Afin de préparer la réunion thématique sur les territoires de projet, qui se tiendra au campus HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) le 30 novembre prochain, la Commission Particulière du Débat Public sur le Réseau de Transport du Grand Paris vous propose des éléments d’information sur ces territoires de projets, tirés du Dossier du Maître d’ouvrage (Société du Grand Paris, 2010), dans le cadre de la procédure du Débat Public.
1. Première approche sur les territoires de projet
-         Qu’est ce qu’un territoire de projet ?
- « Ces territoires de projets sont des pôles d’activités qui doivent démultiplier le potentiel de création, de richesse et d’innovation. » (Présentation de la réunion thématique par la Société du Grand Paris, Compétitivité et Rayonnement International, Paris, 2010)
- « Les territoires sont des leviers cruciaux de l’économie de la connaissance et de l’innovation, pivots d’une organisation économique et spatiale en parfaite intégration. […] Ces orientations stratégiques générales, déclinées sur chaque territoire, en partenariat étroit avec les collectivités locales, créeront des identités fortes, permettront de piloter l’approche spatiale du développement et de l’aménagement de la Région Capitale en renforçant les performances économiques, environnementales, sociales et en termes de déplacement. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
-         N’y a-t-il pas d’autres territoires de projets que les 8 présentés ?
- « Nous n’avons jamais prétendu résumer au travers les 8 territoires de projets tous les territoires potentiels de création de la région parisienne. Je vais citer un exemple qui est en dehors du tracé du métro. Le territoire de la confluence entre Cergy-Achères-Chanteloup est manifestement un territoire d’expansion extrêmement intéressant. Pour autant, il n’est pas question de le desservir par métro. Il y a d’autres moyens de les ramener vers le Grand Paris. On pourrait également faire la même observation s’agissant d’un territoire qui n’est plus au sud, Evry Corbeilles. Dès lors qu’Evry, Corbeilles, Sénart et peut-être Melun pourraient un jour former un projet, cela peut être également extrêmement intéressant. Donc de ce côté là , ce n’est pas une liste fermée. » (Marc Véron, Président du Directoire de la Société du Grand Paris, réunion thématique Compétitivité et Rayonnement International, Paris, 2010)
-         La source du Grand Paris a identifié dans certains documents 9 pôles facteurs de développement futur pour l’Ile de France. Le réseau proposé relie 8 de ces 9 pôles, pas le neuvième : Cergy-Confluence, à la limite Yvelines/Val d’Oise. Pourquoi ?
- La réflexion sur le Grand Paris a été conduite sur la base d’un projet de développement économique permettant d’identifier des territoires de projets, destinés à concentrer l’implantation de nouvelles activités. Parmi ceux-ci, Confluence a été considéré comme disposant d’atouts majeurs autour de sa vocation fluviale au confluent de la Seine et du canal Seine Nord Europe. La spécificité en nature d’activité de ce territoire ne saurait à elle seule justifier une desserte par un transport du type métro. Le territoire Confluence est donc bien représenté sur les cartes qui traitent spécifiquement des territoires de projet, mais il n’apparaît pas sur celles qui s’attachent plutôt à montrer le tracé et les dessertes du Métro Grand Paris, comme celle à laquelle vous faites référence. Si le Métro Grand Paris constitue une armature qui permettra de relier et de mettre en réseau la majeure partie des territoires du Grand Paris, il ne pourra relier le secteur d’Achères, d’une part en fonction de sa situation géographique, excentrée par rapport au projet de métro, lequel se doit avant tout de desservir les zones les plus denses, d’autre part en fonction du type d’activités à développer, liées à la logistique fluviale.
Ce secteur pourra aussi être connecté au Métro Grand Paris par le biais des autres lignes qui composeront le futur réseau de transports en commun régional, notamment le RER E et la tangentielle Ouest qui seront tout naturellement appelés à jouer un rôle majeur dans l’amélioration de l’accessibilité de ces secteurs. » (Réponse de la Société du Grand Paris à la question d’un citoyen, 2010)
-         Quelle est la différence entre territoire de projet et clusters ?
- « Un cluster se définit comme un groupe d’entreprises et d’institutions partageant un même domaine de compétences, proches géographiquement, reliées entre elles et complémentaires » (Porter M., 1999, On Competition, repris dans le Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- « Il y a un territoire de projet au Nord-est [de l’Ile-de-France]. Ça n’a rien d’un territoire de projets économiques [un cluster]. C’est tout simplement le désenclavement des zones ultrasensibles qui se sont révoltées il y a quelques années de cela, et qui ont je crois puissamment instiller dans l’esprit international une certaine image de Paris. Nous ne pouvons pas vivre avec […] car on voit bien que si nous raisonnons en termes d’expansion sans traiter au fond les quartiers sensibles et marginalisés, nous n’aurons pas fait une opération satisfaisante, et nous serons constamment rappelés à la déserrance de ces quartiers. » (Marc Véron, Président du Directoire de la Société du Grand Paris, réunion thématique Compétitivité et Rayonnement International, Paris, 2010)
-         Quels sont les avantages du réseau de transport public pour assurer le développement de ces territoires de projet ?
- « La réalisation du projet de réseau de transport du Grand Paris est déterminante dans la mise en œuvre du projet économique, urbain et social du Grand Paris.
- Ce réseau vise à structurer l’aménagement des territoires desservis et à les raccorder au cœur même de l’agglomération et aux portes de la ville-monde. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Le réseau de transport du Grand Paris doit favoriser la structuration du territoire et la fluidité des déplacements quotidiens » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
2. Foire aux questions. N’hésitez pas à apporter votre contribution ou à proposer vos idées.
-         Quels sont les hypothèses de créations d’emplois et leur impact sur le trafic ?
-         Comment les clusters vont-ils réussir leur ancrage territorial ? Et dans quels secteurs ?
-         Pourquoi le pôle de Saclay a-t-il besoin d’échanges rapides ?
-         Quel est la position de Paris dans la concurrence internationale dans ce domaine ?
3. Les Territoires de projet en Ile-de-France, définis par la Société du Grand Paris
- Paris – le Bourget (ligne rouge et verte, ligne 14 prolongée) : « Une porte sur l’international »
« Situé entre Roissy et la capitale, Le Bourget a vocation à devenir la porte d’entrée urbaine internationale du Grand Paris. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- La Défense (ligne rouge et verte): « Cité Financière du Grand Paris : cluster financier et de services à haute valeur ajoutée »
« L’arrivée du réseau du Grand permettra d’augmenter l’attractivité de ce territoire, en reliant directement La Défense aux autres pôles de développement et aux portes internationales de la Région Capitale que sont les aéroports de Roissy et d’Orly. Le prolongement du RER E à l’ouest contribuera à amplifier ce bénéfice. Les nouvelles gares à l’ouest de l’Arche permettront de consolider le développement de Seine-Arche, et d’engager la transformation du quartier des Groues. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Est Parisien – Cité Descartes (ligne rouge) : « Territoires d’innovation pour un développement urbain et durable »
« Aujourd’hui, le territoire est relié à la capitale par une branche du RER A et deux branches du RER E. Entre les rocades A86 et A104 qui délimitent le territoire, l’autoroute A4 assure la principale desserte routière. La mise en service du réseau du Grand Paris concrétisera le développement d’un nouvel axe nord-sud, et effacera la barrière que constitue la Marne. La Cité Descartes se trouvera ainsi à 30 minutes de Roissy et à moins de 45 minutes du pôle de Saclay, ce qui permettra de faciliter des échanges liés à l’innovation avec ce pôle scientifique et technologique. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Est de la Seine-Saint-Denis (ligne rouge) : « Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Livry-Gargan, Sevran, Aulnay-sous-Bois : recréer un pôle urbain de qualité »
« Le futur réseau du Grand Paris va permettre de redynamiser le tissu urbain, de désenclaver certains quartiers et de faciliter l’accès à l’emploi dans les pôles du Bourget, de Roissy et de la Cité Descartes. Le territoire sera ainsi réintégré à la métropole parisienne et ses habitants bénéficieront de cette nouvelle dynamique économique urbaine. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- La Plaine Saint-Denis (ligne verte, ligne 14 prolongée) : « Territoire de la création »
« Desservi par le futur réseau du Grand Paris, le secteur Pleyel – Landy deviendra un carrefour stratégique interconnecté au RER D, et accueillera la future gare TGV internationale. La Plaine Saint-Denis occupera ainsi une position plus centrale dans l’agglomération parisienne. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Roissy-Villepinte-Tremblay (ligne verte, ligne 14 prolongée) : « Au cœur de l’économie des échanges »
« Le réseau du Grand Paris assurera une desserte performante pour les usagers de l’aéroport, de sa gare TGV et du Parc international des Expositions de Villepinte. De plus, il permettra un accès fiable pour l’est de la Seine-Saint-Denis, ainsi que pour le secteur de Marne-la-Vallée. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Plateau de Saclay (ligne verte) : « cluster scientifique et technologique »
« Le réseau du Grand Paris, en complément du réseau RER, permettra à la fois de desservir le chapelet de campus et de relier le Plateau de Saclay aux autres pôles de recherche régionaux et au cœur de Paris. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
- Sud de Paris (ligne rouge et verte, ligne 14 prolongée) : « Le territoire de la santé et des biotechnologies »
« Le réseau structurant du Grand Paris va changer la perception et l’usage des lieux. Il jouera un rôle déterminant pour structurer le pôle lui-même en rapprochant ses différents composants et répondre au manque de liaisons est-ouest. Le nouvel équipement reliera Paris à Orly en moins de 15 minutes. Un nœud majeur du réseau francilien est prévu à Villejuif, ce qui contribuera à renforcer l’attractivité du territoire. » (Dossier du Maître d’ouvrage, Société du Grand Paris, 2010)
Consulter les cahiers d’acteurs en relation avec la thématique :
Cahier d’Acteur d’Institut Télécom
Cahier d’Acteur de Jouy Ecologie
Cahier d’Acteur du Campus Paris Saclay
Cahier d’Acteur MEDEF Ile-de-France
Cahier d’Acteur d’EPAMARNE EPAFRANCE
Cahier d’Acteur des Collectivités Territoriales du Pôle du Bourget
Cahier d’Acteur des Aéroports de Paris (ADP)
Cahier d’Acteur de l’ADOR (Association pour le Développement Economique du Pôle Orly-Rungis)
Cahier d’Acteur de Citoyens Actifs et Solidaires
Cahier d’Acteur de Renault – Etablissement de Guyancourt
Cahier d’Acteur du Réseau Associatif du Plateau de Saclay
Réactions à la lecture du cahier d’acteur du Campus Paris Saclay
1) Sur le déménagement de la faculté d’Orsay
Nous ne trouvons pas dans le cahier d’acteurs de la FCS d’argumentation sur la nécessité de faire monter une grande partie de la fac d’Orsay sur le plateau et de consommer ainsi inutilement des terres agricoles. Ce déménagement ne sait pas (ou ne veut pas) tenir compte du coût que représente le sacrifice des terrains du plateau. La concentration sur le plateau néglige les coûts induits par la disparition progressive de l’espace agricole: coûts de transport, coût de perte de biodiversité…. Autant de coûts liés à la spécialisation de l’espace, à l’extension sur le territoire agricole et à la concentration d’une mono activité.
Par ailleurs, l’argument consistant à dire que cela coûterait plus cher de rénover que de reconstruire à neuf, qui a été un moment avancé par la Mission de préfiguration de l’OIN, n’est évidemment pas recevable puisqu’elle s’appuyait sur la référence du coût de la rénovation du campus de Jussieu. Celui-ci ne peut pas servir de point de comparaison car la situation de Jussieu est très différente (très grande densité d’occupation, qui oblige à un phasage des travaux très contraignant, présence d’amiante floquée qui décuple les coûts de réhabilitation). De plus, comparer le coût du neuf et le coût de la rénovation évacue la question de la restauration du terrain à l’état précédent la construction. Or le coût de déconstruction et de dépollution (il s’agit pour la plupart de laboratoire de chimie, de physique nucléaire) devrait être comptabilisé. La comparaison oublie de comptabiliser tous ces coûts qui porteront plus tard sur l’Université ou la ville. Si l’on veut un minimum penser développement durable, il faut introduire (internaliser) ces coûts.
Enfin, si on veut véritablement « rapprocher le monde universitaire du monde industriel », on peut le faire aussi bien sur la zone de Courtabeuf, et si cela avait pour effet d’attirer un réseau de transport digne de ce nom pour les salariés de Courtabeuf et les habitants des Ulis, là oui, on pourrait dire qu’on va réaliser à coup sûr quelque chose d’utile.
2) Sur la logique du cluster
Nous ne trouvons pas d’argumentation sur l’utilité de réunir tous les acteurs du cluster sur un territoire aussi resserré que possible, alors que de nombreux spécialistes de la question soutiennent que cela n’est pas suffisant, voire que cela n’est pas le problème. Nous avons résumé ces arguments sur notre cahier d’acteurs (voir ce cahier d’acteur, en date du 2/11)
3) sur les principe d’urbanisme et le phasage prévu
Il est écrit que les réseaux de transport sont « un élément structurant qui doit précéder l’urbanisme », vision datée, en contradiction complète avec les tendance actuelles de l’urbanisme qui considèrent que le réseau de transport collectif doit être conçu au service d’un projet de développement et non pas prétendre en être l’élément structurant essentiel. Quant à l’affirmation que ce transport précèderait l’urbanisme, louable intention, mais il doit s’agir d’un trait d’humour… Il suffit de rapprocher des chiffres: arrivée des premiers étudiants sur le plateau prévue pour 2015 (AgroParisTech), arrivée du métro pas avant 2035, puisque le financement du tronçon La Défense – Versailles – Saclay – Orly proposé dans le rapport Carrez ne commencerait pas avant 2025 ; donc environ 20 ans de retard….
Les Citoyens actifs et solidaires (CAS Orsay)
26/11/2010
cas-orsay@no-log.org
références :
Cahier d’acteur du Campus Paris Saclay :
http://www.debatpublic-grandparis.org/_script/ntsp-document-file_download.php?document_id=341&document_file_id=341
Cahier d’acteur de CAS Orsay
http://www.debatpublic-grandparis.org/_script/ntsp-document-file_download.php?document_id=247&document_file_id=258