes intentions on peut cependant douter de leur exactitude.

L'expérience prouve que les matières radioactives ne sont pas transportées prioritairement par rail. La route reste dominante en particulier pour les déchets de faible et moyenne activité. Chaque semaine des camions partent des installations nucléaires de base vers les centres de stockage de l'ANDRA de Soulaines et Morvilliers. Quelques 8 camions arrivent chaque jour sur chacun de ces sites sans compter les transports de matériels destinés à l'entretien des installations.

Ainsi donc on peut imaginer, en dépit des déclarations du maitre d'ouvrage, qu'une part non négligeable des déchets destinés à être stockés à Bure seront acheminés par la route. C'est le cas en particuliers des déchets métalliques de moyenne activité aujourd'hui entreposés dans les piscines de désactivation des 58 réacteurs nucléaires en exploitation. On peut aussi penser aux matières radioactives des anciens réacteurs dits graphite gaz. Des milliers de tonnes de métaux et de graphites sont aujourd'hui entreposés sur les sites de la Loire notamment en attente de modalités de gestion durable. Fort est à parier, faute de raccordement ferroviaire des centrales nucléaires, qu'ils seront acheminés sur tout ou partie du trajet vers Cigéo par la route.

Si on compare ces prévisions de trafic avec les transports qui ont lieu aujourd'hui. Cigéo entrainerait un doublement du nombre de convois de matières radioactives à l'échelle de la France avec une concentration des flux en Meuse et Haute-Marne.

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