Question n°661
AnaLyse des besoins futurs en énergie, conformité aux accords de Paris ?
le ,L'énergie électrique ne représente que le quart de l'énergie consommée en France, à 75% d'origine nucléaire, 17% renouvelable et 8% thermique. Les 3 quarts supplémentaires sont d'origine exclusivement thermique. Pour passer au tout électrique il faudrait donc en produire 4 fois plus à court terme, toutes choses égales par ailleurs. C'est à dire multiplier par 2,7 la puissance nucléaire si elle doit rester à 50% du potentiel, et par 11,8 le renouvelable si l'on veut supprimer le thermique. Et ceci sans tenir compte de l'explosion de la demande des objets connectés, des voitures , vélo et trottinettes électriques, véhicules autonomes et autres intelligences artificielles ..., sachant que déjà le tiers de la puissance électrique totale est consommée par l'infrastructure internet. Avant de faire un PPE il faudrait s'accorder sur un scénario de développement planifié dans le temps de toutes ces technologies dites disruptives (entre autres) et mettre des limites conformes aux accords de Paris sur la protection de l'environnement. Est-ce que ce travail de l'analyse du besoin et de sa limitation pour respecter la planète a été effectué ?
La LTECV adoptée en 2015 puis le plan climat annoncé en 2017 fixent un cadre ambitieux en matière de transition énergétique afin de remplir les engagements pris par la France dans le cadre de l’accord de Paris, à savoir limiter l’élévation de température mondiale bien en-dessous de 2°C et continuer les efforts pour limiter cette élévation à 1,5°C.
La France s’est ainsi dotée de différents outils, dont la stratégie nationale bas carbone, qui donne les orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone et durable et pour atteindre les objectifs de la France en termes d’atténuation du changement climatique. Les objectifs sont exprimés en réductions d’émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’année de référence 1990, tels que :
- En 2030 : - 40 %
- En 2050 :
- -75 % dans la SNBC adoptée en 2015,
Neutralité carbone visée dans la SNBC en cours de révision et qui doit être adoptée fin 2018. Cela signifie que toutes les émissions résiduelles devront être compensées par des captations dans les écosystèmes naturels (séquestration forestière, stockage dans les sols, …) ou via des procédés industriels.
Les travaux de révision en cours de la SNBC et de la PPE s’appuient sur la modélisation d’un scénario prospectif à 2050 définissant une trajectoire possible de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et répondre ainsi à l’engagement de la France dans le cadre de l’Accord de Paris. La définition des hypothèses de ce scénario, qui se doit d’être ambitieux mais néanmoins réaliste et sans pari sur des technologies aujourd’hui incertaines, s’appuie effectivement sur une analyse sectorielle des besoins futurs énergétiques, comme non énergétiques, en étudiant notamment les potentiels et capacités de chaque secteur en matière d’efficacité énergétique et de sobriété. Cette analyse, prenant bien en compte l’évolution des modes de consommation, mais également des technologies, est réalisée en concertation étroite avec les parties prenantes (ONG, collectivités, entreprises, représentants de consommateurs...) ainsi que des experts sectoriels.
Ces travaux s’appuient également sur les travaux menés par RTE dans son Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande. Il est vrai que la consommation est la donnée la plus structurante pour dimensionner le mix électrique à moyen ou long terme. Pour élaborer les scénarios d’évolution de la consommation (http://www.rte-france.com/fr/article/bilan-previsionnel), RTE a organisé une vaste consultation sur les hypothèses utilisées dans son modèle pour prévoir la demande. Les résultats obtenus par RTE sont tous des évolutions de consommation stables ou orientées à la baisse à l'horizon 2035 par rapport à l’année 2016 (483 TWh), y compris sous des hypothèses fortes de transfert d’usage vers l’électricité.
Il n’y a pas convergence sur les effets à la hausse des nouveaux usages, ni sur les effets à la baisse de l’efficacité énergétique que l’on peut attendre, ni sur leur rythme.
Beaucoup d’hypothèses techniques (baisse des consommations des appareils électro-ménagers, taux de pénétration des équipements électroniques…) sont consensuelles mais il reste certains débats par exemple sur l’évolution du nombre de personnes par foyer.
Par ailleurs, le débat se développe sur le rythme d’électrification de nouveaux usages : passage du véhicule thermique au véhicule électrique, remplacement de chauffage au fioul par des pompes à chaleur, développement de l’électricité dans les process industriels.
Les scénarios de RTE comportent déjà des volumes de transformation ambitieux, par exemple en termes de développement de véhicules électriques. Toutefois, les baisses de consommation liées à l’efficacité énergétique sont supérieures aux hausses liées aux nouveaux usages électriques dans tous ses scénarios.
Certaines parties prenantes considèrent toutefois que compte-tenu du faible contenu carbone de l’électricité et des objectifs climatiques, il faudrait avoir une politique plus forte de conversion à l’électricité pouvant conduire à une hausse de la consommation d’électricité.
A l’inverse, certaines études ou analyses publiées (ADEME : http://www.ademe.fr/connaitre/priorites-strategiques-missions-lademe/scenarios-2030-2050 , Negawatt : https://negawatt.org/scenario/ ...) prévoient des baisses plus significatives de la consommation d’électricité avec un effort accru de l’efficacité énergétique, ou une sobriété énergétique supérieure (tout en intégrant des transferts d’usage).
Tous les acteurs conviennent que l’évolution de la consommation électrique doit être intégrée dans une vision globale de la consommation énergétique. Les réflexions doivent donc intégrer la complémentarité avec les autres sources de production, notamment les sources de production de chaleur.
Enfin, si les besoins de production envisagés dans les différents scénarios dépendent en premier lieu de la consommation, ils s’ajustent également en fonction de l'évolution du solde exportateur d’électricité. Les scénarios de RTE se différencient assez fortement sur ce point, en fonction des choix nationaux sur les moyens de production et des projections sur les évolutions du système électrique dans les pays voisins. Un débat s’est fait jour entre les participants sur le caractère intrinsèquement positif ou non du maintien à un niveau soutenu du solde exportateur, et sur le réalisme d'une évolution à la hausse de nos exportations.