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QUESTION 358 -
Posée par David , le 30/09/2013

Question posée lors du débat contradictoire du 18 septembre 2013 - Les solutions de gestion des déchets radioactifs :

L'entreposage en surface est une réponse des anti-nucléaires pour garder le débat en surface?

Réponse du 06/12/2013,

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :

L’entreposage des déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue implique de renouveler périodiquement les bâtiments où sont placés ces déchets, avec les opérations associées de transferts de déchets radioactifs, de contrôler ces installations et de les maintenir. En cas de perte de contrôle de ces installations, les conséquences radiologiques sur l’homme et l’environnement ne seraient pas acceptables. Compte tenu de la durée pendant laquelle ces déchets resteront dangereux (plusieurs centaines de milliers d’années), l’entreposage - qu’il soit en surface ou à faible profondeur - ne peut être qu’une solution provisoire dans l’attente d’une solution définitive.

Le projet Cigéo propose une solution pour protéger sur le très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs produits en France depuis plus d’un demi-siècle. S’il est mis en œuvre, cela permettra de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations futures, alors qu’elles n’auront pas bénéficié de l’électricité procurée par la production de ces déchets. La réversibilité leur laissera la possibilité de contrôler la mise en œuvre de cette solution et de l’adapter si elles le souhaitent.

D’autres solutions ont été étudiées en France et à l’étranger depuis plus de 50 ans : envoi dans l’espace, au fond des océans, dans le magma, séparation-transmutation… Le stockage est aujourd’hui considéré dans tous les pays comme la meilleure solution pour mettre en sécurité de manière définitive les déchets les plus radioactifs et ne pas reporter leur charge sur les générations suivantes. La directive européenne du 19 juillet 2011 considère ainsi que le stockage géologique constitue actuellement la solution la plus sûre et la plus durable en tant qu’étape finale de la gestion des déchets de haute activité.

 

Réponse apportée par Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, docteur en économie de l'énergie, membre de l'association Global Chance (www.global-chance.org)  :

Le stockage en surface (considéré comme « définitif ») existe déjà pour des déchets de faible activité (centres de stockage Andra de Soulaines, Morvilliers, la Manche) et n’est pas sans poser des problèmes : il devrait être « contrôlé » pendant au moins 300 ans, voire 800 car il contient parfois du plutonium.

L’entreposage en surface (stockage temporaire) existe également pour les déchets de haute activité que sont les combustibles irradiés ou « usés » à la sortie du réacteur : ils sont tellement chauds et radioactifs qu’il faut les stocker pendant six mois au moins et souvent plus (au moins deux ans et demi pour les combustibles MOX) dans des « piscines », vastes bassins situés auprès des réacteurs et dans lesquels ils sont refroidis en permanence. Ces combustibles sont ensuite transportés à La Hague, également entreposés dans une piscine qui est actuellement la plus grande concentration au monde de déchets radioactifs (l’équivalent du chargement de cent réacteurs nucléaires). Ces piscines, auprès des réacteurs ou à La Hague, ne sont pas sécurisées vis-à-vis d’agressions extérieures graves (naturelles, terroristes ou militaires). La première urgence, et cela a été souligné par l’autorité de sûreté nucléaire » est la sécurisation de ces piscines, en premier lieu celle de La Hague.

En ce qui concerne l’avenir, il n’y a pas à mon avis de solution satisfaisante. Le stockage à grande profondeur présente des inconvénients majeurs, tant sur le plan général (pollution de la croûte terrestre par des « dépôts » de matières toxiques ou radioactives un peu partout dans le monde et dont la qualité » serait invérifiable, solution imposée aux générations futures) que sur le plan particulier du projet Cigeo (risque d’accidents graves notamment). A cet égard, je suis convaincu que dans moins d’un siècle, au vu de l’expérience de la pollution des océans et de l’atmosphère que l’on s’efforce aujourd’hui de réduire, une convention internationale interdira le stockage dans la croûte terrestre de tout déchet toxique ou radioactif.

La solution qui me paraît la moins mauvaise est l’entreposage réversible (on peut récupérer les déchets) et contrôlable, pendant une période d’environ 300 à 500 ans (période pendant laquelle il faudra de toute façon contrôler les stockages en surface), à sec (après le séjour indispensable dans des piscines qui seraient elles-mêmes sécurisées) et non pas en surface mais en sub-surface (à flanc de colline par exemple afin d’assurer l’accessibilité et la facilité de retirer éventuellement des déchets, par exemple pour les reconditionner).

Cela afin de permettre d’explorer par les efforts de la recherche, les moyens sinon de détruire les déchets, au moins d’en réduire la quantité et la radioactivité dans la durée.

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