Question n°40
Câbles sous marins
le ,Bonjour,
L'acheminement de l'électricité depuis les éoliennes vers la terre doit se faire à l'aide de câbles sous marins Ces câbles sont-ils enterrés ? Sont-ils fixes ou mobiles au gré des marées ? Quel impact sur les fonds marins ? Quid du rayonnement électromagnétique sur la faune et la flore ? A proximité des côtes, par petit fond, on sait que c'est là que la faune et la flore sont les plus développés. Il est donc inquiétant de voir une telle surface de fonds recouverte de manière définitive.
Merci pour votre retour,
Cordialement
Les câbles destinés à acheminer l'électricité depuis les éoliennes vers la terre sont des câbles à l'origine parfaitement isolés électriquement et protégés mécaniquement par un ensemble de couche isolante et résistante mécaniquement (notamment pour les efforts de déroulage depuis un navire câblier vers le fond marin). A titre d'information, les câbles sous-marins seront des câbles triphasés en 225 000 volts alternatif, de faible fréquence (50Hz) pesant environ 130kg/m. Néanmoins, RTE étudie un mode de protection supplémentaire pour rendre ce câble compatible avec les usages de la mer et compatible avec son environnement. Pour cela, le mode de protection adapté dans des fonds meubles et l'ensouillage et sur des fonds « durs » l'enrochement ou la pose de matelas rocheux. La profondeur d'ensouillage, le type d'enrochement résulteront des études en cours sur le fond marin (études de courant marins, étude benthos) de manière à prendre en compte les potentiels courants de fond et être au maximum dans l'évitement des zones à enjeux (exemple : enjeux laminaires).
S'agissant des champs électromagnétiques, comme tout câble électrique dans lequel il circule un courant et quel que soit le niveau de tension ( 220 volts à 225 000 volts), le câble sous marin est le siège d'un champ principalement magnétique car la composante champ électrique, par nature de construction du câble est annulée (écran à l'intérieur du câble). Ce champ magnétique, proportionnel au courant électrique exprimé en ampère, a la particularité de décroitre très rapidement avec la distance (par exemple avec la profondeur d'ensouillage ou l'épaisseur de l'enrochement) de sorte qu'à une dizaine de mètre, le champ magnétique est quasi nul. En comparaison, le champ magnétique terrestre est présent en continu.
La très grande majorité des espèces n'a aucune sensibilité au champ magnétique, en témoignent les nombreux cas de colonisation par des mollusques et crustacés de câbles électriques non ensouillés. Des études américaines (US DOE http://www.pnnl.gov/main/publications/external/technical_reports/PNNL-20813Final.pdf) ont ainsi confirmé l'absence d'influence du champ magnétique sur le comportement des crustacés, et ce jusqu'à des niveaux 100 fois supérieurs à ce qui est attendu ici.
Les mêmes études (même source) menées sur les espèces bentho-démersales (flétan principalement) ne permettent pas de conclure à un effet du champ magnétique sur la croissance et le développement des individus (là aussi, malgré une exposition à des champs magnétiques plus de 100 fois supérieure à ce qui est attendu ici).
Enfin, les expériences in situ menées au Danemark suite à l'installation du parc éolien en mer de Nysted (DONG Energy et al., 2006) ont conclu que le champ magnétique émis par des câbles à très haute tension en milieu marin ne constituait pas un obstacle au déplacement des espèces de poissons migratoires. Ce qui est cohérent avec les faibles valeurs de champ attendues et ce d'autant plus que les espèces migratoires sont en général des espèces pélagiques, vivant donc éloignées du fond où seront posés les câbles.
Enfin, pour être complet, si aucun champ électrique n'est directement émis par les câbles, en revanche, les câbles émettent indirectement (par induction) un champ électrique, d'un niveau très faible.
Certaines espèces d'élasmobranches (requins et raies) sont sensibles à des micro-variations de champ électrique, qu'elles utilisent, entre autres signaux, pour s'aider à repérer leurs proies. Une étude (Gill et al. 2009) menée dans une nasse de ferme aquacole a confirmé la capacité de ces animaux à percevoir ce champ, sans qu'il ne soit pour autant constaté de modification comportementale.