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Question n°49

Quel intérêt pour l'économie locale

Ajouté par Olivier NOURRAIN (Noirmoutier), le
[Origine : Site internet]
  • Quelles sont les garanties que les bases de maintenance seront implantées sur Yeu et Noirmoutier ?
  • Quelles sont les garanties que les opérateurs seront recrutés sur des contrats de droit français ?
  • Quelles sont les garanties que les opérateurs seront recrutés sur le marché de l'emploi local ou régional ?
  • Quelles sont les garanties que les navires de maintenance seront sous pavillon français et les marins sous le régime français de protection sociale (ENIM) ?
  • Quelles sont les retombées estimées sur l'économie locale: de la pêche, du tourisme, de l'immobilier, de l'artisanat, de l'industrie ?
  • Quelles sont les retombées environnementales estimées: sur les fonds marins, sur la faune et la flore marine, la courantologie locale ?
  • Quel est le degré de dangerosité estimé des principaux produits susceptibles d'être déversés en mer dans le cadre du fonctionnement, de l'entretien et de la maintenance normales des appareils: peintures, antifoulings, huiles mécaniques ?

Observations complémentaires: les éoliennes existent en Vendée depuis trois siècles, on appelle ça des moulins; pourquoi ce projet en mer avec toutes les difficultés induites, au lieu d'implanter sur terre un parc de moulins modernisés en accord avec l'histoire, le culture et les paysages de la région ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Voici les éléments de réponses dont nous disposons :

1) Bases de maintenance à Yeu et Noirmoutier

Dans sa réponse à l’appel d’offres de l’Etat, le maître d’ouvrage a proposé l’implantation d’une base de maintenance à Port Joinville (Ile d’Yeu) et d’une seconde sur le port de l’Herbaudière (Noirmoutier), répondant ainsi à une attente des élus.

Cette proposition présente aussi des avantages du point de vue du maître d’ouvrage : complémentarité technique des deux sites, limitation des impacts pour chaque port, disponibilité de l’un des deux ports en cas de problème dans l’autre port.

Les choix finaux d’implantation seront confirmés après l’étude détaillée en cours menée par un bureau d’études spécialisé, prenant notamment en compte les caractéristiques techniques précises à la date de ce choix (capacité notamment) et les avis des autorités concernées (élus, chambre de commerce et d’industrie, conseil portuaire).

Pour plus d’information sur les ports de maintenance, se référer à la fiche E complémentaire du dossier du maître d’ouvrage disponible sur le site internet du débat public.

2) Recrutement des opérateurs – garanties

Concernant les activités de maintenance des éoliennes et autres composants du parc, celles-ci devraient créer 125 emplois directs d’opérateurs localisés à proximité immédiate, et ce pendant toute la durée de vie du parc, soit pendant  20 à 25 ans [1]. Environ 375 emplois indirects seront également mobilisés ponctuellement auprès de sous-traitants pour assurer les interventions de maintenance rendues nécessaires.

À ce jour, l’étude sur la structuration des activités de maintenance permettant de répondre à votre question est en cours : Les emplois seront répartis entre soit l’exploitant, c’est à dire le maître d’ouvrage, soit Adwen, son partenaire industriel exclusif,  ou bien d’autres prestataires qui pourront être étrangers. Concernant les contrats de travail, la législation française sera appliquée.

La constitution d’une filière industrielle de l’éolien en mer passe par le développement des compétences tant au niveau national que local. Le groupement s’est engagé et continue à s’engager dans la structuration d’un plan de formation pour rendre possible la réalisation des prestations de maintenance localement par des salariés formés et employés en France.

Ainsi, 85 000 heures ont été prévues par le maître d’ouvrage et son partenaire ADWEN pour les besoins des sites d’exploitation et de maintenance.

Le maître d’ouvrage travaille avec des instituts/lycées locaux pour définir et répondre aux besoins de formations des employés de demain. Le maître d’ouvrage s’engage également à travailler aux côtés des organismes régionaux (du Mans, IUT de Saint-Nazaire), des acteurs locaux, des élus et des instances nationales afin de mettre en place ce plan de formation, au plus près des sites d’implantation en mer.

Ces travaux ont déjà des retombées concrètes : Adwen a ainsi travaillé en collaboration avec le Ministère de l’Education Nationale à la refonte du BTS de maintenance pour inclure un volet spécifique à la maintenance éolienne en mer, et certains lycées désignés par les instances régionales pourront déjà dispenser cette nouvelle formation à la rentrée 2015. Le maître d’ouvrage et ADWEN s’impliqueront auprès des instances nationales et locales afin de préparer opérationnellement l’évolution des formations et d’anticiper les recrutements pour des emplois permanents. Pour ce faire, le maître d’ouvrage s’appuierait sur des partenaires avec lesquels elle a déjà travaillé, comme par exemple Pôle emploi et l’AFPA, ainsi que sur des organismes d’insertion locaux. Un soutien aux actions de diversification et de reconversion est prévu.

4) Navires de maintenance

À ce stade du projet, les sous-traitants en charge de la maintenance des installations n’ont pas encore été sélectionnés ; ils devraient l’être en 2019-2020. La question du pavillon des navires de maintenance sera étudiée durant le développement du projet, entre autres avec les sociétés à qui le maître d’ouvrage sous-traiterait ces activités de maintenance.

Actuellement, le maître d’ouvrage poursuit plusieurs actions :

  • Identifier les sociétés et les navires en activité et potentiellement intéressés par cette activité. Certains d'entre eux ont déjà travaillé sur le projet en phase de développement, pour des opérations de mise à l'eau et bientôt de maintenance d'équipements de mesure météocéaniques.
  • Identifier les chantiers navals positionnés ou en diversification sur ce marché pour les informer des appels d’offres à venir.
  • Travailler avec les armateurs et chantiers navals intéressés, dont ceux locaux, pour échanger sur les critères de sélection des bateaux ;

Concernant les équipages, d’une part, la réglementation européenne concernant l’affiliation sociale des gens de mer est en cours d’évolution. D’autre part, cette question sera discutée au sein de la profession avec les syndicats professionnels tels que le Syndicat des Energies Renouvelables ou le Cluster Maritime Français.

Le maître d’ouvrage reste confiant dans la volonté et la capacité des entreprises françaises à s’aligner sur les standards du secteur éolien en mer d’ici la mise en exploitation des installations, afin d’augmenter la probabilité qu’elles soient sélectionnées.

Dans le cas où les sous-traitants seraient étrangers, l’entreprise retenue sera encouragée par le maître d’ouvrage à sous-traiter un certain nombre d’activités à des entreprises françaises, notamment pour le transport de personnel, la réalisation d’études ou encore le ravitaillement.

Par ailleurs, en application des articles  L. 5561-1 et L. 5561-2 du code des transports, les navires battant pavillon étranger étant utilisés pour fournir à titre principal une prestation de services dans les eaux territoriales françaises sont tenus de respecter les dispositions sociales françaises prévues par le titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports et de respecter les obligations des L. 5522-1 du code des transports, relatives à la nationalité des équipages (effectif minimum de ressortissant nationaux ou communautaires), et L. 5522-2 du code des transports, relatives aux effectifs minimum pour la sécurité.

5) Retombées sur l’économie locale : pêche, tourisme, immobilier, artisanat et industrie

Tout d’abord, le développement d’une filière industrielle de l’éolien en mer aura pour conséquence des retombées économiques en termes de création d’emplois. L’une des retombées les plus directes en termes d’emploi local est l’activité d’exploitation et de maintenance du parc, évoquée précédemment. Les activités d’exploitation et de maintenance seraient également source d’emplois indirects (prestations, emplois induits, logements, services de proximité…).  

Concernant les retombées sur les activités de tourisme, l’immobilier et l’artisanat, le maître d’ouvrage mène actuellement une étude d’évaluation des impacts socio-économiques [2] du projet qui sera remise aux services de l’Etat, conformément au cahier des charges de l’appel d’offres.

Concernant le tourisme en particulier, on peut déjà indiquer à ce stade que les retours d’expérience des parcs éoliens européens déjà installés témoignent d’un impact neutre voire positif de ces parcs sur les activités touristiques [3], fonction des initiatives locales.

Un atelier « Tourisme et loisirs nautiques » s’est tenu le 19 mai dernier aux Sables d’Olonne, rassemblant citoyens et représentants du secteur du tourisme et du yacht club. Nous vous invitons à consulter le compte-rendu sur le site du débat public afin de prendre connaissance des demandes et attentes qui ont été exprimées au cours de cet atelier.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la fiche « REX Tourisme » sur le site de la CPDP, ou consulter la question 18.

De plus, des mesures d’accompagnement au soutien d’une pêche durable et responsable, financées par le maître d’ouvrage, sont en cours de définition avec les représentants de la pêche professionnelles à l’échelle régionale. Enfin, la filière professionnelle de la pêche, via son Comité National des Pêches, sera destinataire de 35 % de la taxe spécifique à l’éolien en mer soit environ 2,5 millions d’euros par an.

Une réunion publique s’est tenue le 29 juillet dernier à la Barre de Monts ; à propos  de la pêche  et de la sécurité maritime. Vous retrouverez l’ensemble des informations relatives à cette réunion grâce à ce lien.

6) Retombées environnementales : fonds marins, faune & flore marine et courantologie locale

À ce stade des études, voici les éléments que le maître d’ouvrage peut apporter :

Durant la phase de construction, en raison de l’implantation de 3 ou 4 pieux d’environ 1,2 m de diamètre dans le sol (solution jacket, option privilégiée par le maître d’ouvrage à ce stade actuel d’avancement du projet) et de l’enrochement du câble inter-éolienne, certains habitats et espèces benthiques (présentes sur le fond marin) seront détruits localement au droit de l’implantation des fondations des éoliennes.  Ce sont les espèces sessiles (c'est à dire fixées sur le fond) qui seront susceptibles d’être le plus impactées tandis que les espèces mobiles (poissons, mammifères…) quitteront la zone de forage. Quel que soit le type de fondation choisi, cette destruction est locale et temporaire, et représente moins de 1% de la surface totale du parc éolien. 

En outre, ces forages impliquent localement et temporairement une remise en suspension des sédiments, ce qui, en général, peut engendrer une turbidité de la colonne d'eau et un risque d’asphyxie des œufs des espèces directement à proximité. Cependant, en l’état actuel des connaissances, la zone du projet ne comprend pas de zones de frayère.

Pour plus d’information sur les études en cours sur la faune et la flore marine, vous pouvez consulter les synthèses des études à ce sujet sur le site de la CPDP.

Concernant la courantologie, la phase d'exploitation est la plus concernée par ce phénomène. Les courants seront modifiés localement, à l’emplacement de chaque éolienne. Le courant redevient normal entre 10 et 50 m après chaque éolienne, comme le montrent certaines modélisations réalisées sur des parcs éoliens en mer. Il n'y a donc pas d'effet cumulé d'une éolienne à l'autre ; la modification de la courantologie locale est donc négligeable et ne va pas au-delà du périmètre du parc. 

Tous ces éléments feront l’objet de développements dans le cadre de l’étude d’impact qui sera soumise à l’enquête publique.

7) Produits utilisés pour l’exploitation, l’entretien  et la maintenance

Dans le cas du projet des îles d’Yeu et de Noirmoutier, les produits suivants seront utilisés 

  • Huile mécanique ;
  • Liquide de refroidissement.

Concernant les huiles : il est prévu d’utiliser de l’huile pour lubrifier le multiplicateur et la génératrice. Adwen a prévu, dans la conception de ses éoliennes, des bacs de récupération d’huiles en cas de fuite au sein même de la nacelle.

En outre, quand l’huile doit être vidangée,  l’opération s’effectue depuis la mer, soit par un équipement autonome hissé dans la nacelle, soit avec un bateau spécialisé. Ensuite, l’huile peut être recyclée dans les filières traditionnelles de recyclage des lubrifiants. 

L’utilisation des peintures anti-fouling, empêchant la prolifération d’algues et de coquillages, sera évitée sur les structures métalliques immergées. En effet, en l’absence de revêtement anti-fouling, l’effet récif des parties immergées des fondations sera favorisé et un écosystème pourrait se développer plus facilement à la base des éoliennes.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter la réponse apportée à la question 34.

8) Opportunité du projet

Le projet éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier s’inscrit dans la politique énergétique de l’Etat qui a pour objectif de développer 6000 mégawatts en mer d’ici 2020.

Une éolienne en mer bénéficie de vents plus fréquents, plus forts et plus réguliers qu’à terre.

L’éolien représente le plus fort potentiel de développement en milieu marin dans la décennie à venir. Enfin, la France bénéficie du 2ème gisement éolien en Europe, après le Royaume Uni.


[1] Ces 125 emplois représentent près de 50% des heures de travail sur l’ensemble de la vie du projet. Près de 65% de ces emplois sont des emplois de techniciens, le reste se répartissant entre des emplois de marins, de cadres et d’ouvriers.

[2] Conformément au cahier des charges de l’appel d’offres.