QUESTION 668 - Entreposage
Posée par Andrée LERAY [L'organisme que vous représentez (option)], (PLOERMEL), le 08/12/2013
A la Hague, Areva vient d'inaugurer un nouveau bâtiment pour entreposer des colis HA. Ses murs feraient 2 m d'épaisseur et seraient conçu pour tenir un siècle. Des experts pensent qu'on saurait en faire qui pourraient tenir 3 siècles. Pourquoi ne travaille t-on pas sur cette voie ? Il y a bien des cathédrales qui ont plus de 1 000 ans ? Et il n'est pas certains qu'elles aient été conçues pour cette durée !
Réponse du 10/02/2014,
Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
L’entreposage de longue durée (jusqu’à 300 ans) a été étudié par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dans le cadre des axes de recherche définis par le Parlement en 1991. Les études menées par le CEA ont notamment porté sur la durabilité des installations et sur leur fonctionnement. La durabilité des structures a été recherchée en recourant à des matériaux éprouvés dont les mécanismes d’altération sont maîtrisés et prévisibles et en instaurant naturellement autour des colis de déchets, dans les alvéoles ou les fosses d’entreposage, des conditions hygrométriques et thermiques favorables. Les études ont également cherché à simplifier la surveillance et la maintenance des installations, afin d’en réduire la charge sur le long terme et d’en accroître ainsi la pérennité.
Les concepts d’entreposage de longue durée présentent néanmoins des limites techniques. Les déchets les plus radioactifs destinés à Cigéo sont des déchets dangereux, qui le resteront plusieurs dizaines à centaines de milliers d’années. Les installations d’entreposage, qu’elles soient en surface ou en subsurface, ne sont pas conçues pour confiner la radioactivité à très long terme. En cas de perte de contrôle de telles installations, les conséquences radiologiques sur l’homme et l’environnement ne seraient pas acceptables. Dans son avis sur les recherches rendu au Gouvernement le 1er février 2006, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a considéré « que l’entreposage de longue durée ne peut pas constituer une solution définitive pour la gestion des déchets radioactifs de haute activité à vie longue » car il « suppose le maintien d'un contrôle de la part de la société et leur reprise par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d'années. »
Le Parlement a fait le choix en 2006 du stockage profond réversible pour mettre en sécurité de manière définitive les déchets les plus radioactifs. L’entreposage sur les sites des producteurs de déchets est nécessaire en complémentarité du stockage pour gérer les déchets dans l’attente de leur mise en stockage.
La loi du 28 juin 2006 a demandé à l’Andra de coordonner les études et recherches sur l’entreposage. Areva et l’Andra ont ainsi collaboré sur la conception du nouveau bâtiment d’entreposage inauguré récemment par Areva à La Hague, dans une optique de lui conférer une plus grande durabilité. Cette collaboration a abouti à l’intégration de plusieurs innovations : adoption d’un béton plus résistant à la carbonatation et à la chloruration, modification de la conception de l’installation pour une meilleure protection des pièces métalliques sensibles vis-à-vis de la corrosion, réservation d’un puits d’entreposage pour l’exposition des matériaux témoins de colisage et de structure soumis aux conditions de température et d’irradiation.
Le bilan des études et recherches menées par l’Andra sur l’entreposage est consultable sur le site du débat public : http://www.debatpublic-cigeo.org/docs/decisions/Rapport-2012-Andra-entreposage.pdf