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QUESTION 992 - Normalisation de la déviance
Posée par Bernard GONDOUIN [L'organisme que vous représentez (option)], (BALLANCOURT), le 15/12/2013

Diane Vaughan, dans un excellent livre consacré à l’accident du lanceur spatial Challenger en janvier 1986 – The Challenger Launch Decicion – écrivait : « Mon analyse a montré que, pendant les années qui ont précédé l'accident, les ingénieurs et managers de la NASA ont progressivement instauré une situation qui les autorisait à considérer que tout allait bien, alors qu'ils disposaient d'éléments montrant au contraire que quelque chose allait mal. C'est ce que j'ai appelé une NORMALISATION DE LA DEVIANCE : il s'agit d'un processus par lequel des individus sont amenés au sein d'une organisation à accomplir certaines choses qu'ils ne feraient pas dans un autre contexte. Mais leurs actions ne sont pas délibérément déviantes. Elles sont au contraire rendues normales et acceptables par la culture de l'organisation. Si vous voulez vraiment comprendre comment une erreur est générée au sein d'un système complexe et résoudre le problème, il ne faut pas se contenter d'analyser la situation au niveau individuel, c'est l'organisation dans son ensemble qu'il faut considérer et, au-delà de l'organisation elle-même, son contexte politique et économique. On a vu dans le cas de Challenger que les conclusions auxquelles on aboutit alors sont bien différentes de celles délivrées par une analyse des actions individuelles. » Comment les responsables scientifiques de l’ANDRA et de tous les organismes porteurs du projet d’enfouissement de Bure se sont ils prémunis de cette « normalisation de la déviance » ? Quelles vérités détiennent-ils que les autres interlocuteurs n’ont pas à leur disposition ? Et comment pourront ils expliquer aux milliers de générations futures qui devront assumer la gestions de ces déchets que leurs vérités valaient pour une "petite" éternité ?

Réponse du 06/02/2014,

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
 
Le Parlement a créé l’Andra en 1991 pour assurer la gestion à long terme des déchets radioactifs. Agence publique chargée de cette seule mission, indépendante des producteurs de déchets, ses projets ne sont pas dictés par un impératif de production mais par le seul souci de protéger de la manière la plus robuste possible l’environnement et les générations futures.

Tous les moyens techniques, organisationnels, humains et financiers nécessaires à la sûreté sont mis en œuvre, aussi bien pour la conception des projets que pour leur mise en œuvre. Au sein de l’Andra, la  culture de sûreté est l’affaire de tous. Cette culture s’appuie sur le professionnalisme et la compétence des équipes en interne. La prise en compte du retour d’expérience fait aussi partie de notre culture et l’expérience acquise pendant toutes les phases de vie des installations est analysée et capitalisée.

De plus, l’Andra ne travaille pas seule. Les études et recherches menées par l’Andra sont évaluées par des instances indépendantes, en particulier la Commission nationale d’évaluation, mise en place par le Parlement, et l’Autorité de sûreté nucléaire qui s’appuie sur l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et le groupe permanent d’expert sur les déchets. Pendant tout le déroulement du projet, ces autorités analysent avec un œil extérieur les travaux menés par l’Andra et émettent des avis. L’Andra rend compte de la mise en œuvre de leurs recommandations. Si Cigéo est autorisé, l’ASN effectuera des inspections portant sur les conditions de construction et d’exploitation de l’installation. Lors de ces inspections, l’ASN examinera aussi l’organisation mise en place par l’Andra pour garantir la sûreté à toutes les étapes de développement du stockage, la prise en compte des facteurs humains et organisationnels ainsi que la culture de sûreté de l’exploitant. Tout au long de l’exploitation du stockage, l’ASN pourra imposer des prescriptions supplémentaires voire mettre à l’arrêt l’installation si elle considère qu’un risque n’est pas maîtrisé correctement, comme c’est le cas pour toute installation nucléaire placée sous son contrôle.

Tous ces éléments sont des gages de la robustesse de la démarche qui est mise en œuvre pour garantir la sûreté du projet.

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