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Apéro-débat convivial à Arcambal (Lot)

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas (sur la forme) dans le débat public et c’est tant mieux. Après la grosse et passionnante réunion de Bordeaux avec beaucoup d’institutions et d’associations, une très belle réunion de proximité dans le village d’Arcambal à côté de Cahors, organisée par un citoyen pour les citoyens dans la proximité. Comme c’est la tradition, Monsieur le Maire était là pour accueillir le débat public, introduit rapidement par Jacques Archambaud.

Autour d’une bonne bouteille, avec des tartes et ingrédients divers amenés par les participants, une quinzaine d’habitants ont débattu de la PPE et de l’énergie. Contrairement à une idée tellement ressassée, nos concitoyens ont une expérience et des connaissances sur ces sujets.

Arcambal le 12 juin

C’est le questionnaire qui a servi de guide a l’échange.

Première interrogation : la justice sociale. Pourquoi le transport aérien et le transport maritime qui consomment tant de carburant sont-ils si peu ou tellement moins taxés que les autres ? Les citoyens ne sont pas incités à agir eux-mêmes quand ils voient que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Et bien sûr : « Assez des reproches faits aux habitants en milieu rural qui n’ont pas le choix de leur mode de transport et sont accusés d’être de mauvais citoyens parce qu’ils roulent en voiture. Assez des reproches faits à ceux qui n’ont pas les moyens de changer leur véhicule polluant ».

« Pour tous ces gens, la fiscalité carbone ça risque d’être la double, voire la triple peine pour eux, il faut des mesures compensatoires ».

Autre question : est-ce que nos meilleurs bons résultats dans un première temps sur les émissions de gaz à effet de serre en matière industrielle ne s’expliquent pas surtout par le fait que nos entreprises ont délocalisé ailleurs ?

Une impression : quand même, la région Midi-Pyrénées devenue Occitanie fait pas mal de choses sur les économies d’énergie et sur les renouvelables. Mais il reste des efforts à faire sur les transports, le co-voiturage, le chemin de fer. Grosse attente sur la forêt qui est négligée selon plusieurs participants et qui représente une ressource importante dans la région.

Sur les économies d’énergie, le constat est partagé. Il y a vraiment, à confort égal, des marges de progression : encore faut-il former et informer. Encore faut-il que les aides et les incitations soient cohérentes et que les effets de mode ne fassent pas exploser les prix avec des résultats et un service après-vente perçus comme décevants comme pour le thermique solaire.

Les véhicules électriques ? Beaucoup de scepticisme. Ce n’est pas que la tendance soit mauvaise, mais vouloir faire du tout électrique, ça n’est probablement ni possible ni souhaitable. Comment recycler les batteries, comment diversifier en fonction des ressources locales par exemple le (bio)gaz, ou même, sujet d'actualité, du colza ajouté... ? Ne doit-on pas poursuivre les efforts sur les véhicules thermiques afin de les rendre bien plus performants ? Dire « on arrête tout dans certains domaines », c’est peut-être symbolique mais est-ce bien pertinent ? 

Bonne image du photovoltaïque, interrogations sur la façon dont on décide de localiser l’éolien (il y’a des contestations en région). Bons points à la pompe chaleur (un témoignage positif d’un participant qui en a une) mais ça reste cher et pas accessible à tous. Globalement d’ailleurs les retours sur investissements ENR restent assez longs pour les particuliers. Encore des mesures réservées aux plus aisés ? 

L’idée qu’il faut se regrouper pour agir au niveau d’un village ou de l’investissement collectif de citoyens semble une bonne idée pour que les décisions soient mieux comprises.

Le nucléaire : ils en ont parlé ! Pour dire quoi ? Que globalement ils ont l’impression depuis Flamanville que « ça va coûter une fortune », que sous prétexte de prudence on recule les échéances. On reconnait certains avantages du nucléaire (« encore que ») comme économie décarbonée et performante, mais il n’y a rien à faire : la gestion des déchets et la sûreté ne passent pas, Fukushima est dans toutes les têtes. Et les coûts du nucléaire ? Ne vont-ils pas augmenter plus que ceux des énergies renouvelables ? Au total, « il y en a trop. Réduisons à 50% et on verra bien ce qu’on fera ensuite ». L’échange reboucle sur la réduction des consommations d’énergie en général et d’électricité en particulier.

Au total, l’idée d’être au plus près de la ressource et de décider localement de la meilleure pour les territoires paraît faire consensus.

Mais il y a un hic et une hésitation : les effets de la concurrence sont jugés négatifs sur la qualité du service, " on ne sait plus à qui s’adresser, on n’a pas confiance. Les prix ne baissent pas, le gaz va augmenter encore. Linky était une bonne idée au départ mais « ils » (RTE ?) s’y sont mal pris. Que vont-ils faire de nos données ? Les vendre pour qu’on reçoive de la pub sur nos boites mails ? "

Globalement, on reste pour le modèle du service public, mais plus décentralisé avec la loi pour fixer les règles du jeu.

Globalement aussi la politique de l’Etat est jugée peu lisible (« incohérente », « on ne sait pas bien ») et le consommateur est trimballé de pubs en démarchage téléphonique plus ou moins honnête. « Je ne réponds plus au téléphone » disent plusieurs participants. 

Mais ils répondent tous au questionnaire remis au représentant de la CPDP qui remercie tout le monde.

Au bout de 2h30, on arrête l’échange qui se poursuit néanmoins jusque sur la place du village et le parking… de voitures pour ceux qui habitent le plus à l’écart.

L’apéro débat, une bonne formule pour des débats de voisinage, impliquant des non spécialistes et permettant une expression plus spontanée.

 

13/06/2018