QUESTION 372 -
Posée par Florence LAVERGNE, le 01/10/2013
Question posée lors du débat contradictoire du 18 septembre 2013 - Les solutions de gestion des déchets radioactifs :
Le dossier donne quelques exemples de stockages profonds dans des roches de natures très différentes, notamment argiles et granites. L'exposé du chapitre 3 du dossier explicite un choix par défaut dans une couche d'argile. Quelles sont les avantages versus les inconvénients de chacune des formations selon leur nature? Toutes les générations futures requièrent en effet la meilleure solution, et pas la solution par défaut q'un petit bout de la seule génération actuelle aurait refusé.
Réponse du 20/11/2013,
Réponse apportée par l'Andra, maître d'ouvrage :
Selon les pays et leur géologie, plusieurs types de roches sont étudiés pour l’implantation de stockages profonds. Dans tous les cas, la conception du stockage doit être adaptée aux caractéristiques de la roche hôte et du site d’implantation.
Le granite est une roche avec une résistance mécanique importante, ce qui facilite le creusement des ouvrages souterrains. Cette roche peut néanmoins présenter des fractures par lesquelles l’eau peut circuler. Les concepts de stockage dans le granite étudiés en Suède et en Finlande prévoient des conteneurs de stockage en cuivre protégés par de l’argile gonflante placée entre ces conteneurs et le granite pour assurer le confinement à long terme de la radioactivité. L’Andra a poursuivi ses recherches sur le milieu granitique jusqu’en 2005, en s’appuyant notamment sur les travaux menés dans les laboratoires souterrains d’autres pays. Ces recherches ont conduit l’Andra à conclure qu’un stockage dans les massifs granitiques ne présenterait pas de caractère rédhibitoire mais que la principale incertitude porte sur l’existence de sites en France avec un granite ne présentant pas une trop forte densité de fractures.
L’argile est très peu perméable et possède la propriété de pouvoir fixer un grand nombre d’éléments chimiques grâce à sa microstructure en feuillets. La roche étudiée par l’Andra au moyen du Laboratoire souterrain de Meuse/Haute-Marne possède des propriétés favorables pour confiner la radioactivité à très long terme : l’eau n’y circule pas, la couche est homogène et son épaisseur est importante (plus de 130 mètres). Aucune faille affectant cette couche n’a été mise en évidence sur la zone étudiée. Contrairement au granite, les galeries souterraines doivent être soutenues avec un revêtement en béton ou en acier. Plusieurs pays étudient également l’option d’un stockage dans l’argile (Belgique, Japon, Suisse).
Réponse apportée par Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, docteur en économie de l'énergie, membre de l'association Global Chance (www.global-chance.org) :
Très brièvement : le granite présente l'avantage d'une bonne résistance aux radiations, et d'une bonne stabilité, mais compte tenu des multiples fractures qu'il contient, il est impossible de garantir que l'eau ne s'infiltrera jamais. L'argile présente l'avantage d'être étanche à l'eau (jusqu'à un certain point), et surtout d'être souple : l'argile se "refermerait" autour des colis de déchets, mais cela entraînerait qu'il serait impossible de récupérer les déchets, et même de connaître précisément leur localisation.