QUESTION 0 - Qui sera responsable ?
Posée par Cécile GEORGES [L'organisme que vous représentez (option)], (LA TRINITÉ), le 14/12/2013
Quand, dans 6 dizaines années ou 6 milliers d’années, un accident mécanique, un accident électrique, un bug informatique, une erreur humaine, une erreur de conception, un mouvement de terrain, un tremblement de terre, un agrandissement de faille, une infiltration d’eau, une intrusion humaine, ou un ac te terroriste... conduiront à une explosion, un incendie, une perte de confinement, des fuites... et donc à un retour des radionucléides en surface, dans l’herbe des vaches, le pied des girolles, l’eau des rivières, l’eau du robinet avec les conséquences qu’on a connues à KYCHTYM,(2) TCHERNOBYL et FUKUSHIMA Qui sera responsable ?
Réponse du 07/01/2014,
Réponse apportée par l'Andra, maître d'ouvrage :
La question de la protection de l’homme et de l’environnement vis-à-vis de la dangerosité des déchets radioactifs se pose quel que soit le mode de gestion envisagé. Ces déchets ont été produits en France depuis une cinquantaine d’années par les premières installations nucléaires, aujourd’hui arrêtées, et par les installations nucléaires actuelles, dont le démantèlement produira également des déchets radioactifs. Notre génération est donc responsable de mettre en place des solutions de gestion sûres pour ces déchets et de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations suivantes. Ces principes sont inscrits dans le code de l’environnement par la loi du 28 juin 2006.
L’objectif du stockage profond est de protéger à très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs. La sûreté à très long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. Cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli du site, contrairement à l’entreposage.
Les responsabilités pour atteindre cet objectif sont bien établies. Il appartient à l’Andra, maître d’ouvrage et futur exploitant de Cigéo s’il est autorisé, de mettre en œuvre les dispositions techniques et organisationnelles adaptées pour qu’il n’y ait pas de dispersion incontrôlée de radioactivité qui puisse présenter un risque pour l’homme ou l’environnement, que ce soit pendant l’exploitation du Centre ou après sa fermeture. L’Autorité de sûreté nucléaire et ses appuis techniques, l’IRSN et le groupe permanent d’experts sur les déchets, ainsi que la Commission nationale d’évaluation sont chargés de contrôler et d’évaluer les propositions de l’Andra. Les conditions de réversibilité seront définies par le Parlement avant que la création du stockage ne puisse être autorisée. La décision éventuelle de créer Cigéo reviendra au Gouvernement après un long processus qui durera plusieurs années et qui démarrera lorsque l’Andra aura déposé la demande de création de Cigéo.
Conformément au principe de défense en profondeur, l’Andra identifie en amont de la conception les dangers potentiels d’origine interne (chute, collision, incendie, perte d’alimentation…) et externe (foudre, séisme, inondation…) qui pourraient remettre en cause la sûreté de l’installation. Des mesures sont prises par l’Andra pour supprimer ces risques quand c’est possible, surveiller l’installation pendant toute son exploitation pour détecter très rapidement tout incident (surveillance radiologique, surveillance incendie…) et pour y remédier. Par précaution, l’Andra envisage cependant des scénarios accidentels et prévoit un ensemble de dispositions techniques complémentaires et redondantes pour prévenir toute dispersion de radioactivité et limiter les conséquences éventuelles de telles situations. L’évaluation réalisée par l’Andra, à ce stade de la conception, de l’impact des scénarios accidentels, que ce soit en exploitation ou après fermeture, montre que leurs conséquences sur l’environnement resteraient très limitées.
Le Parlement a fait le choix de confier la gestion à long terme des déchets radioactifs à un établissement public pérenne, directement rattaché à l’Etat. Conformément à la loi du 28 juin 2006, les producteurs de déchets radioactifs (EDF, CEA, Areva NC) doivent prévoir les ressources nécessaires à la construction, à l’exploitation et à la fermeture de Cigéo sur toute sa durée. Cela se traduit par l’enregistrement de provisions dans leurs comptes et par la sécurisation de ces ressources au travers de placements (« actifs dédiés »), sous le contrôle de l’Etat.
RÉPONSE APPORTÉE PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L’ÉNERGIE :
Les dispositions relatives au principe de précaution figurent à l’article 5 de la Charte de l’environnement : « Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». La Charte de l'environnement est un texte de valeur constitutionnelle, intégré en 2004 dans le bloc de constitutionnalité du droit français, reconnaissant les droits et les devoirs fondamentaux relatifs à la protection de l'environnement. Elle énonce notamment trois grands principes : le principe de prévention, le principe de précaution, et le principe pollueur-payeur. Ces dispositions s’appliquent donc de manière systématique et générale.
Par ailleurs, la loi du 28 juin 2006 relative à la gestion des déchets radioactifs demande qu’un débat public se tienne sur le projet Cigéo, avant le dépôt de la demande d’autorisation de création du projet. C’est pourquoi la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a organisé un débat public national sur Cigéo, qui s’est déroulé du 15 mai au 15 décembre 2013. Tout au long de cette période, la Commission Particulière du Débat Public (CPDP) et la CNDP ont mis en place des moyens permettant au public de s’informer et s’exprimer, malgré l’impossibilité de tenir les réunions publiques. La CNDP a également pris l’initiative d’organiser une Conférence de citoyens.
RÉPONSE APPORTÉE PAR L’ANDRA :
Les déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue déjà produits sont entreposés sur différents sites en France. Ces déchets génèrent un risque potentiel pour la santé des générations futures et pour l’environnement. En effet, les installations d’entreposage dans lesquelles ils se trouvent actuellement ont une durée de vie limitée (typiquement 50 à 100 ans), au terme de laquelle les déchets doivent en être ressortis puis replacés dans une nouvelle installation, faute de quoi la sûreté ne serait plus assurée. Tant que l’on utilise des installations d’entreposage, la sûreté de la gestion de ces déchets repose sur la capacité technique et financière des générations futures à renouveler les installations. En application du principe de précaution, le Parlement a mis en place en 1991 un programme de recherches pour étudier différentes solutions pour la gestion à long terme de ces déchets, un dispositif d’évaluation et de concertation et un processus de décision.
Après plus de 20 années de recherches, seul le stockage profond est aujourd’hui reconnu en France et à l’étranger comme une solution robuste pour mettre en sécurité définitive les déchets les plus radioactifs. L’objectif du stockage profond est de protéger à très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs. La sûreté à très long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. Cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli du site, contrairement à l’entreposage.
Les responsabilités pour atteindre cet objectif sont bien établies. Il appartient à l’Andra, maître d’ouvrage et futur exploitant de Cigéo s’il est autorisé, de mettre en œuvre les dispositions techniques et organisationnelles adaptées pour qu’il n’y ait pas de dispersion incontrôlée de radioactivité qui puisse présenter un risque pour l’homme ou l’environnement, que ce soit pendant l’exploitation du Centre ou après sa fermeture. L’Autorité de sûreté nucléaire et ses appuis techniques, l’IRSN et le groupe permanent d’experts sur les déchets, ainsi que la Commission nationale d’évaluation sont chargés de contrôler et d’évaluer les propositions de l’Andra. Les conditions de réversibilité seront définies par le Parlement avant que la création du stockage ne puisse être autorisée. La décision éventuelle de créer Cigéo reviendra au Gouvernement après un long processus qui durera plusieurs années et qui démarrera lorsque l’Andra aura déposé la demande de création de Cigéo.
Si Cigéo est autorisé, notre génération aura mis à la disposition des générations suivantes une solution opérationnelle pour protéger l’homme et l’environnement sur de très longues durées de la dangerosité de ces déchets. Grâce à la réversibilité, ces générations garderont la possibilité de faire évoluer cette solution.