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Point de vue n°57

Cahier d'acteur n°29 - CREDEN

2394 (Paris)

"La France émet sensiblement moins de CO2 par habitant que ses voisins européens (4,3 tonnes de CO2 en 2015 contre 6,3 pour un Anglais et 8,9 pour un Allemand) et elle le doit largement au poids élevé des énergies bas carbone dans son mix électrique. Le nucléaire a fourni 72% de l'électricité en 2016, l'hydraulique, l'éolien et le solaire près de 19%. Le thermique utilisant des combustibles fossiles ne représentait que 9% de cette électricité. Mais l'électricité ne concourt qu'à moins du quart des besoins d'énergie finale des Français et le pétrole, le gaz naturel et un peu de charbon pour plus des deux tiers. Les énergies fossiles permettent de satisfaire l'essentiel des besoins dans le secteur des transports et celui de l'habitat, et là les émissions ont peu baissé ces dernières années. Le bas prix de la tonne de CO2 sur le marché ETS (~ 13 euros aujourd'hui) n'est pas suffisant pour justifier en Europe le remplacement des centrales à charbon polluantes par des centrales à gaz nettement moins émettrices de CO2. Un prix élevé du CO2 est donc indispensable pour modifier l'ordre de mérite des centrales appelées sur le réseau, comme le rappelle le rapport Stern-Stiglitz publié fin mai 2017 et qui milite pour un corridor de prix allant de 40 à 80 dollars la tonne de CO2 à l'horizon 2020 et de 50 à 100 dollars en 2030. Il faut également mettre fin au double prix du carbone (taxe et prix sur le marché des quotas) et généraliser la taxe à tous les usages. Comme le souligne également le récent rapport de l'Institut Montaigne, il est temps que la France s'attache à favoriser la transition des usages énergétiques. Les ressources qui seraient être rendues disponibles par la « parité réseau » devraient être massivement injectées dans la mutation des usages énergétiques (mobilité électrique ou mobilité au gaz vert, biomasse, réseaux de chaleur, ...) afin d'initier la décarbonisation durable de notre économie."