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QUESTION 693 -
Posée par Elisabeth BRENIERE, (CHAMBERY), le 20/01/2014

Questions posées dans le cahier d'acteurs n°108 de Mme Elisabeth Breniere : Quel niveau de risque notre société considère-t-elle comme acceptable? Combien de morts et de malades prévisibles parmi les travailleurs, les populations locales? Quel risque est-on en droit de faire courir à l'ensemble de l'humanité sur plusieurs milliers de générations? Quelle comparaison avec les autres solutions pour produire de l'électricité? Quels risques imaginables et leurs compétences possibles, d'une part sur la période d'exploitation prévue sur 100 ou 150 ans, d'autre part après la fermeture pendant toute la durée de la radioactivité? Que se passerait-il en cas de guerre, terrorisme, sabotage, séismes, catastrophes naturelles, crise économique, impossibilité de trouver des volontaires pour intervenir sur place, désertification de la région, erreurs humaines à différents niveaux, cycles climatiques extrèmes, coupure d'alimentation électrique, séries de pannes techniques, épidémies ou pollutions rendant les lieux inaccessibles, etc..? A titre de comparaison, quelles conséquences peut-on observer sur les conditions de vie de la population proche des centres de stockage existants de déchets radioactifs? Près des mines du Limousion, près de La Hague, près de Marcoule, près de Cadarache, près de Soulaines et de Morvilliers, près de Tricastin, près de Pontfaverger-Moronvilliers? Quels sont les risques sanitaires susceptibles d'être découverts plus tard pour les faibles doses de radioactivités qui seront rejetées? (Souvenons-nous de l'amiante qui était considérée coàmme sans danger pendant presqu'un siècle avant de devenir un matériau extrêmement cancérigène.)

Réponse du 06/02/2014,

Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :

La question de la protection de l’homme et de l’environnement vis-à-vis de la dangerosité des déchets radioactifs est au cœur des préoccupations du projet Cigéo. Les déchets dont il est question ont été produits en France depuis une cinquantaine d’années par les premières installations nucléaires, aujourd’hui arrêtées, et par les installations nucléaires actuelles, dont le démantèlement produira également des déchets radioactifs. Notre génération est donc responsable de mettre en place des solutions de gestions sûres pour ces déchets et de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations suivantes. Ces principes sont inscrits dans le code de l’environnement par la loi du 28 juin 2006.

Ainsi, l’objectif du stockage profond est donc de protéger à très long terme l’homme et l’environnement de la dangerosité des déchets les plus radioactifs. La sûreté à très long terme du stockage doit être assurée de manière passive, sans dépendre d’actions humaines. Cela repose notamment sur le choix du milieu géologique et sur la conception du stockage. Cette solution reste sûre à long terme, même en cas d’oubli du site, contrairement à l’entreposage. 
 
Conformément au principe de défense en profondeur, l’Andra identifie en amont de la conception les dangers potentiels d’origine interne (chute, collision, incendie, perte d’alimentation…) et externe (foudre, séisme, inondation…) qui pourraient remettre en cause la sûreté de l’installation. Des mesures sont prises par l’Andra pour supprimer ces risques quand c’est possible, surveiller l’installation pendant toute son exploitation pour détecter très rapidement tout incident (surveillance radiologique, surveillance incendie…) et pour y remédier. Par précaution, l’Andra envisage cependant des scénarios accidentels et prévoit un ensemble de dispositions techniques complémentaires et redondantes pour prévenir toute dispersion de radioactivité et limiter les conséquences éventuelles de telles situations. L’évaluation réalisée par l’Andra, à ce stade de la conception, de l’impact des scénarios accidentels, que ce soit en exploitation ou après fermeture, montre que leurs conséquences sur l’environnement resteraient très limitées.
 
Enfin, si Cigéo est autorisé, de nombreuses mesures de surveillance seront mises en œuvre par l’Andra pour contrôler l’impact du Centre sur l’environnement. Conformément aux exigences réglementaires, l’Andra établira un plan de surveillance pour Cigéo, comme elle le fait déjà pour ses centres de surface, comportant un dispositif complet de mesures et de prélèvement dans l’environnement. L’Andra a d’ailleurs déjà initié, au travers de l’observatoire pérenne de l’environnement, la mise en place de cette surveillance de l’environnement.
Grâce aux mesures qui permettent de détecter des niveaux extrêmement faibles de radioactivité, ce dispositif de surveillance permettra notamment de vérifier le très faible impact de Cigéo sur l’environnement. Les études de l’Andra montrent que l’impact de Cigéo restera bien inférieur aux normes réglementaires imposées par l’Autorité de sûreté nucléaire : une première évaluation, sur des hypothèses pessimistes, indique que l’impact radiologique du Centre serait de l’ordre de 0,01 millisievert (mSv) par an pendant son exploitation, soit très inférieur à la norme réglementaire (1 mSv par an) et à l’impact de la radioactivité naturelle (2,4 mSv par an en moyenne en France).

Cigéo sera également soumis en permanence au contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui mandate régulièrement des laboratoires indépendants pour réaliser des mesures sur les installations et dans l’environnement pour vérifier la fiabilité des mesures réalisées par l’exploitant. Conformément à la réglementation, les résultats de la surveillance effectuée par l’Andra feront l’objet d’un rapport annuel rendu public.

La surveillance du site contribuera également au maintien de la mémoire du stockage, aussi longtemps que les générations futures décideront de la poursuivre.

La surveillance des stockages existants dans la Manche et dans l’Aube confirme qu’ils n’ont pas d’impact sur la santé et l’environnement. Ils ont en revanche un effet positif sur l’activité locale, stimulant la construction ou la rénovation, permettant le maintien et le développement de services, la création d'emplois. Pour être convaincu de ce dernier point, il suffit de se rendre sur l'une ou l'autre des zones d'activité créées il y a moins de 20 ans sur les communes autour des centres de l’Andra dans l’Aube qui accueillent aujourd'hui plusieurs entreprises de secteurs d'activité variés et qui génèrent plusieurs dizaines d'emplois. Des entreprises se sont implantées et certaines ont pu et continuent à se développer en travaillant pour l'Andra dans les domaines du BTP, du génie civil, de la mécanique, de l'électricité, etc. Certaines entreprises nationales ont même fait le choix d'implanter des antennes ou bureaux localement.

Par ailleurs, l’évolution positive du nombre d’habitants sur le canton de Soulaines, à la différence des cantons voisins, illustre également l’impact positif de la présence des installations de l’Andra.
Enfin, le retour d’expérience de l’Andra sur l’implantation de ses installations depuis 20 ans, montre que la présence d’un centre de stockage de déchets radioactifs n’est en aucun cas incompatible, même en termes d’image, avec des activités agricoles de premier choix (lait, viande, légumes, viticulture...). L'industrie et l’agriculture ont toujours coexisté et de nombreuses installations industrielles y compris nucléaires sont installées en France à proximité de zones de production agricoles dont des zones géographiques protégées ou encore des zones d'appellation contrôlée.

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