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QUESTION 595 -
Posée par BENOIT PIERRE, le 02/12/2013

L'ANDRA apporte sa réponse à la question de la géothermie, dans le bulletin n°6, tome 184, année 2013 de la société géologique de France (SGF): Lithologie, hydrodynamisme et thermicité dans le systême sédimentaire multicouche recoupé par les forages ANDRA de Montiers sur Saulx (Meuse), pp 519 à 543. A noter que sur cinq coauteurs, quatre appartiennent à l'ANDRA. Dans l'expertise judiciaire, l'expert est récusé s'il présente un lien quelconque avec une des parties. Ce ne semble pas le cas ici. Autre lieu, autre moeurs?

J'aimerais savoir par ailleurs quelles sont les analyses effectuées sur les prélèvements d'eau (balance ionique, éléments traces isotopes tels le C14 ou le deutérium, potassium-argon...) et, j'aimerais savoir si les profils sismiques présentés sont traités rapidement par méthode d'inversion ou par une technique autre, employée par exemple à l'Ecole centrale de Lille ou un bureau d'étude indépendant faisant retraiter des profils sismiques réflexion en Hongrie.

En dernier lieu, pourquoi l'ANDRA n'a pas poursuivi ses forages dans le permien sous-jacent indiqué aquifère, par le portail d'accès aux données pétrolières nationales , guichet hydrocarbures BEPH?

Pierre Benoit

Réponse du 12/02/2014,

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :

L’article auquel vous faites référence est une publication scientifique. Comme toutes les publications scientifiques, celle-ci a été soumise au comité de lecture de la revue. Ce comité est indépendant de l’Andra.
Par cet article l’Andra ne fait que donner des informations factuelles sur ce forage de reconnaissance de 2 000 m de profondeur qui, rappelons-le, était le premier forage de cette profondeur permettant une étude très détaillée depuis le programme scientifique Géologie Profonde de la France il y a plus de 25 ans.

Concernant votre question sur les analyses

Les analyses effectuées sur les prélèvements d'eau  dans les niveaux aquifères de l’Oxfordien, du Dogger et du Trias ont été les suivantes :
Espèces chimiques majeures : Na, Mg, Ca, K, CID, SO4 , Cl, Si, NO3 , Br, NH4
Espèces en traces : Al, F, Ba, Cs, U, As, Mn, Sr, PO4, Zn, Pb, Cr, Ag, Sn, Co, Cu, Ni, Li, I, Se, COD, Fe(II/III), Th, Gd, Nb, B, Mo, Zr, Rb, Eu
Gaz dissous et leurs isotopes : N2, O2, CO2, CH4 et autres gaz organiques, δ13C (gaz carbonés), δ2H (alcanes), δ15N (N2), CFC
Isotopes et abondance des gaz rares : He, Ne, Ar, Kr, Xe, 3He, 4He, 20Ne, 21Ne, 22Ne, 36Ar, 38Ar, 40Ar, 78Kr, 80Kr, 82Kr, 83Kr, 84Kr, 86Kr, 124Xe, 126Xe, 128Xe, 129Xe, 130Xe, 131Xe, 132Xe, 134Xe, 136Xe
Isotopes de l’eau et des espèces aqueuses : δ2H (H2O), δ18O (H2O), δ34S (SO4), δ18O (SO4), δ13C (CID), δ15N (NH4)

Isotopes Li et B, isotopes U/Th

Concernant votre question sur les profils sismiques

La campagne de sismique 2D réalisée par l’Andra en 2007, de 174 km au total, a couvert l’ensemble de la zone de transposition avec des prolongations de lignes à l’Est et à l’Ouest de la zone afin de reconnaître les structures tectoniques bordières.
Le maillage des lignes sismiques a été de 2 x 2 à 3 x 3 km. Des améliorations ont été apportées aux paramètres d’acquisition du signal sismique par rapport aux campagnes antérieures. Une trentaine de forages courts (dits « forages VT ») ont été réalisés afin de bâtir un modèle de corrections statiques qui prenne en compte la géologie de surface. Le retraitement des signaux sismiques a été réalisé par la société allemande DMR, entreprise spécialisée dans ce domaine. L’interprétation des profils sismiques a été confiée au BEICIP, filiale de l’IFPEN, organisme de recherche spécialisé notamment dans les méthodes de reconnaissance du sous-sol pour la prospection pétrolière. Le BEICIP a entre autres réalisé une inversion stratigraphique, c’est à dire à partir des paramètres sismiques mesurés en chaque point calculé la porosité de la roche, en utilisant les méthodes développées par l’IFPEN.

En 2010, 37 km2 de sismique réflexion en trois dimensions (3D) et à haute résolution (HR) associés à 11km de sismique 2D ont été réalisés par l’entreprise DMT sur la Zone d’Intérêt pour une Reconnaissance Approfondie (ZIRA).
Des carottages sismiques (21 forages courts) et des profils de sismique réfraction ont également été acquis pour permettre le développement d’un modèle géologique de sub-surface nécessaire au traitement des corrections statiques des données sismiques 2D/3D (neutralisation des effets de topographie et d’altération des couches superficielles sur la propagation des ondes sismiques). Ce modèle a été réalisé conjointement par Andra et Paradigm. Les autres phases de traitement (atténuation de bruit et augmentation du gain des signaux acoustiques, prise en compte des effets du pendage et sommation) ont été effectuées par Fugro Robertson Ltd, de même que l’interprétation structurale et l’inversion en paramètre élastique (impédance). Parallèlement, un travail d’interprétation ciblé sur des structures linéaires détectées en sismique 3D a été entrepris en 2011 par Beicip-Franlab et associé à un contrôle géologique sur le terrain par Cambridge Carbonates. Des travaux complémentaires d’inversion stratigraphique ont été confiés au Beicip Franlab afin d’optimiser la conversion en paramètres pétro-physiques. La conversion temps/profondeur a été renouvelée par Seisquare en mars 2012, en construisant un modèle de vitesses « géologiques » robustes à partir des données de forage et en utilisant un procédé géostatistique de krigeage bayésien multi-variable.

Concernant votre questions sur la profondeur du forage

Le forage EST433 a fait partie d’une campagne de reconnaissance, comprenant 12 forages et des profils de sismique réflexion 2D, réalisée en 2007 et 2008 avec pour objectifs :

  • Apporter les données permettant d’appréhender les variations éventuelles de la couche du Callovo-Oxfordien en support à la proposition d’une ZIRA,
  • Compléter la connaissance sur les écoulements et des transferts dans les formations sus- et sous-jacentes à la couche,
  • Caractériser les formations profondes (Lias et Trias), tant du point de vue de leur impact sur les transferts globaux que de leur potentiel géothermique.

Ce forage a été approfondi jusqu’à 2000 m pour répondre à ce dernier objectif. Il a accueilli aussi un programme de recherche multidisciplinaire et multi-organismes (Universités, CNRS, IFPEN, BRGM, IRSN) dont la thématique était « Transferts actuels et passés dans un système sédimentaire aquifère – aquitard : un forage de 2000 mètres dans le Mésozoïque du Bassin de Paris (TAPSS) » (voir annexe 2) : 22 laboratoires y ont participé.
L’ensemble des éléments relatifs à l’étude du potentiel géothermique a été transmis au CLIS, et que l’expert mandaté par celui-ci a eu connaissance du programme de tests en amont de la réalisation du forage.

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