QUESTION 670 - Circulation ed l'eau en sous-sols
Posée par Guillaume ETIEVENT [L'organisme que vous représentez (option)], (SAINT MARTIN D'HERES), le 09/12/2013
Je ne suis pas expert en géologie, mais chacun sait que l'eau circule comme elle l'entend dans les différentes couches. Voire que les trajets peuvent changer avec le temps. Les spéléologues le savent très bien : j'ai lu des histoires de traçage avec de la fluorescéine. Les géologues attendaient la sortie de l'eau colorée en un point précis, et l'eau ressortait exactement à l'opposé. Et en reproduisant l'expérience à une autre période de l'année, l'eau ressortait ailleurs. Si l'eau pénétrait dans le stockage, que pourriez-vous faire ? Comment pourriez-vous empêcher la remontée de l'eau ? Comment être sur de ne pas reproduire le centre d'Asse en France et, le cas échéant, de pouvoir re-vider celui de Bure ? Cordialement,
Réponse du 11/01/2014,
Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
Concernant l’eau dans le stockage
Pendant l’exploitation du stockage, de nombreuses mesures seront prises pour prévenir d’éventuelles arrivées d’eau accidentelles dans Cigéo :
- Protection des puits et de la descenderie contre les intempéries,
- Etanchéification des puits et des descenderies au niveau des couches de roche aquifères traversées au-dessus de la couche d’argilite,S
- Systèmes de drainage des eaux issues des couches de roche supérieures peu productives et pompage de ces eaux jusqu’à la surface,
- Protection des canalisations d’eau interne et mécanismes de fermeture automatique en cas de rupture.
Ces dispositions sont largement éprouvées dans l’industrie minière.
Par précaution, des scénarios accidentels d’arrivées d’eau (par exemple suite à la défaillance d’une canalisation ou suite à une panne dans le système de drainage des eaux provenant des couches de roche supérieures) sont pris en compte dans les études de sûreté menées pour Cigéo, au même titre que pour n’importe quelle installation nucléaire. Compte tenu des origines possibles, ce débit sera nécessairement limité (pour mémoire le débit drainé par chacun des puits du Laboratoire souterrain est de l’ordre de 10 m3/jour en moyenne, ou moins, ce qui est très faible par comparaison à certains sites miniers). Un tel évènement resterait très localisé dans le stockage et n’aurait qu’un effet très limité sur l’argile qui sera protégée par les revêtements. En tout état de cause, ce type d’incident ne remettra pas en cause la sûreté du stockage.
Après la fermeture du stockage, au-delà de la durée de vie des ouvrages industriels, la couche d’argile très peu perméable, de plus de 130 mètres d’épaisseur, dans laquelle sera installé le stockage souterrain, servira de barrière naturelle pour retenir les radionucléides contenus dans les déchets et freiner leur déplacement. Le stockage permet ainsi de garantir leur confinement sur de très longues échelles de temps. Seuls quelques radionucléides mobiles et dont la durée de vie est longue pourront migrer jusqu’aux limites de la couche d’argile qu’ils atteindront après plusieurs dizaines de milliers d’années, puis potentiellement atteindre en quantités extrêmement faibles ensuite la surface et les nappes phréatiques, après plus de 100 000 ans. Leur impact radiologique serait alors plusieurs dizaines de fois inférieur à la radioactivité naturelle (qui est de 2,4 mSv par an en moyenne en France).
Concernant la possibilité de récupérer les colis de déchets
De nombreuses mesures sont prises pour garantir la réversibilité de Cigéo pendant toute sa durée d’exploitation afin de laisser des choix aux générations suivantes et notamment la possibilité de récupérer des déchets stockés.
L’Andra prévoit dès la conception de Cigéo des dispositifs techniques destinés à faciliter le retrait éventuel de colis de déchets stockés. En particulier, les alvéoles pour stocker les colis de déchets seront revêtues d’une paroi en béton ou en acier pour éviter les déformations et garantir l’accès aux colis de déchets pendant au moins 100 ans, avec des espaces ménagés entre les colis et les parois pour permettre leur retrait. Des capteurs permettront de surveiller le comportement des ouvrages.
Pour en savoir plus sur les propositions faites par l’Andra en matière de réversibilité du stockage, voir http://www.debatpublic-cigeo.org/docs/rapport-etude/fiche-reversibilite-cigeo.pdf