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Déroulement des réunions
Comptes-rendus et synthèses des réunions publiques
Les comptes-rendus des réunions publiques font état de l’intégralité des propos échangés par l’ensemble des acteurs du débat. Un compte-rendu synthétique des réunions publiques sera, lui aussi, accessible au fur et à mesure du débat.
Note de synthèse de la réunion publique de Strasbourg
Note de synthèse du débat public Nanotechnologies
de Strasbourg le 15 octobre 2009 |
Prologue
Avant que ne commence la réunion, cinq représentants d’un collectif de
citoyens sont montés à la tribune pour appeler « au boycott et au
sabotage de cette opération de propagande ». Puis ils se sont retirés.
Introduction
Un film de six minutes préparé par les services des ministres qui
avaient souhaité l’organisation de ce débat, a servi de point de départ
à Jean Bergougnoux qui présidait cette réunion, pour préciser quelques
points essentiels :
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les Pouvoirs publics sont à l’égard de ce débat dans une position
d’écoute et s’engagent à en intégrer les enseignements dans les
décisions de leur ressort concernant le développement des nanosciences,
des nanotechnologies et de leurs applications |
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dès lors que la Commission Nationale du Débat Publique (CNDP), ayant
été saisie, a décidé d’organiser un débat public, c’est la Commission
particulière (CPDP) constituée à cette fin qui est responsable de
l’organisation et de l’animation du débat et ce en toute indépendance
par rapport aux ministères demandeurs |
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comme dans tout débat public, la CPDP Nanotechnologies a pour objectifs : |
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d’informer un public aussi large que possible, non seulement de
l’objet technique du débat mais aussi, de manière équitable, des
différentes opinions qui se manifestent à son égard |
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d’écouter tout ce que le public souhaite dire : ses attentes, ses préoccupations, ses craintes et ses propositions |
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de rendre compte objectivement des arguments échangés au cours du débat
pour que chacun – l’Etat, bien sûr, mais aussi les chercheurs, le corps
médical, les entreprises, les associations, …et l’ensemble des citoyens
– puisse en tirer les enseignements utiles dans le cadre de ses
responsabilités |
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le film montre bien que les nanotechnologies connaissent déjà bon
nombre d’applications y compris dans notre vie quotidienne. Ce débat
vient-il pour autant trop tard ? Le président de la CPDP rappelle que
les spécialistes considèrent que le potentiel de développement des
nanosciences et des nanotechnologies est considérable. Rien n’est donc
joué. D’autre part, il eût été difficile d’organiser un débat sur des
objets de laboratoire n’ayant encore connu aucune application pratique.
Le débat a donc aujourd’hui, pour la CPDP, tout son sens. |
Jean Bergougnoux donne ensuite des indications sur l’organisation
générale du débat et les moyens mis à la disposition du public pour y
participer (voir la brochure « le débat public et vous » ).
Avant de donner quelques indications pratiques sur la manière de
participer à la réunion, il rappelle, enfin, que le débat de
Strasbourg comportera trois séquences : |
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Nano sciences et nanotechnologies en Alsace |
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Les programmes de recherche européens et français dans le domaine des
nanosciences, du développement des nanotechnologies et de la maîtrise
des risques qui s’y attachent. Questions éthiques touchant à la
recherche |
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La régulation européenne des nanotechnologies : règlements européens et
réglementations nationales. Association des citoyens à la gouvernance
en matière de développement des nanotechnologies |
Remerciements :
Répondant aux remerciements du président de la CPDP à la ville de
Strasbourg pour le soutien qu’elle a apporté à cette rencontre, Robert
Herrmann, premier adjoint, chargé de la coordination municipale et
démocratie locale précise que le hasard veut que cette première séance
ait lieu pendant la semaine nationale de la démocratie locale. Il
évoque les grands hommes qui ont fait l’histoire de cette ville, de
Gutenberg à Marcel Cassin et Marc Bloch et une image humaniste qui est
une forte valeur locale. Il termine son propos sur la nécessité de ces
manifestations qui traduisent la richesse de la démocratie et s’en
félicite pour la ville de Strasbourg.
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Première séquence : Nano sciences et nanotechnologies en Alsace
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Panélistes : Marc Drillon (Directeur de l'IPCMS), Eric Fogarassy
(Directeur de l'Ecole nationale supérieure de physique de Strasbourg),
Carole Ecoffet (ISNN Mulhouse), Khalid Zahouily (Photons &
polymers), Jean-Luc Rehspringer (RBnano)
Animateur : Jean Bergougnoux |
Après avoir expliqué en quelques mots à la demande de Jean Bergougnoux
en quoi consistaient les travaux du chimiste Gero Decher, professeur à
l’Université de Strasbourg, que venait tout juste de distinguer
l’Académie des Sciences, Marc Drillon introduit les concepts de base
des nanosciences et des nanotechnologies (nanoparticules,
nanomatériaux, …), évoque les instruments et les méthodes permettant
d’observer et de manipuler la matière à l’échelle nanométrique et
esquisse un certain nombre d’applications .
Du tour d’horizon qui suit sur les activités « nano » en Alsace résulte
le sentiment qu’existe une expertise régionale de premier ordre dans
les domaines les plus variés tant dans le domaine des matériaux
(matériaux nanostructurés, matériaux magnétiques, semiconducteurs,
chimie des matériaux, traitements de surface, …) que dans le domaine
des applications médicales (nanomédicaments, imagerie médicale,…)
Du côté des entreprises, les expériences de Photon & polymers
(transformation ultra rapide amorcée par rayonnement ultraviolet d’une
résine liquide en un matériau polymère solide) que de RBnano
(traitements de surface, marquages nanométriques,…..) mettent bien en
évidence que des entreprises de petite taille dès lors qu’elles sont
innovantes et à la pointe des connaissances sur un créneau de haute
technologie porteur, peuvent se révéler très performantes. Le passé de
chercheur des dirigeants des deux entreprises en cause et les liens
qu’ils entretiennent avec les laboratoires de recherche locaux jouent
évidemment un rôle décisif dans l’acquisition et le maintien d’une
compétence scientifique du plus haut niveau.
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Deuxième séquence : Les programmes de recherche européens et français
dans le domaine des nanosciences et des nanotechnologies et de la
maîtrise des risques qui s’y rattachent |
Panélistes : Philippe Galiay, DG Recherche Commission Européenne,
Raphaël Prenat, Ministère de la recherche, François Tardif, CEA, Robert
Plana, A.N.R., Jacques Grassi, INSERM, Jacques Bordé comité éthique
C.N.R.S.
Animateur : Jean-Pierre Chaussade
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Philippe Galiay, de la DG recherche de la Commission européenne, prône
l’adoption d’un code de conduite pour une recherche responsable en
nanosciences et en nanotechnologies.
Le nanomonde est-il sûr? Ethique ? Les droits fondamentaux y sont-ils garantis? En sera-t-il de même dans le futur ?
La Commission européenne fait des préconisations de principes et
d’actions à entreprendre dans le domaine de la bonne gouvernance de la
recherche et du respect de la précaution.
Raphaël Prenat explique comment le ministère de la Recherche articule
sa politique avec celle de l’Europe. Il existe des comités de
programmes composés de ministères, d’universités, du CNRS, du CEA, de
l’Inserm, des industriels et avec la consultation d'associations qui
prennent des décisions collectives négociées ensuite au niveau
européen.
François Tardif, du CEA, présente comme exemple concret le programme
européen Nanosafe 2, dont le CEA assure le pilotage, commun à 24
partenaires européens, qui étudie les risques potentiels des
nanoparticules pour les salariés. Ce programme bénéficie de subventions
de 6 M€ d’euros sur 4 ans. Les premiers résultats obtenus se situent
dans les domaines de la détection et du monitoring, de l’évaluation du
danger, de la minimisation de l’exposition et de la communication des
résultats.
Depuis la salle, M. Goepfert, de la société Cilas, intervient pour
évoquer le projet européen SAFIR, destiné à décliner dans l’industrie
les conclusions de Nanosafe. Il s'agit de concevoir des systèmes de
mesure des nanoparticules et de dosimétrie pour la protection des
opérateurs. Il précise que leur protection est obtenue par
l’automatisation des process ou l'intervention dans des boîtes à gants
étanches, ce qui évite de façon habituelle les manipulations humaines
et les contacts avec les nanomatériaux.
Questionné par la salle sur les perspectives d’emplois générés par les
nanos, Robert Plana (Agence nationale pour la Recherche) n'a pas de
chiffres précis. Jean-Pierre Chaussade de la CPDP précise que cette
question sera répondue ultérieurement par écrit à son auteur et mise en
ligne sur le site Internet du débat public sur les nanotechnologies.
Raphaël Prenat, du ministère de la Recherche, présente la stratégie
nationale en matière de recherche et d’innovation. Le développement des
nanotechnologies s’inscrit dans trois axes majeurs que sont
l’environnement, les technologies de l’information et de la
communication et la santé. Quatre orientations ont été définies : le
développement des connaissances, l’incitation à l’innovation (dépôt de
brevets), la prise en compte des questions sociétales et l’incitation
des jeunes à s’y intéresser et des chercheurs à exploiter leurs
découvertes.
Selon Robert Plana, l’Agence nationale de la Recherche a pour objectif
de stimuler et de financer la recherche. L’agence procède par appels à
projets (578 projets depuis 2005 pour 285 M€). En 2009, elle met en
place le projet Nano-innov (1 appel à projets et 9 projets sélectionnés
avec 22 M€).
A plusieurs questions de la salle portant sur les progrès que peuvent
apporter les nanotechnologies dans le domaine de la médecine, mais
aussi leurs risques, Jacques Grassi, de l’Inserm, répond que les
nanotechnologies sont porteuses d’espoirs. Par exemple, on peut
envisager de soigner des maladies du cerveau grâce à la miniaturisation
des électrodes en les implantant directement dans le système nerveux
central et aussi dans le domaine du médicament, amener directement les
traitements sur leur cible, en particulier pour le cancer, et plus dans
le corps entier.
Concernant les risques, en médecine, le rapport bénéfice/risque est une
pratique ancienne. Les nanoparticules sont contrôlées comme des
médicaments et ne sont mises sur le marché qu’à l’issue d’un processus
long de validation.
A d'autres questions de la salle sur l’apport des nanoparticules dans
le traitement des maladies comme la maladie d’Alzheimer et sur le
risque de fusion entre nanoparticules et virus, Jacques Grassi indique
que cet apport est plus probant dans la maladie de Parkinson, la pose
d’électrodes miniaturisées permettant de stimuler des neurones très
spécifiques. Quant aux virus, il peut y avoir des interactions, mais
pas d’échanges d’informations.
Niels Triede, depuis la salle, dit sa préoccupation d’une dissémination
incontrôlée des nanoparticules. Il dénonce « un emballement sur lequel
le citoyen n’a plus de prise ». Il regrette les milliards investis dans
la chimie du médicament. On cherche selon lui à endormir le citoyen.
"C’est une mauvaise utilisation de l’argent. Pourquoi ne pas favoriser
l’homéopathie et les plantes ?" déclare une personne de la salle."C’est
la société qui provoque le diabète et le cancer. Les méfaits des
médicaments ont été démontrés. On vit un emballement vers l’absurde.
Nous sommes des cobayes. Nous ne voyons rien et nous sommes désarmés,
comme les rayonnements électromagnétiques. Les nanotechnologies vont
encore plus loin. Nous allons droit dans le mur."
Jacques Grassi signale qu’on ne soigne pas la tétraplégie et le diabète
1 avec l’homéopathie et que le diabète auto-immune n’est pas issu de
l’alimentation.
Jacques Bordé est appelé à témoigner de l’activité du Comité éthique du
CNRS. La finalité de ce comité indépendant est de poser sur la
recherche des questions d’éthique. Les nanotechnologies intègrent les
problèmes éthiques déjà existants en les amplifiant. À qui vont-elles
profiter ? N’y aura-t-il pas privatisation des connaissances? Ne
seront-elles pas utilisées à d’autres thèmes comme le domaine des
armes ? N’accroîtront-elles pas le déséquilibre entre le Nord et le Sud ?
Le comité d’éthique du CNRS préconise de changer les attitudes,
d’intégrer dans les programmes de recherche la prise en compte des
méfaits autant que des bienfaits. Il faut réfléchir aux conséquences
avant de s’engager dans la recherche de la complexité (ce qui découle
de la convergence NBIC et qui pourrait aller jusqu'à la création du
vivant ).
À la question de la salle sur les progrès apportés par les
nanotechnologies dans la lutte contre le réchauffement climatique,
Jacques Grassi évoque l’amélioration des piles photovoltaïques ainsi
que les piles à combustion et les matériaux d’isolation.
Un intervenant voudrait que le débat se recentre autour de la
moralisation de la science des nanotechnologies. Dans ce débat, il
constate une symbiose entre chercheurs, industriels et gouvernants. À
quoi Philippe Galiay répond, transculturation entre le monde
scientifique et la société. Endormir les citoyens, non ! Il faut les
réveiller au contraire, d’où la nécessité du débat.
Un représentant de la CFDT lit une déclaration. Elle a rassemblé les
positions du syndicat dans un cahier d’acteurs qui est à la disposition
du public (site Internet du débat public Nano).
Quand M. Mielcarek interroge les intervenants sur l’utilisation
militaire des nanotechnologies, M. Plana évoque des partenariats avec
la DGA, notamment, des utilisations en faveur des fantassins ou pour
les drones.
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Troisième séquence : La régulation européenne des nanotechnologies :
règlements européens et réglementations nationales. Association des
citoyens à la gouvernance en matière de développement des
nanotechnologies
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Panélistes : Sandrine Bélier (Parlement européen), Philippe Martin (DG
SANCO de la Commission Européenne), Reine-Claude Mader (CLCV), Marc
Lipinski (vice-président du Conseil Régional Ile-de-France), Gérard
Mantel (Directeur d’AFNOR normalisation), Jocelyne Boudot (ministère de
la Santé)
Animateur : Jean Bergougnoux
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Une double question venue de la salle constitue une bonne introduction
à la problématique de cette séquence : « les nanotechnologies ne
nécessitent-elles pas une régulation mondiale ? et, si oui, cette
régulation peut-elle être démocratique ? »
Sur la question du contrôle démocratique, Marc Lipinski, conseiller
régional d’Ile de France fait état de l’organisation dans sa région en
2006-2007 d’une conférence de citoyens sur les nanotechnologies.
Cette expérience montre bien qu’un panel de citoyens volontaires
représentant la diversité de la population française, convenablement
formés et mis en situation d’interroger des experts, peut avoir une
réflexion autonome sur un sujet de cette nature et émettre des
recommandations dignes d’intérêt (pour plus de précisions voir le
cahier d’acteur de la Région Ile-de-France et le site
espaceprojets.iledefrance.fr).
Marc Lipinski note cependant que ce travail n’a guère eu d’échos en
France et qu’il n’a retenu qu’une attention polie, sans suite concrète,
au niveau européen.
Sandrine Bélier, eurodéputée, souligne qu’il n’existe pas au plan
européen un cadre juridique bien adapté à ce domaine très spécifique
que constituent les nanotechnologies et leurs multiples applications.
Cet état de fait est d’autant plus regrettable que les incertitudes sur
les dangers que peuvent présenter les nanoparticules et les
nanomatériaux tant en matière de santé que de dommages environnementaux
sont encore très importantes, rendant indispensable une réglementation
fondée sur une application raisonnée du principe de précaution.
Elle insiste sur le rôle moteur que joue déjà et qu’entend jouer encore
plus le Parlement par ses demandes d’enquêtes, ses résolutions et ses
propositions de dispositions règlementaires.
Pour une bonne gouvernance européenne, Sandrine Bélier recommande la
création d’un observatoire européen sur les avancées technologiques,
une évaluation fiable des risques sanitaires et environnementaux, une
réglementation protectrice.
Elle dresse un tableau des chantiers, en cours, en matière de
réglementation des nanotechnologies et regrette la lenteur de leur
progression face la rapidité du développement des activités en cause.
Philippe Martin précise que la Commission est déjà dotée d’un
observatoire, qu’il est prévu de réviser les réglementations
existantes, dont le règlement REACH, et qu’une part de plus en plus
importante des programmes de recherche européens est consacrée à
l’étude des dangers et à leur prévention.
Pour Reine-Claude Mader, il faudrait d’abord bien avoir conscience des
origines de la méfiance des consommateurs et des associations qui les
représentent.
Pourquoi leur laisser découvrir si tardivement l’existence et les
risques des nanotechnologies alors que la recherche et les
applications sont si avancées ? Quid de leur santé dans l’immédiat en
l’absence de réglementation ? Quelles sont les procédures avant mise
sur le marché ? Qui contrôle quoi ? En un mot, l’information et la
transparence sont indispensables pour créer la confiance. L’étiquetage
est une bonne chose mais il n’est utile que si le consommateur à la
possibilité de choisir !
Est-il possible, comme l’a préconisé le Parlement européen d’élaborer
une approche globale de la réglementation des nanotechnologies ?
Un intervenant regrette l’inexistence de normes. Les nanotechnologies
représentent, dit-il, une accélération de la potentialisation de la
chimie qui fait peser des risques sur les travailleurs et les
consommateurs, risques liés aux quantités de nanoparticules absorbées
et aux interactions. Par ailleurs, les appareils de mesure sont
fabriqués en fonction de ce que l’on veut leur faire mesurer.
Gérard Mantel, de l’AFNOR, explique que cette question ne peut être
abordée qu’au plan mondial et doit donc s’inscrire dans le cadre de
l’ISO où l’AFNOR représente l’Europe. Mais le processus est complexe et
long. Dans l’état actuel des connaissances, on ne peut que donner des
débuts de définitions. La réflexion des normalisateurs s’appuie sur des
« banques de danger » inspirées par les travaux de l’AFSSET. Sandrine
Bélier regrette l’échec des inventaires volontaires.
Jocelyne Boudot, du ministère de la Santé, considère que l’on peut
aussi progresser au plan national. Elle rappelle, par exemple, que le
projet de loi Grenelle 2 prévoit la déclaration et l’enregistrement des
substances « nano » produites ou utilisées en France. Le ministère est
d’autre part à l’initiative du nanoforum du CNAM : de nombreux
enseignements en ont été tirés ce qui conduit à s’interroger sur la
possibilité de mettre en place des instruments de gouvernance
particuliers et nationaux.
Dès lors se pose une question importante. Qu’arriverait-il si une
réglementation nationale n’était pas « eurocompatible », c’est-à-dire
mettait en cause la libre circulation des biens et des services au
sein de l’Union européenne ?
Pour Philippe Martin, la réponse est simple : la question remonterait
inévitablement au niveau européen avec deux cas de figure : si les
dispositions retenues par un Etat membre étaient considérées comme
intéressantes par les autres Etats, elles pourraient faire l’objet d’un
règlement européen. Sinon l’Etat considéré se trouverait en infraction
et devrait revenir sur son initiative.
De nombreuses interventions venues de la salle viennent enrichir le débat :
Anne Dux, représentant les industries cosmétiques, garantit l’innocuité
de l’oxyde de titane « nano » si souvent mentionné et souligne les
obligations qui lui sont faites par l’Union européenne.
Aïda Ponce, de la Confédération européenne des syndicats lit une déclaration qui figurera sur le site du débat public.
Saïd Labdaï, étudiant, s’interroge sur la réversibilité des effets des
nanoparticules. Pourquoi ne pas arrêter tout de suite si l’on a des
doutes ? Marc Lipinski approuve la question de la réversibilité,
notamment en matière d’environnement, est essentielle.
Franck Czarek, préventeur de risques, demande s’il peut refuser
d’utiliser des produits contenant des nanomatériaux en respect du
principe de précaution.
Un intervenant, lui-même chercheur dans les nanotechnologies, pense
que si le public n’est pas venu plus massivement, c’est que les gens
ont compris que la législation suivra et que les nanotechnologies ne
sont pas dangereuses. Si l’on veut progresser, on a besoin des
nanotechnologies.
Dominique Lamy du ministère du travail, concernant la prévention des risques professionnels, rappelle que la réglementation relative au risque chimique est applicable. Mais est-elle adaptée ? Pour maîtriser les risques spécifiques liés aux nanoparticules, malgré les incertitudes qui subsistent concernant les dangers intrinsèques, il est indispensable de mettre en place les mesures de gestion du risque les plus strictes en privilégiant les systèmes clos ou, en cas d'impossibilité, en mettant en oeuvre des moyens de protection technique et organisationnels adaptés.
Le directeur général de l’Union des industries chimiques rappelle que
le développement du secteur dépend non seulement de la chimie verte,
mais aussi des nanotechnologies. Il précise que la directive REACH
s’applique déjà aux produits contenant des « nanos » et plaide pour une
adaptation progressive du règlement.
En conclusion, M. Bergougnoux remercie les participants et assure que
tous les enseignements de cette rencontre tant sur le fond que sur la
forme seront précieux pour la suite du débat.
Base 300 personnes présentes et 55 questions papiers.
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