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DEBAT AVEC LA SALLE

Question de la salle 11

Thématique : agriculture et développement durable

Laurent SAINTE FORE GARNOULT, secrétaire général des amis de la vallée de la Bièvre : je voudrais faire d'abord deux critiques par rapport à l'analyse et aux prérequis sur lesquels repose le projet du Grand Paris quand il est argumenté autour de la seule valorisation économique industrielle. Il me semble d'abord que cette question de la croissance de la région francilienne, dont il serait essentiel de l'amener au niveau londonien ou new-yorkais, renvoie à un schéma centralisateur qui n'est pas le seul. Nous pourrions opter pour un développement régionaliste. Je suis d'accord sur le fait que ce n'est pas le pré requis sur lequel la loi du Grand Paris a été votée, mais soulignons quand même que nous sommes sur un schéma centralisateur.

Deuxièmement, vous parlez de développement durable. Il me semble là aussi que le développement durable ne peut pas reposer uniquement sur l'essor du secteur secondaire et du secteur tertiaire. Il y a un grand oubli dans votre présentation, et vous avez d'ailleurs vu que cela a fait rire tout le monde, puisque l'on voit que vous connaissez assez mal le secteur du plateau de Saclay, en confondant quasiment les deux extrémités. Il y a quand même entre 8 et 10 km de distance entre les deux pôles du plateau de Saclay.

Je voulais souligner l'importance du secteur primaire, à savoir les terres agricoles. Depuis le forum sur l'agriculture du plateau de Saclay en 2006, nous sommes parvenus à faire comprendre aux élus l'importance des 2 500 ha de terres agricoles, qui ont été ramenés à 2 300 ha par la loi. La protection de l'agriculture sur le plateau, ce n'est pas seulement 2 300 ha, mais ce sont les conditions d'exploitation. Ces dernières pourraient être mises à mal, en particulier parce que vous avez dit que ce métro serait rentable avec une fréquentation de 10 000 à 40 000 personnes. Or aujourd'hui, on nous annonce pour le campus Saclay une fréquentation à 30 000 personnes jour. Je crains donc que ce ne soit pas la même rentabilité que celle d'un métro. Si la rentabilité s'avère être insuffisante, que va-t-il se passer ? Est-ce que l'on va amener de la population pour augmenter la rentabilité, en urbanisant autant des gares, et dans ce cas la mettre à mal le site classé de la Bièvre et la richesse agricole du plateau ? Ou allons-nous réduire les coûts par un tracé en surface dont je vois qu'il a été évoqué il y a peu, en détruisant la possibilité de développement agricole des fermes du plateau ?

J'espère une réponse sur les possibilités de passages aériens, ou leur exclusion. Je voudrais rappeler enfin que notre porte-monnaie n'est pas extensible. Et que les populations du coin de la vallée de Bièvres se préoccupent beaucoup d'un coût de transport qui va mettre à mal le financement des transports dont elles ont besoin, à savoir le RER C et les maillages Nord-Sud.

Applaudissements

Marc VERON : je vous rassure tout de suite sur la confusion entre La Lumière et la Martinière, mon bureau a été distant de la Martinière de 300 mètres pendant trois ans. Croyez bien qu'ayant dirigé le centre de recherche de Thomson à Corbeville Orsay, je connais parfaitement le secteur.

Concernant le schéma centralisateur, je ne comprends pas très bien la remarque. Comment ce dessin est-il arrivé en projet et dans les dossiers de débat public ? Il n'est pas arrivé parce qu'une bande de technocrates a élucubré dans un bureau. Il est arrivé en projet parce qu'il y a eu toute une série de concertations qui ont été menées à la demande du Premier ministre depuis le mois de juillet 2009. Je peux vous garantir que des centaines de maires ont été directement consultés, et que tous les Présidents de Conseils généraux ont été consultés, quelle que soit leur famille politique, ainsi que les acteurs économiques et culturels majeurs. C'est la raison pour laquelle par rapport à Arc Express qui vous présente trois possibilités de tracé au sud et trois possibilités de tracer au Nord, ces arbitrages ont pu être rendus, pas par nous, mais par la volonté des maires exprimant leur souhait de passer d'une certaine façon ou d'une autre. De la même façon, sur aérien et souterrain. Nous n'avons aucune préférence a priori. Maintenant, si vous pensez qu'il faut passer sur Saclay en aérien, nous écouterons cela avec beaucoup d'intérêt. Nous avons quand même été un peu à l'écoute pour éviter de tomber dans des chausse-trappes de ce genre.

Comme la partie environnementale agricole a fait l'objet des travaux de Florence CASTEL, j'aimerais bien qu'elle dise ce que nous avons fait.

Florence CASTEL, Directrice du développement durable SGP : la question agricole est sensible, et la question environnementale l’est tout autant sur Saclay. Cela n'a échappé à personne. C'est historique. Ce territoire est emblématique de ces zones préservées que par divers moyens, et les protections que vous avez citées par les sites classés ont été des moyens parfois détournés d'éviter une urbanisation galopante.

Dans l'évaluation stratégique environnementale, nous avons effectivement fait une analyse la plus objective possible des atouts et les faiblesses de ce territoire, et en particulier en considérant l'agriculture non pas seulement comme une activité, mais également comme une agriculture qui s'intègre pleinement dans un paysage, avec un rôle fonctionnel particulièrement important. Il est essentiel de préserver les continuités écologiques, le mode de fonctionnement de ces territoires.

Vous aurez probablement étudié, dans l'évaluation stratégique environnementale que nous avons proposée, le fait que cette zone a été déclarée comme à très fort enjeu du point de vue environnemental et du point de vue agricole. Il serait tout à fait possible d'envisager techniquement, et ce serait probablement beaucoup moins onéreux, un passage en aérien du métro Grand Paris sur ce territoire. Pour autant, alors même que l'évaluation stratégique environnementale ouvre cette voie, nous avons fait le choix, dans le dossier de débat public qui vous est présenté, de proposer un passage en mode souterrain alors même que nous avons anticipé le fait que cela posera des difficultés techniques supérieures, et que cela occasionnera des coûts qui sont également supérieurs.

La position de la Société du Grand Paris est donc très claire à ce stade. Il faut préserver non seulement l'agriculture sur le territoire du plateau de Saclay, mais sa fonctionnalité tout entière. Quant à la réglementation en matière d'urbanisation, vous savez probablement que la réglementation en matière de sites classés, et la vallée de la Bièvre, comme la vallée de l’Yvette, sont déjà classées au titre de la loi de 1930 réglementant très sérieusement les possibilités de construction. Tout aménagement ou construction, hors peut-être la couleur des volets, est soumis à autorisation expresse du ministre chargé des sites, c'est-à-dire du ministre de l'Écologie.

Pierre VELTZ, établissement public de Paris Saclay : nous sommes très convergents avec ce que l'on vient d'entendre. On a beaucoup opposé dans le passé le développement agricole et le développement urbain. Je pense en fait les schémas que nous proposons actuellement montrent qu'il est tout à fait compatible, compte tenu de la très grande taille de ce territoire, de concilier ces objectifs, et même de les articuler. Je pense que nous avons l'occasion unique sur le plateau de Saclay d'inventer de nouvelles formes de relations entre ce que l'on appelle le développement « urbain » et le maintien d'une agriculture productive qui est le meilleur garant du maintien du paysage et de la qualité de la vie. L'objectif des 2 300 ha a été inscrit dans la loi, et il va de soi que nous le respectons. Mais nous n'avons aucun mal à le respecter dans la mesure où le principe que nous proposons dans le domaine de l'urbanisme est d'être beaucoup plus compacts dans nos aménagements que ce qui a été fait jusqu'à présent. Quand on est compact, on gagne sur tous les plans. On gagne en accessibilité. On mange moins de terres agricoles. On crée plus de vie et d'animation.

Le campus est très grand. Par exemple au sud, entre l'école polytechnique et le CEA, il y a six kilomètres. C'est gigantesque. Si on applique ce principe de compacité, et on a commencé avec des schémas déjà très précis qui sont bien sûr maintenant en discussion avec les collectivités locales directement concernées, on voit qu'il est tout à fait possible de concilier les objectifs avec un développement d'activités, d'enseignement et de recherche, et même de développement économique.

François LEBLOND : je vous remercie. Je voulais simplement préciser qu'il y aura un débat public sur le plateau de Saclay, et que ces sujets seront à nouveau étudiés dans ce cadre. Ils viendront donc compléter ce qui est fait à l'heure actuelle à propos du Grand Paris.

 

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