QUESTION 456 -
Posée par BACHER, le 28/10/2013
Question posée lors du débat contradictoire du 16 octobre 2013 - Risques et sécurité :
L'opportunité
Qu’on le veuille ou non, les déchets nucléaires à vie longue ou à forte activité (HAVL) existent. Comme l’ont affirmé les responsables successifs de l’ANDRA, la question de leur devenir se pose, que l’on poursuive ou que l’on arrête le programme nucléaire. Les deux questions qui se posent, vis à vis des générations futures, sont dès lors les suivantes : vaut-il mieux les garder en surface ou sous terre ? Le stockage profond peut-il être considéré comme sûr ?
Réponse du 06/12/2013,
Réponse apportée par l’Andra, maître d’ouvrage :
Les déchets radioactifs destinés à Cigéo sont des déchets dangereux, qui le resteront plusieurs dizaines à centaines de milliers d’années. Le seul et unique objectif du stockage profond est de protéger l’homme et l’environnement de ces déchets sur de très longues durées.
Ces déchets, produits depuis les années 1960, sont actuellement entreposés de manière sûre mais provisoire dans des bâtiments sur leurs sites de production, dans l’attente d’une solution de gestion à long terme. Ces installations d’entreposage ne sont pas conçues pour confiner la radioactivité à très long terme. En cas de perte de contrôle de telles installations, les conséquences radiologiques sur l’homme et l’environnement ne seraient pas acceptables.
La sûreté est au cœur du projet Cigéo. L’ensemble des risques est caractérisé et l’installation est dimensionnée en conséquence pour garantir une sûreté maximale. L’Andra doit démontrer qu’elle maîtrise tous ces risques pour que la création de Cigéo puisse être autorisée. Par ailleurs, si Cigéo est autorisé, sa construction se fera de manière très progressive pour contrôler toutes les étapes de son développement. Tout ceci se fait sous le contrôle d’évaluateurs scientifiques et de sûreté indépendants, notamment la Commission nationale d’évaluation et l’Autorité de sûreté nucléaire qui orientent les travaux de l’Andra. Les avis des évaluateurs sont disponibles sur le site du débat public : http://www.debatpublic-cigeo.org/informer/documents-complementaires/avis-autorites-controle-et-evaluations-permanentes.html
Réponse apportée par Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) :
Les déchets HA-VL et MA-VL existent en effet et quel que soit l’évolution du programme nucléaire retenu et mis en œuvre par les gouvernements, d’autres déchets seront produits, dans les années à venir, par les réacteurs qui resteront encore en fonctionnement.
Pour les déchets HA, qui dégagent une énergie thermique importante, une phase de refroidissement d’une soixantaine d’années s’impose, ce qui nécessite une phase de stockage préalable en surface. Elle est et sera assurée en très grande partie au niveau de la zone de production (Marcoule 580m3 et La Hague 11157m3, fin 2012).
Mais il faudra cependant réaliser sur le site de stockage, une INB chargée de recevoir les divers colis radioactifs en transit avant l’enfouissement. Le délai qui nous sépare de la date, pour un enfouissement des colis THA devenu possible, montre qu’il reste du temps pour explorer d’autres technologies de conditionnement et de gestion. Cette liberté ne concerne pratiquement que les combustibles "usés" non encore retraités. Il n’est en effet pas envisageable de reprendre les déchets vitrifiés afin de les reconditionner.
Garder les déchets en surface, c’est :
- soit parier sur la transmission de la mémoire et le maintien d’un entreposage sûr durant des siècles, en acceptant les coûts que cela implique[1] pour la génération présente et celles à venir,
- soit se laisser du temps pour trouver une solution plus fiable que le stockage géologique.
Entreposer en profondeur géologique c’est :
- S’assurer qu’il n’existe pas de raisons particulières qui conduisent à faire des sondages profonds pour rechercher des matières (pétrole, gaz, minéraux divers, géothermie) lorsque la mémoire du stockage aura été perdue.
- Choisir une roche d’accueil qui permettra d’isoler très longtemps les déchets de l’atteinte des eaux souterraines, qui finiront toujours par attaquer et dissoudre l’enveloppe des colis puis les matières qu’ils renferment.
- Stocker des colis qui ne peuvent endommager la roche d’accueil (dégagement thermique excessif entraînant des températures supérieures à 90-100°C).
- Réduire au minimum les risques durant la phase de remplissage du site (lutte contre l’inondation et l’incendie notamment).
Afin de garantir le confinement des déchets sur de très longues périodes de temps, s’assurer d’une fermeture étanche des voies d’accès aux zones de stockage (4 puits verticaux, descenderie).
[1] Une installation d’entreposage des déchets de moyenne ou haute activité est conçue pour une durée comprise entre 60 et 100 ans.