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QUESTION 1378 - A qui profite le crime ?
Posée par Isabelle AUBRY [MOI MÊME], (SAINT JEAN DES CHAMPS), le 14/12/2013

Dans les milliers d'année, quand les concepteurs des centrales nucléaires et des centres d'enfouissements seront tous morts de leur belle mort et qu'un évènement naturel (tremblement de terre par exemple) se produira et entrainera des fuites radioactives, qui sera responsable ? Qui "profitera" de ces fuites ? Et qui, aujourd'hui, profite de ce crime organisé qu'est le développement de l'industrie nucléaire ?

Réponse du 10/02/2014,

Réponse apportée par le Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie

En France, le nucléaire occupe une place prépondérante dans le mix électrique, assurant près de 75% de la production française d’électricité. Compte tenu de la durée nécessaire à la construction de moyens de production d’électricité de substitution, un arrêt à court terme de l’ensemble du parc nucléaire n’est pas envisageable sans remettre en cause l’approvisionnement électrique du pays, c’est-à-dire sans coupures très importantes d’électricité pour les consommateurs. Il apparaît donc extrêmement difficile de ne plus produire de nouveaux déchets radioactifs provenant de l’industrie électronucléaire à très court terme.

Depuis plusieurs dizaines d’années, la France a mis en place une politique de gestion responsable de ses déchets radioactifs. En 2006, après quinze années de recherches encadrées par la loi « Bataille », d’avis des évaluateurs et d’un débat public, le Parlement a fait le choix du stockage réversible profond pour mettre en sécurité de manière définitive les déchets les plus radioactifs et ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations futures.

Enfin, en matière de mix électrique, le Président de la République a fixé le cap suivant pour la France : réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% d'ici 2025. Parallèlement, le Président de la République a indiqué que la transition énergétique serait fondée sur deux principes : l'efficacité énergique d'une part, et la priorité donnée aux énergies renouvelables d'autre part. Cette mutation prendra du temps et supposera des étapes d’évaluation en fonction des progrès technologiques et scientifiques et des prix relatifs de chaque source d’énergie.

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage

La question de la protection de l’homme et de l’environnement vis-à-vis de la dangerosité des déchets radioactifs se pose quel que soit les choix énergétiques futurs. Ces déchets ont été produits en France depuis une cinquantaine d’années par les premières installations nucléaires, aujourd’hui arrêtées, et par les installations nucléaires actuelles, dont le démantèlement produira également des déchets radioactifs. Notre génération est donc responsable de mettre en place des solutions de gestion sûres pour ces déchets et de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations suivantes. Ces principes sont inscrits dans le code de l’environnement par la loi du 28 juin 2006.

L’objectif du stockage profond est de protéger à très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs. La sûreté à très long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. Cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli du site, contrairement à l’entreposage. 

Les responsabilités pour atteindre cet objectif sont bien établies. Il appartient à l’Andra, maître d’ouvrage et futur exploitant de Cigéo s’il est autorisé, de mettre en œuvre les dispositions techniques et organisationnelles adaptées pour qu’il n’y ait pas de dispersion incontrôlée de radioactivité qui puisse présenter un risque pour l’homme ou l’environnement, que ce soit pendant l’exploitation du Centre ou après sa fermeture. L’Autorité de sûreté nucléaire et ses appuis techniques, l’IRSN et le groupe permanent d’experts sur les déchets, ainsi que la Commission nationale d’évaluation sont chargés de contrôler et d’évaluer les propositions de l’Andra. Les conditions de réversibilité seront définies par le Parlement avant que la création du stockage ne puisse être autorisée. La décision éventuelle de créer Cigéo reviendra au Gouvernement après un long processus qui durera plusieurs années et qui démarrera lorsque l’Andra aura déposé la demande de création de Cigéo.

Conformément au principe de défense en profondeur, l’Andra identifie en amont de la conception les dangers potentiels d’origine interne (chute, collision, incendie, perte d’alimentation…) et externe (foudre, séisme, inondation…) qui pourraient remettre en cause la sûreté de l’installation. Des mesures sont prises par l’Andra pour supprimer ces risques quand c’est possible, surveiller l’installation pendant toute son exploitation pour détecter très rapidement tout incident (surveillance radiologique, surveillance incendie…) et pour y remédier. Par précaution, l’Andra envisage cependant des scénarios accidentels et prévoit un ensemble de dispositions techniques complémentaires et redondantes pour prévenir toute dispersion de radioactivité et limiter les conséquences éventuelles de telles situations. L’évaluation réalisée par l’Andra, à ce stade de la conception, de l’impact des scénarios accidentels, que ce soit en exploitation ou après fermeture, montre que leurs conséquences sur l’environnement resteraient très limitées.

 

 

 

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