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Question n°196

Pourquoi se lier avec une société en situation financière si fragile

Ajouté par Jacquy LIEVRE (St-Ythaire), le
[Origine : Site internet]

Lors du débat d'ouverture à Marizy, j'ai voulu alerter les élus sur la mauvaise santé financière de Pierre & Vacances et les risques que prennent les collectivités à se mettre en ses mains par un contrat de location de long terme. En effet les 3 derniers exercices fiscaux publiés (2011-12 ; 2012-13 ; 2013-14) sont tous déficitaires pour une perte cumulée de 100 millions d'euros environ.

La réponse immédiate de P&V a été tout à fait rassurante et les élus présents ne se sont pas emparés du sujet. M. Klotz a indiqué que la situation était rétablie après une mauvaise passe : " La société a traversé deux années difficiles, on peut dire aujourd'hui que la situation est bien meilleure, que le rétablissement des comptes sur le résultat opérationnel est positif. Il a été positif l’année dernière, il va l'être cette année ".

Or la presse économique de ses derniers jours titre sur "Pierre et Vacances réduit ses pertes au 1er semestre [de l'exercice 2014-15]. " Le groupe a fait état d'une perte nette courante de 84,2 millions, en baisse par rapport aux 99,2 millions d'euros de l'an passé à pareille époque" (Option Finances).

Réduire ses pertes c'est certes positif, mais le trou vient quand même de se creuser de 84 millions !

La réponse orale et publique du Directeur du Développement de P&V était donc trompeuse (à défaut d'être complètement fausse puisqu'il parlait du résultat opérationnel, RO qui ne figure pas dans les communiqués actuellement publiés).

Question 1 : (celle d'origine) Quelle légitimité les collectivités publiques (Département principalement) ont-elles à s'endetter pour soutenir le projet d'une entreprise qui perd de l'argent depuis plusieurs années et qui est connue pour faire supporter son développement par l'argent public ?

Question 2 : A propos de l'animation du débat, quels moyens la CPDP peut-elle mettre en oeuvre pour rectifier le discours de P&V (et dans certains cas des élus qui soutiennent le projet) quand les réponses fournies sont manifestement trompeuses ou manipulatrices comme cela a été le cas à propos des résultats financiers de P&V.

Date de la réponse:
Réponse de La CPDP, le
Réponse:

Réponse fournie par le Conseil départemental de Saône-et-Loire le 7 juillet 2015 :

Les collectivités territoriales ont jugé que la nature et l’ambition du projet proposé correspondent aux enjeux de développements touristiques que sont la confortation de la destination Saône-et-Loire, la recherche de la cible de clientèle famille-nature, l’atténuation de l’effet de saisonnalité du tourisme classique et de retombées économiques et financières.

Le porteur du projet, Pierre et Vacances, est l’un, sinon le leader européen du tourisme et son concept Center parcs répond à ces attentes.

La situation financière et les exigences d’accompagnement de Pierre et Vacances ont été analysées et les propositions négociées par les collectivités, sont beaucoup plus favorables à celles-ci que sur les sites déjà réalisés.

Au stade actuel, le protocole intervenu fixe les bases des engagements réciproques, pour permettre d’étudier plus avant ce projet. L’engagement irréversible interviendra à la conclusion de l’acte de vente en l’état futur d’achèvement (VEFA) et à la signature du bail locatif correspondant.

D’ici là, soit dans un an au minimum, la mise en place de la SEM dédiée, nécessitera de nombreuses expertises financières indépendantes, et l’entrée de co-investisseurs privés qui disposeront eux-mêmes de leurs propres expertises (CDC, banques) garantissant un examen rigoureux de la situation et des perspectives du groupe Pierre et Vacances,  en préalable d’engagements financiers définitifs.

Commentaires

Les données disponibles concernant la situation financière de Pierre et Vacances devraient alerter les élus. Pourquoi faire comme si de rien était au lieu de travailler sérieusement les risques ? On a pu constater à plusieurs reprises que les élus ne connaissent le projet que trop superficiellement.