QUESTION 195 -
Posée par Patrick MONNET, (LYON), le 24/06/2013
Madame, Monsieur,
Enfouir à 4 ou 500 mètres de profondeur des déchets radioactifs extrêmement dangereux nous amène à nous poser la question : Qui peut nous garantir que ce stockage en profondeur de déchets dangereux pendant des millions d’années ne laissera pas des éléments s’échapper ?
Il y a 40 ans, en Allemagne, les géologues étaient certains que la mine de sel d’Asse dans le Nord de l’Allemagne qui contient du sel stable depuis 150 millions d’année continuerait à être un stockage hermétique pour des millions d’années.
La mine accueille depuis plus de 40 ans des déchets nucléaires de faible activité (125 000 futs) et moyenne activité (1300 futs) à vie longue (FAVL et MAVL). Notons enfin la présence de 28 kg de plutonium (dont 10 microgrammes suffisent à tuer un être humain) au milieu des déchets de faible et moyenne activité…
Dès les premiers dépôts, ce « centre de recherche modèle », présenté comme parfaitement étanche était déjà sujet à des infiltrations d’eau. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 12 m3 d’eau qui pénètrent chaque jour dans la mine ; des affaissements ont déjà eu lieu, les galeries fragilisées menacent de s’effondrer sur les déchets et la saumure dans laquelle baignent les fûts. Il y a un risque à moyen terme de contaminer les nappes phréatiques et les sols d’une région entière.
Devant cet état de délabrement dénoncé depuis des années par les populations locales, le Ministre de l’Environnement et de la Sûreté Nucléaire Norbert Röttgen préconise comme réponse provisoire de retirer de l’ancienne mine les 126 000 fûts, dont on ignore l’état de corrosion. Dix années au moins seront nécessaires pour cette opération, dont le coût est estimé par les autorités à 3,7 milliards d’euros. Les associations appellent à mettre en œuvre au plus vite cette option, la « moins pire de toutes ». Toutefois, elles soulignent que le problème des déchets n'en sera pas réglé pour autant, et continuent de dénoncer une gestion irresponsable.
Tirons les leçons de l’exemple allemand : renonçons dès à présent à l’enfouissement des déchets.
En tant que citoyen, je ne peux laisser cette solution se mettre en place et voir dans dix ans, cent ans, mille ans nos enfants nous accuser d’inconscience en leur léguant des sols, des nappes phréatiques contaminées qui mettent en danger, la vie, la santé, les conditions de toute une population.
Cordialement.
Réponse du 04/10/2013,
Réponse apportée par l'Andra, maître d'ouvrage :
En aucun cas la mine de Asse en Allemagne ne peut être comparée au projet Cigéo. Le stockage à Asse a été réalisé au titre du droit minier et non des réglementations de la sûreté nucléaire telles qu’elles existent aujourd’hui. Il s’agit d’une ancienne mine de sel qui a été reconvertie en un stockage de déchets radioactifs en 1967. Lors du creusement de la mine, aucune précaution n’avait été prise pour préserver le confinement assuré par le milieu géologique. Le stockage n’avait pas non plus été conçu au départ pour être réversible. Les difficultés rencontrées aujourd’hui à Asse illustrent pleinement l’importance d’une démarche d’étude scientifique et d’évaluation préalablement à la décision de mettre en œuvre un projet de stockage.
Cigéo ne pourra être autorisé qu'après un long processus d’études et de recherches, initié il y a plus de 20 ans par la loi de 1991. Les phénomènes induits par le creusement du stockage sur la roche argileuse sont étudiés au moyen du Laboratoire souterrain. La réversibilité est prise en compte dès la conception du stockage et des essais ont été réalisés pour confirmer sa faisabilité. Des autorités indépendantes (Commission nationale d’évaluation, Autorité de sûreté nucléaire, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire…) contrôlent l’avancement du projet à chaque étape. Les acteurs locaux sont impliqués notamment au travers du Comité local d’information et de suivi qui s’appuie également sur des expertises indépendantes.
Si Cigéo est autorisé, il sera construit progressivement. L’Andra propose que des rendez-vous soient programmés régulièrement avec l’ensemble des acteurs (riverains, collectivités, évaluateurs, État…) pour contrôler le déroulement du stockage. Ces rendez-vous seront notamment alimentés par les résultats des réexamens périodiques de sûreté, conduits au moins tous les 10 ans par l’Autorité de sûreté nucléaire, et par la surveillance du stockage. Le premier de ces rendez-vous pourrait avoir lieu cinq ans après le démarrage du centre.