Les cahiers d'acteurs du débat public sont des contributions écrites d'acteurs du débat public, institutionnels ou associatifs, édités par la CPDP au cours du débat. Ils permettent d'éclairer le public, sur des questions touchant les nanotechnologies.
Etat des lieux et recommandations pour l’attractivité de la France, proposés par les Entreprises du Médicament
Nanotechnologies appliquées à la médecine
Les
nanotechnologies appliquées à la médecine sont définies comme la
recherche et le développement de technologies à l’échelle atomique,
moléculaire ou macromoléculaire conduisant à la création de structures,
dispositifs et systèmes dont la taille du composé actif est comprise
entre 1 et 100 nm.
Elles peuvent concerner également des
éléments de taille supérieure (de l’ordre du micromètre) auxquels de
nouvelles propriétés ont été conférées par leur miniaturisation. Ainsi,
les liposomes (vésicules artificielles formées par des bicouches
lipidiques concentriques, emprisonnant entre elles des compartiments
aqueux) , dont la taille moyenne avoisine 0,4 μm sont considérées comme
des nanoproduits.
Le périmètre de l’étude concerne les nanoproduits compris entre 1 et 500 nm.
Quelles sont les applications des nanotechnologies à la médecine ?
Les
nanotechnologies permettent d’obtenir des outils de diagnostic et de
thérapeutique plus sensibles, plus spécifiques du tissu ou de la
cellule et biologiquement plus actifs :
> dans le diagnostic in vitro, par les puces à ADN ou à protéines, les puces à cellules…,
> dans le diagnostic in vivo, avec l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’imagerie nucléaire, les ultrasons…,
> dans la recherche de cibles thérapeutiques ou de nouveaux mécanismes
d’action notamment dans les domaines de l’oncologie, de la prise en charge de Sida.
> dans les dispositifs de délivrance des traitements, avec les nanotubes, les
nanoaiguilles, les nanovecteurs de
thérapie génique.
La
trentaine de nanoproduits médicaux présents aujourd’hui sur le marché
sont en majorité des systèmes de délivrance des médicaments (drug
delivery) dont les 2/3 sont constitués de liposomes et de nanocristaux.
La France compte parmi les pays possédant une recherche de pointe dans le domaine des nanotechnologies
En
France, dès la fin des années 90, des initiatives ont été lancées afin
de favoriser le développement des nanotechnologies : en 1999, la
création des réseaux de micro-nano technologies a été suivie par les
lancements du projet MINATEC en 2001 (inauguré en 2006), du programme
national des nanosciences en 2002, du réseau national en nanosciences et en nanotechnologies (R3N) en 2005 et enfin de la plateforme technologique française en nanomédecine (FTP Nanomed) en décembre 2007.
Les résultats sont probants :
>
la France compte trois centres de référence interdisciplinaires de
portée internationale impliqués dans les nanotechnologies appliquées à
la médecine. Les acteurs industriels sont installés à proximité de ces
pôles qui attirent aussi d’autres équipes de recherche (voir figure 1),
> les 8 cancéropôles français possèdent tous aussi au moins un axe de recherche nanomédecine dans leurs programmes.
>
une fondation originale InNaBioSanté financée par les industriels,
l’Agence Nationale de la Recherche et le Ministère de la Recherche et
de l’Enseignement supérieur est spécifiquement chargée de promouvoir et
de développer la recherche contre le cancer notamment par les nanotechnologies.
Cartographie des acteurs français des nanotechnologies appliquées à la médecine
Source : Leem Etude « Nanotechnologies appliquées à la médecine »
Comment valoriser ces atouts pour renforcer l’attractivité de la France dans le domaine des nanotechnologies appliquées à la médecine ?
Si
la France possède des équipes académiques performantes et
transdisciplinaires, qui peuvent capitaliser sur l’excellence de
l’hexagone dans les sciences “dures” (physique, chimie, mathématiques), elle pâtit cependant :
> de la dispersion des financements publics accordés au secteur des nanotechnologies qui peuvent émaner de six organismes différents
> de l’absence de structure fédératrice dédiée aux nanotechnologies appliquées à la médecine
> et donc, de la faiblesse des financements consacrés spécifiquement aux nanotechnologies appliquées à la médecine.
Le développement des nanotechnologies appliquées à la médecine en France passe :
>
par son intégration dans les réseaux européens : en 2005, l’Europe
consacrait déjà 2,4 milliards de dollars au financement de la recherche
en nanotechnologies (dont 70 % sur fonds publics et 30 % sur fonds
privés) et le 7e PCRD européen prévoit un budget de 730 millions
d’euros pour financer des projets de nanotechnologies appliquées à la
médecine
> par un soutien affiché à la recherche en
nanotechnologies : en 2005, les Etats-Unis consacraient déjà 3,7
milliards de dollars au financement de la recherche en
nanotechnologies, le Japon 2,7 milliards et l’Europe 2,4 milliards.
Le cadre réglementaire de développement des produits de santé s’applique aux nanoproduits de santé et son objectif est de qualifier le rapport bénéfices/risques ainsi que les aspects de qualité et de fabrication,
ce qui n’est pas le cas des autres nanoproduits de consommation
courante. A ce titre, les nanoproduits médicaux présents aujourd’hui
sur le marché ont tous été approuvés par les autorités de santé.
L’administration
à l’homme de produits issus des nanotechnologies est ainsi soumise à la
contraignante réglementation de la mise sur le marché des médicaments
et des dispositifs médicaux, impliquant des essais expérimentaux et
cliniques approfondis. Il faut compter environ une dizaine
d’années de recherche puis d’essais pré-cliniques et cliniques avant
d’envisager l’autorisation pour commercialisation d’un nouveau
médicament (voir figure 2).
Au vu de la
croissance attendue du marché des nanoproduits de santé qui pourraient
représenter 17 % du marché des nanotechnologies en 2015 (contre 2 % en
2007), la France doit faire des nanotechnologies appliquées à la
médecine un facteur d’attractivité de son territoire.
Cadre réglementaire du développement des médicaments en Europe