QUESTION 899 - si un tremblement de terre...
Posée par FAURE LOUISE [L'organisme que vous représentez (option)], (PARIS), le 15/12/2013
quel recours si un tremblement de terre venait à bouleverser toutes les "précautions" que l'andra met en avant et mette à l'air libre les molécules radioactives ? Quelles leçons tirez vous des leçons de fukushima sur la puissance et l'imprévisibilité des aléas naturels ? Merci de votre réponse
Réponse du 09/01/2014,
Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
La question de la protection de l’homme et de l’environnement vis-à-vis de la dangerosité des déchets radioactifs se pose quel que soit le mode de gestion envisagé. Ces déchets ont été produits en France depuis une cinquantaine d’années par les premières installations nucléaires, aujourd’hui arrêtées, et par les installations nucléaires actuelles, dont le démantèlement produira également des déchets radioactifs. Notre génération est donc responsable de mettre en place des solutions de gestion sûres pour ces déchets et de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations suivantes. Ces principes sont inscrits dans le code de l’environnement par la loi du 28 juin 2006.
L’objectif du stockage profond est de protéger à très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs. La sûreté à très long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. Cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli du site, contrairement à l’entreposage.
Conformément au principe de défense en profondeur, l’Andra identifie en amont de la conception les dangers potentiels d’origine interne (chute, collision, incendie, perte d’alimentation…) et externe (foudre, séisme, inondation…) qui pourraient remettre en cause la sûreté de l’installation. Des mesures sont prises par l’Andra pour supprimer ces risques quand c’est possible, surveiller l’installation pendant toute son exploitation pour détecter très rapidement tout incident (surveillance radiologique, surveillance incendie…) et pour y remédier. Par précaution, l’Andra envisage cependant des scénarios accidentels et prévoit un ensemble de dispositions techniques complémentaires et redondantes pour prévenir toute dispersion de radioactivité et limiter les conséquences éventuelles de telles situations. L’évaluation réalisée par l’Andra, à ce stade de la conception, de l’impact des scénarios accidentels, que ce soit en exploitation ou après fermeture, montre que leurs conséquences sur l’environnement resteraient très limitées.
Si Cigéo est autorisé, le Centre sera une installation nucléaire de base qui, à ce titre, sera soumise à la réglementation en vigueur concernant ce type d’installation et sera notamment placée sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) comme les autres installations nucléaires de base en France. Conformément à cette réglementation, l’ASN contrôlera très régulièrement le respect des exigences de sûreté mises en œuvre par l’Andra. De nouvelles dispositions pourront être prises à tout moment en cas de retour d’expérience à intégrer ou de changement de normes. Ainsi, les exigences de sûreté ont d’ores et déjà été renforcées notamment suite à la catastrophe de Fukushima. Cigéo n’est cependant pas une centrale nucléaire mais un centre de stockage de déchets radioactifs stabilisés et conditionnés qui du fait de son implantation à 500 mètres de profondeur sera peu vulnérable aux activités humaines comme aux catastrophes naturelles à l’inverse d’une centrale comme celle de Fukushima au Japon.
Enfin, la stabilité et la très faible sismicité de la zone d’implantation du laboratoire souterrain est confirmée par les scientifiques qui ont travaillé sur ce site depuis plus de 20 ans. Le site de Meuse/Haute-Marne appartient à un domaine géologique stable (voir carte), particulièrement favorable pour l’installation d’un stockage. L’activité sismique est en effet extrêmement faible, comme le prouvent les enregistrements de sismicité instrumentale (écoute sismique depuis 1961 à l’échelle de la France) qui sont capables de détecter des microséismes, et les chroniques historiques (séismes ayant été ressentis et/ou ayant occasionné des dégâts au cours des derniers 1 000 ans). Au-delà de ces données, la stabilité et la très faible sismicité du site s’expliquent par sa situation géographique dans le bassin parisien qui est protégé des mouvements liés à la tectonique des plaques (collision du continent africain avec l’Europe).