Point de vue n°28
Une aberration absolue
Nul ne peut nier l'importance et l'urgence de développer les énergies renouvelables, mais un tel projet aussi démesuré (62 éoliennes de 210 mètres de haut occupant une surface de 83 km2 et très proches des côtes vendéennes) est absolument inacceptable. Les îles de Vendée qui offrent les espaces naturels les plus remarquables et les plus préservés des côtes de Vendée, n'ont simplement pas pour vocation à accueillir un site industriel de très grande ampleur à proximité de leurs côtes. Les raisons objectives pour s'opposer à ce projet sont en effet nombreuses.
Essayons d'en faire la synthèse :
- un impact visuel majeur qui va bouleverser totalement les paysages de l’île d’Yeu (de la pointe du But jusqu'à la pointe Gauthier) et ceux de la façade ouest de Noirmoutier, alors que ces paysages maritimes sont encore une fois parmi les plus remarquables et les plus préservés de Vendée ;
- les marins-pêcheurs qui ne pourront pas pêcher au chalut dans le parc contrairement aux promesses qui leur avaient été faites sont très mécontents ;
- une production électrique bien dérisoire compte tenu de la surface maritime sacrifiée (combien de parcs éoliens de même capacité faudrait-il pour envisager la fermeture d’une centrale nucléaire ?) ;
- un coût de production électrique démultiplié du fait des coûts de construction et de maintenance ;
- une rentabilité qui reste à prouver compte tenu notamment de la variabilité de la vitesse du vent ;
- il n'existe aucun retour d'expérience sur un tel projet car ce serait la première fois que l'on implanterait des éoliennes de telles dimensions, de plus les parc éoliens donnés en exemple en Mer du Nord sont situés bien plus loin en mer à 100 km des côtes ;
- un projet qui n'a rien d'écologique eu égard aux tonnes de béton qu'il va falloir couler dans la mer pour ancrer les fondations ;
- des travaux de raccordement électrique et d’atterrage qui vont dévaster les fonds sous-marins ;
- un impact majeur sur la faune sous-marine démontré lors de la construction ;
- les fondations jacket ne joueront pas le rôle de frayères pour les poissons comme cela avait été espéré ;
- une incertitude quant au bruit généré par les éoliennes ;
- des problèmes de sécurité maritime ;
- un impact non évalué sur le tourisme ;
- l'absence de réponse du maitre d'ouvrage quant à l'importance des infrastructures terrestres nécessaires (quels bouleversements pour Port Joinville et l'Herbaudière, ports avant tout à vocation touristique ?) ;
- le démantèlement en fin d'exploitation est promis mais il semble parfaitement irréaliste. ... avec comme seuls bénéfices pour les îles de Vendée, des retombées financières et une centaine d’emplois promis (sont-ils d'ailleurs vraiment garantis ?) à Yeu et Noirmoutier. Notons aussi que très peu d'islais ou de noirmoutrins seront embauchés car seuls seront embauchés les techniciens bénéficiant déjà d'une expérience dans l'éolien terrestre.
Au Tréport, l'opposition au parc éolien est très vive, la mobilisation des élus, des citoyens et des associations commence à faire reculer le projet. Avec cet exemple, espérons que les élus vendéens prendront également conscience de la folie d'un tel projet, le rejetteront comme ils ont rejeté le projet du second parc éolien et soutiendront un projet beaucoup plus visionnaire (hydroliennes par exemple, immergées et donc invisibles).
Emmanuel Vrignaud