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Avis n°93

Géologue retraité

Ajouté par Henri BONNOT (Saint Bonnet de Joux), le
[Origine : Site internet]
Environnement

Ancien membre de l’inspection environnementale de Saône-et-Loire (jusqu’en 2008, ingénieur divisionnaire à la DRIRE devenue DREAL), j’ai eu entre autres, à instruire de nombreux dossiers de demande d’exploitation d’installations industrielles se terminant soit par un refus soit par un arrêté d’autorisation préfectorale. Cette démarche professionnelle m’a amené à connaitre en détail les enjeux environnementaux de nombreux projets d’installations diverses.

D’une lecture globale du dossier, on constate que les enjeux majeurs du projet de Center Parc au Rousset portent sur la qualité de l’eau et les rejets divers (effluents, déchets …). En comparant les propositions de prises en compte des risques encourus avec des dossiers de demande d’autorisation d’installations classées, on se rend compte que les mesures compensatoires proposées par le demandeur sont formulées de façon classique pour ce type de dossier, comparées à la taille des enjeux. Sans rentrer dans le détail, il apparaît donc que les risques environnementaux sont traités de façon proportionnée au projet. Par ailleurs, les risques d’atteinte à l’environnement sont nettement plus faibles que celles qu’on recense dans les projets industriels où les risques de pollution sont de façon générale nettement plus importants.

On constate cependant que dans sa globalité, le site de ce projet est un milieu naturel assez préservé. Il est donc d’une part très sensible aux atteintes environnementales et d’autre part dépourvu, dans l’état actuel, de tout équipement préventif aux éventuelles agressions à l’environnement. Il convient donc d’être vigilant sur la mise en place de ce projet et sur sa surveillance en cours de fonctionnement.

Par contre, les enjeux économiques et de développement du territoire me semblent jouer un rôle très important à l’échelon local. Quasiment sinistrée (démographie basse, activité économique faible), la région des Monts du Charolais a besoin d’activités créatrices d’emplois, ce qui est le cas avec ce projet. C’est pourquoi j’émets un avis favorable à la proposition d’installation d’un projet Center Parcs au Rousset, en préconisant cependant une vigilance environnementale forte tant dans la phase développement que dans la phase exploitation du projet. Par ailleurs, une implication des acteurs locaux est vivement souhaitable, en particulier en effectuant des démarches incitatives auprès des visiteurs pour qu’ils viennent découvrir la région de la Bourgogne du Sud aux nombreux atouts touristiques (race et bocage charolais candidatant au patrimoine mondial de l’UNESCO, plus forte concentration mondiale d’églises romanes …).

Deux points de détail du dossier :

- Les consommations d’eau prévues sur site sont précisées (3000 équivalents-habitants environ). Cependant dans des dossiers impliquant un déplacement de population, une globalisation de cette consommation d’eau est parfois fournie à une échelle beaucoup plus large en la diminuant de la non-consommation d’eau sur le lieu d’habitation habituelle des touristes (démarche qui ne peut pas être faite pour un projet industriel).

- Le projet d’installation est prévu dans un milieu forestier artificiel (espace sylvicole de sapins Douglas) dont l’exploitation habituelle se fait par une coupe à blanc à maturité, puis replantation du site exploité. Le projet de Center Parc interdit une telle exploitation, ce qui est une bonne nouvelle en particulier en terme paysager, mais obligera à faire une exploitation plus raisonnée, du type « jardinage » progressif des sapins et replantation probablement avec des espèces variées. Une telle exploitation me semble innovante, et l’exploitant pourrait utilement présenter un projet d’exploitation raisonnée de la sapinière en s’appuyant sur l’avis technique d’un organisme forestier spécialisé, type ONF ou autres.

 

Henri Bonnot – 71220 Saint Bonnet de Joux

Commentaires

Vous qui devriez être sensible au problème général posé par la crise climatique et la destruction de la biodiversité, vous semblez ne considérer la question que par le petit bout de la lorgnette.
Croyez vous vraiment qu'en prenant quelques précautions on contourne l'irresponsabilité de ce projet par rapport à l'urgence de devoir revoir nos modes de consommation et de dépense énergétique ?
Deux fois par semaine, 700 voitures qui font chacune 500 km aller-retour en moyenne pour transporter des gens qui voudront se donner l'illusion que les tropiques sont dans le charolais ... on approuve à la DREAL ? Sans considération pour les appels désespérés que le GIEC, le secrétaire Général de l'ONU, le Pdt de la Banque Mondiale, etc... lancent pour une prise de conscience de la voie suicidaire dans laquelle nous sommes engagés ?
Bien gérer administrativement les dossiers les uns après les autres ou essayer d'avoir une vision d'ensemble, là est la question, Monsieur l'ingénieur.