A chacun son scénario
Mercredi 30 mai, une soixantaine d'acteurs ont participé à la rencontre organisée à Paris dans les locaux de la Fédération des Entreprises du Recyclage (FEDEREC) par le Mouvement des Entrepreneurs de la Nouvelle Economie (MENE), co-présidé par Myriam Maestroni et Corinne Lepage, ancienne Ministre de l'environnement.
En présence Laurent Michel, Directeur de la DGEC, maître d'ouvrage de la PPE, la rencontre proposait une discussion en deux temps : d'abord un tour d'horizon des possibilités de réduire les consommations d'énergie en interrogeant les usages, puis un débat stratégique sur les trajectoires décrites par RTE à travers les différents scénarios du mix électrique à l'horizon 2035.
Sur le premier volet, Myriam Maestroni (MENE), François Michel Lambert (Député / Institut national de l'économie circulaire), Claude Gruffat (Biocoop), Romuald Ribault (Alliance Green IT) et Jean-Philippe Carpentier (FEDEREC) ont tour à tour souligné les leviers selon eux propices à la réduction des consommations :
- Améliorer l'information des habitants, qui sont à la fois consommateurs et acteurs du changement.
- Optimiser l'efficacité énergétique pour réduire les gaspillages ("énergie fatale") liés au processus de production de l'énergie justement.
- Privilégier l'agriculture biologique, plus économe.
- Faire du numérique un outil moins énergivore et utile aux innovations permettant d'accélérer la transition.
- Choisir méticuleusement les matériaux, les process et les outils de la transition, de sorte qu'ils ne génèrent pas eux-mêmes pollution et empreinte écologique.
La seconde table ronde fut l'occasion, pour Corinne Lepage, d'afficher sa préférence pour le scénario "Watt" de RTE. Cette option n'a pas été retenue par le gouvernement à ce stade, celui-ci ayant comme critère de choix numéro 1, pour constituer le mix énergétique national, la nécessité de réduire autant que possible les émissions de CO², quitte à ralentir la baisse du recours au nucléaire, comme le prévoyait pourtant initialement dans la Loi de transition énergétique de 2015.
Remettant en cause la capacité des scénarios Volt et Ampère, privilégiés par la DGEC, à exporter de l'énergie, et pointant leur ambition insuffisante selon elle en matière de réduction des consommations, l'avocate a justifié sa préférence pour le scénario "Watt" en ce qu'il propose une réduction drastique du recours à l'énergie nucléaire. Corinne Lepage invoque en effet la question de la sécurité des réacteurs vieillissant, sur laquelle l'ASN aura à se prononcer prochainement, et qui condamne selon elle d'emblée cette voie. Pour diminuer la quantité de CO² émise dans le scénario watt, elle préconise un effort supplémentaire en matière de méthanisation.
La rencontre organisée par le MENE a donc présenté cet intérêt majeur d'avoir mis sur la table une discussion essentielle pour la PPE.
02/06/2018