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Question n°363

Arrêter les émissions de CO2 à cause du développement des ENR électriques

Ajouté par Pierre ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Site internet]
Priorités de la PPE

Les émissions de CO2 en France ont augmenté de 3,2% en 2017 malgré des investissements énormes en éolien et solaire. Ceci est stérile car en France l'électricité est produite par des moyens décarbonés (nucléaire et hydraulique). La PPE devrait permettre de mettre la priorité sur les investissements en ENR thermiques et sur l'isolation. Ce serait efficace sur le réduction des émissions de CO2. La PPE peut-elle désigner les vraies priorités pour le climat ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

La PPE est encadrée par les dispositions des articles L.141-1 à L.141-6 du code de l’énergie, modifiés par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Elle doit contenir des volets relatifs :

  • A la sécurité d’approvisionnement ;
  • A l’amélioration de l’efficacité énergétique et à la baisse de la consommation d’énergie primaire, en particulier fossile ;
  • Au développement de l’exploitation des énergies renouvelables et de récupération ;
  • Au développement équilibré des réseaux, du stockage et de la transformation des énergies et du pilotage de la demande d’énergie pour favoriser notamment la production locale d’énergie, le développement des réseaux intelligents et l’autoproduction ;
  • A la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs et de la compétitivité des prix de l’énergie ;
  • A l’évaluation des besoins de compétences professionnelles dans le domaine de l’énergie et à l’adaptation des formations à ces besoins.

La lutte contre les énergies fossiles est une priorité du gouvernement comme la loi le lui demande. Elle va se faire via plusieurs canaux :

  • Des actions ciblées sur la réduction des combustibles fossiles en cours de réflexion. La fermeture des centrales électriques fonctionnant au charbon en est un exemple ;
  • Une action forte sur la réduction du combustible fossile le plus utilisé : le pétrole, notamment via la promotion du véhicule électrique qui devrait se substituer au véhicule thermique. L’ensemble des mesures concernant la mobilité durable sont en cours de discussion dans le cadre de l’élaboration de la loi d’orientation sur la mobilité ;
  • Une action forte sur la maîtrise de la demande en énergie pour chauffer les bâtiments. Le Plan de rénovation énergétique des bâtiments devrait permettre de réduire les consommations d’énergie dans les bâtiments existants ;
  • La promotion de l’utilisation d’énergies renouvelables pour la production de chaleur.

Concernant les investissements sur les énergies renouvelables thermiques :

Un fonds chaleur a été mis en place afin de soutenir la production de chaleur à partir de sources renouvelables. Son champ d’action intègre aujourd’hui également le soutien des projets en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et du renforcement de l’indépendance énergétique de la France. Le Fonds chaleur soutient le développement de toutes les filières de chaleur renouvelable promues dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Sa gestion a été déléguée à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

Le Fonds chaleur vise à garantir un prix de la chaleur renouvelable produite inférieur d’environ 5 % à celui obtenu avec des énergies conventionnelles.

Le tableau suivant fait le bilan des principales filières aidées par le Fonds chaleur sur la période 2009-2015.

La Programmation pluriannuelle de l’énergie 2016 a fixé des perspectives de croissance pour la production de chaleur renouvelable. Les graphes ci-dessous rendent compte de l’historique d’évolution et des objectifs retenus. La chaleur produite à partir de bois a été présentée dans un schéma à part car cette filière étant beaucoup plus développée que les autres, les autres ne seraient pas apparues de manière lisible sur un même graphique. Ces graphiques permettent de voir que les évolutions sont cohérentes avec les objectifs posés. Les points posés en 2018 et 2023 sont les objectifs retenus par la programmation pluriannuelle de l’énergie adoptée en 2016. En 2023, c’est souvent une fourchette qui a été retenue, d’où la présence de deux points.

Concernant les investissements sur l’isolation :

Les mesures actuellement mises en œuvre pour réduire les émissions de CO2 du résidentiel/tertiaire visent principalement à améliorer la performance thermique de l’enveloppe des bâtiments, à favoriser le recours à des équipements de chauffage performants et utilisant les énergies les moins carbonées, et à améliorer l’efficacité énergétique des autres types d’équipement (éclairage, cuisson, eau chaude sanitaire, électricité spécifique). Ces leviers sont déclinés pour les constructions neuves et pour les bâtiments existants. La PPE de 2016 a intensifié ces mesures avec les objectifs suivants :

  • de renforcer le dispositif des certificats d’économie d’énergie ;
  • de soutenir une politique européenne ambitieuse et efficace en amtière d’écoconception et d’étiquetage des produits liés à l’énergie ;
  • de massifier la rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et tertiaires pour parvenir à la baisse de la consommation énergétique de 28 % à l’horizon 2030 par rapport à 2010 avec comme objectifs intermédiaires 8 % et 15 % respectivement en 2018 et 2023 ;
  • de favoriser la rénovation des bâtiments tertiaires existants grâce à des exigences réglementaires renforcées, améliorer l’écosystème du financement de l’efficacité énergétique (fonds de garantie, tiers financement, etc.) et mobiliser 3 milliards d’euros au niveau de la Caisse des dépôts et consignations afin de financer le plan de rénovation des logements sociaux ;
  • de développer le rôle du numérique et des données pour réduire la consommation et les factures.

Par ailleurs, en décembre 2017, le gouvernement a proposé un Plan de rénovation énergétique des bâtiments qui se décline en 4 axes et 13 actions. Les 4 axes sont :

  • Axe 1 : Faire de la rénovation énergétique des bâtiments une priorité nationale mieux identifiée et pilotée en associant l’ensemble des parties prenantes ;
  • Axe 2 : Lutter contre la précarité énergétique et massifier la rénovation des logements en industrialisant les actions les plus efficaces ;
  • Axe 3 : Accélérer la rénovation des bâtiments tertiaires, en particulier dans le parc public au travers de la mobilisation de nouveaux financements et en ciblant les bâtiments du quotidien des Français ;
  • Axe 4 : Accompagner la montée en compétences des professionnels du bâtiment et le développement de l’innovation pour l’essor de solutions industrielles, fiables et compétitives.

Commentaires

L'expérience de l'Allemagne, puis celle de la France ont montré, comme le dit l'auteur de la question, que malgré des milliards d'investissement dans le renouvelable, solaire et éolien pour l'essentiel, les émissions de CO2 augmentent. Votre réponse à la question semble montrer que, malgré le fiasco de la loi de transition énergétique sur ce point, cette dernière est toujours la référence et qu'il est exclu de la modifier (hors cependant peut-être l'échéance de la réduction à 50 % de la part du nucléaire). Est-ce bien responsable? Par ailleurs, n'est-on pas en train de perdre notre temps à participer à un débat qui de toute façon risque fort de ne rien changer?

33100

La lutte contre le réchauffement de la planète ayant été proclamée solennellement par les chefs d’état réunis à Paris pour la COP 21, en décembre 2015, quelques mois après l’adoption de la LTECV, n’oublions pas que l’objectif prioritaire de la PPE doit être la baisse des émissions de GES.
Or, l’électricité française est décarbonée à 90%, grâce à un mix fortement électronucléaire et hydroélectrique. La France est un modèle dans le domaine de l’électricité pour limiter la pire « menace du siècle » si j’en crois les experts et les chefs d’état ; un des deux ou trois pays les plus vertueux du Monde, aux côtés de la Suède, dotée du même type de mix électrique et de la Norvège, hydroélectrique à 90%.
Pourquoi, dans ce contexte, faudrait-il se priver d’un tel parc de production ?
Rappelons que depuis une trentaine d’années, en moyennes annuelles, grâce à notre mix électrique singulier, nous avons contribué à :
 réduire nos émissions de CO2 de quelque 300 Mt/an,
 économiser l’importation de près de 100Mtep/an d’hydrocarbures (charbon, fuel oil ou gaz),
 diminuer en proportion notre facture d’importation,
 contenir nos tarifs à un niveau nettement plus bas que ceux de nos voisins européens ?
On doit regretter de ne pas être en ligne avec nos ambitieux objectifs de réduction de GES par rapport à 1990 aux horizons 2030 et 2050, toutes énergies confondues. Si l’on en croit les médias, l’ADEME et autres lobbies anti-nucléaires, la solution serait dans la multiplication des éoliennes et autres panneaux solaires ? Notre modèle serait donc l’Allemagne. Voyons cela de plus près.
En 2017, les 99 GW (99000 MW) de capacités éoliennes et photovoltaïques (EnRi) allemandes (50% de la puissance totale du pays et 50% de plus que les 63 GW électronucléaire de la France) ont produit 142 TWh (23% du total Allemagne) quand le parc nucléaire français produisait 380 TWh (72% du total France) ; ces deux productions étant aussi peu émissives en GES. En conséquence, les émissions de GES allemandes associées à la production d’électricité restent environ dix fois supérieures aux nôtres et les tarifs aux particuliers, en Allemagne et dans tous les pays voisins, sont très supérieurs aux nôtres.
Doit-on ajouter que ces nouveaux moyens impliquent des investissements lourds :
 des coûts directs pour leur construction, leur maintenance et leur démantèlement,
 des coûts indirects pour développer des réseaux électriques en rapport avec leur foisonnement territorial et compenser leur production « au fil du vent et du soleil » ?
Soulignons aussi qu’ils ne sont pas moins émissifs de CO2 que le parc électronucléaire, si l’on considère l’ensemble de leurs cycles de vie.
Ils souffrent par ailleurs de graves limites rédhibitoire pour la stabilité du système électrique auquel ils contribuent :
 un faible facteur de production : 5 fois moindre que celui des centrales conventionnelles, nucléaires et fossiles, pour le photovoltaïque, 3 fois moindre pour l’éolien,
 intermittence et non adaptabilité aux fluctuations de la consommation.
Autant de facteurs de déstabilisation susceptibles d’induire de graves black-out à défaut de recourir à des moyens pilotables supplétifs (centrales à lignite, charbon et gaz en Allemagne, parc nucléaire en France).
Enfin, les émissions de CO2 allemandes, toutes sources confondues, restent supérieures et proches de 900 Mt/an depuis 5 ans quand les nôtres progressent légèrement depuis 3 ans pour atteindre 325 Mt en 2017.
Au contraire de l’Allemagne, la France dispose donc de très peu de marges d’économie d’émissions de CO2 dans le domaine électrique.

Nos faibles moyens financiers ne doivent-ils pas être consacrés prioritairement à développer les moyens utiles et efficaces à court-moyen termes et à nos recherches pour réduire nos émissions de GES et favoriser la sobriété énergétique ?
Compte tenu de leur impact environnemental, nous devons donc privilégier l’isolation des bâtiments, le remplacement des véhicules les plus émissifs par des solutions moins ou peu polluantes, conventionnelles ou électriques, notamment, sans attendre de rapides changements comportementaux collectifs nécessairement lents, compte tenu des habitus et addiction au confort, de l’insouciance et de l’inconscience d’individus non contraints.

Considérant :
 le plan solaire du Groupe EDF à l’horizon 2030 (+30 GW à construire entre 2020 et 2035, pour un investissement de 25 Mds d’euros, apportant à terme une énergie supplémentaire non programmable de 35 TWh/an),
 les différents projets éoliens marins (+3 GW capables de produire 10 TWh/an) envisagés depuis plusieurs années (mais toujours incertains compte tenu de leurs coûts élevés et des contestations écologiques locales),
 les fortes incertitudes qui pèsent sur les objectifs de réduction de la consommation d’électricité annuelle aux horizons 2030 et 2050,
 l’absence de solution de stockage de masse compensatrice des variations incontrôlées des EnRi, technico-économiquement performante, à moyen terme,
la solution raisonnable n’est-elle pas de maintenir notre puissance nucléaire actuelle jusqu’en 2030 ? Je le pense.
Le consentement, sans doute contrarié, de N. Hulot, mieux informé que quiconque des enjeux et des risques de la problématique, me conforte dans cette conviction.

92310

La réduction des émissions de GES est une priorité de la LTE. Ceci figure clairement dans le titre 1 de la loi telle que votée en 2015.
Donc la PPE doit être construite en suivant cette exigence.
J'ai déjà écrit que dépenser 6 Mds d'€ par an pour voir les émissions remonter était une pure gabegie. Et ce n'est pas l'arrêt politique de Fessenheim qui va arranger les résultats.
Et envisager seulement 150 000 rénovations de logements très mal isolés par an sur 7 millions est largement insuffisants.
Nous faisons fausse route et refusons de le voir.

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"Et envisager seulement 150 000 rénovations de logements très mal isolés"

Le plan de Nicolat Hulot prévoit 500 000 rénovations de logements par an.
Mais beaucoup de spécialistes pensent qu'il faudrait partir sur 700 000 / an.

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