Pas loin du fiasco !

Malgré les moyens abondants dont disposaient les organisateurs de la "grande réunion de soutien du Center Parcs" de ce dimanche au Rousset, le petit nombre de présents laisse clairement apparaître le doute qui s'est installé dans l'ensemble du département pendant les cinq mois de débat public.

Pas plus d'une centaine de personnes, une trentaine d'élus, alors que les espérances des invitants étaient trois à cinq fois plus élevées. Ni la présence des député, sénateur, président de conseil général ancien et nouveau, ni la dégustation n'ont fait bouger en grand nombre les élus locaux pourtant très largement invités. Même les présidents des com-com signataires de l'appel ne figurent pas tous sur la photo présentant les élus avec leur écharpe.
Rien d'étonnant à cela car le débat a montré le bien fondé et la solidité des raisons de s'opposer à la construction d'un énième Center Parcs en France.
Il faut relire les contributions et cahiers d'acteurs qui disent que ce projet est un mauvais choix pour le département, d'un point de vue économique comme sur le plan social et au regard des mesures à prendre pour cesser de dégrader le climat et la planète.

En face de cela les arguments des promoteurs du projet sont de l'ordre de la croyance et reposent sur des promesses présentées par Pierre & Vacances et les leaders politiques du département.
Promesses de développement local qui font l'impasse sur le coût énorme des maigres retombées qui peuvent être espérées.
Beaucoup de monde a compris que cet investissement épuisera les finances publiques et qu'ainsi les collectivités locales et les associations de service public auront bientôt droit à un discours encore plus déprimant chaque fois qu'elles auront besoin de concours publics.
La nouvelle majorité à peine arrivée à déjà annoncé qu'elle serrerait les cordons de la bourse dès 2016 pour ne pas mettre le département dans le rouge ; mais elle s'apprête à s'endetter de 30 à 40 millions d'euros pour devenir propriétaire de la "bulle tropicale" que Pierre & Vacances se garde bien de financer pour son propre compte. Sans compter les 10 millions d'euros supplémentaires en travaux de réseau et voirie que le département, les com-com, communes et syndicats intercommunaux vont devoir mettre sur la table pour permettre le fonctionnement du parc touristique.
Face à cette dure réalité et à l'annonce de son durcissement prochain, les arguments avancés hier encore expriment une foi basée sur la croyance dans un grand coup gagnant qui changerait la donne pour un territoire. Ils veulent croire et faire croire que ce qui ne fonctionne pas depuis des décennies, fonctionnera cette fois-là : un grand projet couteux que personne ne demandait - à l'exception des bétonneurs professionnels - transformerait la vie dans le charolais, le bassin minier et pourquoi pas le clunisois et mâconnais.
Aveuglés par leurs quelques jours passés en Moselle, invités en tant que VIP par P&V, des élus proclament à tout va que là-bas, l'impact du centre de vacances est formidable... alors que toutes les statistiques de l'INSEE le démentent. Heureusement, ils ne sont suivis que par un faible nombre de leurs collègues.
Au lendemain de ce qui se voulait un grand raout et qui n'a été qu'un aimable apéritif militant, il faut se réjouir que les yeux se décillent, tout particulièrement chez ceux qui constatent que pendant que quelques-uns attendent le miracle Center Parcs, eux ont à faire à un quotidien souvent difficile devant lequel ils se sentent bien seuls.