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Question de la salle 5

Thématiques : ligne 14 – lignes de la gare Laint-Lazare

Arnaud BERTRAND : j'ai la chance de travailler à La Défense, et de pouvoir encore me loger à Paris. J'ai donc la joie de prendre le RER avec beaucoup de monde le matin. J'espère néanmoins que cela va s'améliorer grâce aux projets. Mon point était d'abord de vous dire qu'autant il me semble important d'améliorer le transport dans les prochaines années pour nos besoins immédiats de saturation, autant il me semble essentiel que les politiques sachent raisonner à long terme, et sachent investir. J'ai envie de dire qu'une entreprise qui n'investit pas est une entreprise qui se fera vite dépasser dans le monde d'aujourd'hui. Il me semble important que les politiques sachent raisonner non pas uniquement à 5 ou 6 ans, mais également à 20 ou 30 ans, pour nos enfants et pour notre avenir.

Concernant le financement, le métro du Grand Paris risque de coûter très cher. Il me semble néanmoins important que nous sachions investir beaucoup et massivement sur un projet. S'il faut emprunter, c'est du déficit au départ, mais du déficit qui doit rapporter des choses dans l'avenir. Cela me semble très différent du déficit que nous avons aujourd'hui, qui est abyssal et qui me semble très dangereux, à savoir le déficit public, la sécurité sociale, etc. je pense que le coût très important des investissements qu'il faudra supporter pour demain est autre chose.

J'en viens juste à mes questions qui sont plus pratiques. J'ai l'impression que l’Arc Express et la ligne rouge du Grand Paris sont assez proches, et que les objectifs sont identiques. Il faut peut-être uniquement débattre pour pouvoir les unir. Il y a en revanche un aspect développement sur les autres lignes du Grand Paris qui me paraît essentiel. Il me paraît cependant dommage qu'aujourd'hui, dans le projet du Grand Paris, il n'y ait pas de correspondance avec les lignes de Saint-Lazare. Il y a en effet beaucoup de gens qui habitent à Argenteuil ou dans des endroits de ce type, qui ne sont pas forcément des coins favorisés, et qui pourraient ainsi accéder au réseau.

Un autre point sur la ligne bleue qui doit passer par la ligne 14. Cette ligne Météor ne va-t-elle pas être complètement saturée demain, avec cette ligne qui existe déjà, que l'on peut allonger de 6 à 8 voitures ? Des études ont-elles été faites pour s'assurer qu'il n'y aurait pas demain une très forte saturation sur cette ligne ?

Didier BENSE : sur la question concernant le maillage des lignes de Saint-Lazare, il n'est pas totalement exact de dire qu'il n'existe rien, puisque nous proposons la gare de Bécon les bruyères, qui dessert en particulier la zone de Cergy-Pontoise au bout de son trajet. Effectivement, les choix que nous avons faits dans la boucle Nord des Hauts-de-Seine auraient pu s'intéresser de plus près à la branche provenant d’Ermont, de Sannois et d'Argenteuil. Néanmoins, nous avons là encore obéi à des choix qui ne se basent pas uniquement sur ces critères de transport, mais également à des choix de considérations de vitesse, et de considérations de développement. Les personnes qui descendent effectivement de cette partie du Val-d'Oise sont assujetties à aller jusqu'à Saint-Lazare pour rejoindre le métro du Grand Paris. C'est évidemment un objet de débat.

Sur la seconde question portant sur la fréquentation du réseau, c'est effectivement comme je l'ai dit un réseau utile. 2 millions de voyageurs par jour à la mise en service complète. C'est donc un réseau chargé. La ligne 14 a déjà aujourd'hui une fonction extrêmement importante dans le fonctionnement général du système de transport, puisqu’elle collecte en quelque sorte ce qui vient du sud de l'île de France, avec les lignes D et C, en particulier sur la Bibliothèque, Gare de Lyon et Châtelet. Elle est d'ailleurs aujourd'hui à un niveau de charge tout à fait conséquent, et je crois savoir que le STIF a décidé de renforcer prochainement cette offre de transport, justement parce que cette ligne est aujourd'hui exploitée en réalité au-delà des capacités d'offres qu'elle propose. Pourtant, qui se plaint aujourd'hui du fonctionnement de la ligne 14 ? C'est une ligne fiable et rapide. C'est une ligne automatique qui est effectivement chargée, mais qui rend les services attendus.

Dans les années 90, ses concepteurs avaient prévu le développement qui allait accompagner la mise en service de cette ligne, puisqu'ils avaient effectivement prévu d'augmenter la capacité de cette ligne en portant les trains à 8 voitures, et en donnant la capacité de rapprocher les trains entre eux. C'est cette hypothèse qui est l'hypothèse de base du Grand Paris. À l'horizon très long terme, les pleines capacités de la ligne 14 vont être utilisées. Il faut effectivement être vigilant à ce qui se passera dans l'environnement de cette ligne. Ceci dit, nous sommes sur des scénarios extrêmement volontaristes. Les scénarios que nous avons pris en compte imaginent par exemple une mise en service très renforcée des réseaux TGV, ou le doublement de la ligne Paris-Lyon, qui amènera 75 millions de voyageurs dans le triangle Gare de Lyon-Austerlitz-Bibliothèque. Cela est pris en compte aujourd'hui. Il faut que la ligne 14 rende le service pour lequel elle a été conçue.

Enfin, pourquoi cette intensité d'usage ? Le bouclage assure un fonctionnement extrêmement efficace de l'ensemble du système de transport, et répartit la charge de transport sur l'ensemble des lignes du réseau.

Sophie MOUGARD : pour répondre à cette question, je crois qu'il y a un équilibre à trouver entre d'une part la vitesse, et d'autres par le souci de desservir les territoires, et de faire des correspondances avec l'ensemble du réseau existant. C'est la raison pour laquelle, pour ce qui concerne Arc Express, nous avons une vitesse moyenne de 40 km/h, à comparer à la vitesse des lignes de métro existantes de 25 km/h. Nous allons permettre de desservir l'ensemble des territoires, et de mailler l'ensemble des réseaux, par exemple le réseau de Montparnasse que nous pouvons mailler, ou celui de Saint-Lazare que vous évoquez.

Je voudrais également indiquer que sur un ensemble de Plaine Commune, nous allons nous retrouver avec trois stations qui vont desservir l'ensemble de ce territoire, et pas seulement une question qui ne maille par exemple qu'un seul des deux RER. Je crois qu'il est donc important d'avoir cette conception à la fois de l'utilisation au milieu du réseau existant, ce qui contribue également à le désaturer, et de la desserte des territoires de façon très fine par ces stations intermédiaires.

Jean-Paul HUCHON : je vais essayer de répondre à l'interrogation qui vient de se faire jour. Le STIF n'est pas n'importe quoi. C'est le représentant des usagers à travers des élus désignés démocratiquement. Nous ne sommes pas une société de construction. Nous ne sommes pas l'État. Nous sommes les représentants des usagers. Et lorsque nous écoutons et que nous dialoguons avec les usagers, je vous assure qu'ils aimeraient bien que nous ayons des visions à très long terme de développement économique à venir. Mais ce qu'ils vivent aujourd'hui dans certaines parties du transport, et en particulier dans le RER et dans les lignes de métro saturées, est ce qu'ils veulent améliorer d'abord. Nous avons à construire un projet de transport, et pas uniquement un projet de développement économique d'ailleurs contredit par beaucoup d'analyses qui sont faites par des économistes, et qui disent que cela n'est pas du tout sûr.

Il existe par contre dans les territoires traversés par Arc Express des potentiels de développement de logements et d'activités économiques considérables. En tant que Président du STIF, je suis donc obligé, avec les élus qui représentent les usagers, de tenir compte également de ce que les gens vivent. Très franchement, cette préoccupation apparaissait même dans la présentation des deux films. Il y a une préoccupation d'être près des usagers, et de répondre à leurs soucis quotidiens, tout en construisant l'avenir. Il est évident qu'il faut une rocade de banlieue à banlieue. C'est l'objectif d’Arc Express. Mais honnêtement, il est clair que nous ne sortirons pas de cette contradiction. Je voyais tout à l'heure certains élus qui s'interrogeaient sur ce qui était dit. On me dit que les 4 milliards seront libérés petit bout par petit bout. Mais au-delà des 4 milliards, il faut aller à 25 milliards. Il est clair qu'aujourd'hui, aux conditions économiques de notre pays qui est obligé de diminuer sa dette et d'arrêter d'emprunter de manière constante. Le gouvernement est en train de faire un grand emprunt. Les transports ne sont justement pas partis des items sur lesquels il se met au travail. Il y a un problème.

Nous savons que nous avons ce problème à résoudre, parce que les usagers nous le demandent. Et nous savons le faire. Il faudra bien entendu décaler dans le temps ce qui se fera et qui peut se faire dans la logique du grand métro. Personne ne va tenir à expliquer aux gens qu'il faudra attendre 2020 à 2025 pour disposer d'un bon réseau de transport. Je suis désolé, mais vous n'en sortirez pas.

Applaudissements

André SANTINI : je regrette que Monsieur HUCHON dérape sur la fin. Cela n'était pas nécessaire, surtout sur l'aspect strictement politicien. Avec ce raisonnement, on ne ferait jamais rien, Monsieur HUCHON. Nous avons rarement les crédits inscrits au budget. Vous le savez très bien. Vous avez exercé des fonctions. Revenons donc à ce qui nous intéresse, à savoir comment pouvons-nous développer un véritable réseau de transport en commun qui ménage l'avenir, et qui réponde évidemment aux questions des Franciliens. Je crois inutile que nous dérapions.

Jean-Paul HUCHON : je m'excuse de le dire, mais nous ne sommes pas dans le pays des Bisounours. Il y a des choix politique, budgétaire, et économique qui ont été faits ou qui vont être faits. C'est quand même aussi et toujours aux responsables élus et légitimes de se poser la question des choix. Nous ne sommes pas dans le pays des Bisounours où des techniciens se mettraient d'accord sur des tracés différents. Nous sommes dans la décision politique au sens noble du terme, puisque nous nous occupons de la vie des gens.

Applaudissements

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