Point de vue n°178
Cahier d'acteur n°96 - SFEN
"Pour parvenir à la neutralité carbone en 2050, tout en répondant aux préoccupations économiques et sociales des Français, la transition énergétique peut s'appuyer sur la filière nucléaire pour produire une électricité bas carbone."
Commentaires
Une compétence à préserver à tout prix
Ce cahier d'acteur situe très bien les enjeux du nucléaire en France. Grace à lui notre électricité est très décarbonée, créatrice d'emplois et garante d'un très bon niveau d'indépendance énergétique.
On ne peut désormais qu'insister sur la nécessité d'une politique plus pragmatique qu'idéologique, avec une vision claire du futur. Or les gouvernements successifs n'ont pas suffisamment pris en compte l'impérieuse nécessité de préserver le capital scientifique, technologique et humain que le nucléaire représente chez nous. Ce ne sera possible que si la vision à long terme est ambitieuse et si de nouveaux projets sont engagés.
La PPE doit proposer dès maintenant des objectifs en ce sens. Le grand carénage, la programmation de nouveaux réacteurs de génération 3 et la poursuite du programme de 4ème génération devront en faire partie
Préparer l'avenir nucléaire
Cette phrase
Et il faudra aussi réfléchir aux générateurs du futur de génération 4, les surgenerateurs
est très tendancieuse et fait croire que les surgénérateurs sont de la génération 4, terme qui n'est pas définie par ailleurs : il s'agit de réacteur auto stable.
En fait IL FAUT DES AUJOURD'HUI developper les réacteurs à sels fondus de thorium qui sont bien de la génération 4 et qui pourront consommer ou plutôt incinérer le plutonium. La France ne veut pas de surgénérateur l'arrêt de super Phénix est un FAIT. Le sodium fondu est trop difficile à maitriser quand la taille augmenter.
L'avaenir énergétique de la France de l'Europe
Qu'on ne s'y trompe pas la France, quels que soient ses futurs choix énergétiques, ne pèsera pas vis à vis des émissions de CO2 sur le long terme dans notre environnement mondial unique. En d'autre terme la France par ses choix technico-économiques doit être un exemple de modernité, de gestion économique et de sagesse vis-à-vis du débat sur l’analyse de ses besoins et de ses moyens de production futurs avec une projection européenne pour la stabilité de son réseau de distribution.
Ainsi mettre aujourd'hui en opposition de phase la poursuite du nucléaire au développement des ENR est une absurdité tant du point de vue économique que du débat sociétaire. La protection de l'environnement en tenant compte de la démographie actuelle et future mérite une politique énergétique qui doit s'appuyer sur la production d'énergie d'origine nucléaire pilotable et de type ENR lorsque celle-ci présente des atouts majeurs. Sans cette vigilance le gaz et le charbon viendront compléter la production ENR défaillante dans les périodes météorologiques défavorables dont les profils temporels aujourd'hui sont connus. Pour la France le seuil de 50% en énergie d'origine nucléaire qu'il conviendra d'atteindre sur le long terme pour éviter une catastrophe économique ou une dépendance trop forte aux énergies fossiles doit absolument être maintenu pour assurer une maîtrise technologique et industrielle ainsi qu’une exploitation sûre de nos installations.
En outre le rayonnement de la France à l'étranger dépend en grande partie de ses fleurons industriels et la conquête de nouveaux marchés y compris via le principe d'accord de coopération relève de son savoir faire reconnu mondialement dans le domaine de l'énergie nucléaire et du traitement de ses déchets. Les 4 EPR en phase de pré-démarrage (2 en Chine, 1 en Finlande, 1 en France) et futurs à construire (2 en Angleterre et 4 potentiels en Inde) témoignent de ce regain vers des conceptions REP plus sûres sans compter des technologies concurrentes type VVER de ROSATOM et AP 1000 de WESTINGHOUSE dernièrement mises en œuvre avec les meilleures dispositions de sûreté et de sauvegarde.
On oublie trop vite que notre présence dans l'univers n'a été possible que suite à des réactions nucléaires et que notre soleil en est la démonstration palpable au quotidien. Alors certes traitons au mieux les risques industriels basés sur des événements majeurs mais n'écartons pas de façon arbitraire sans débat constructif l'usage de l'atome pour améliorer le quotidien des êtres humains. Sans le nucléaire civil la planète court à sa perte et à court terme car l'accès à l'énergie dont la croissance est forte en Afrique et en Asie et à l'eau (bilan OCDE), qui se raréfie dans certaines zones à forte densité de population nécessitant des unités de dénasalisation consommatrices d’énergie, est une donnée essentielle à la survie des espèces ce qui pourrait entraîner des conflits durables et destructifs. Enfin l’orientation prise par la France vis-à-vis d’une motorisation électrique obligatoire à terme pour l’automobile va accroître la consommation prévisionnelle électrique malgré les efforts d’isolation des bâtiments. Le tout nucléaire n'est plus le challenge à revendiquer mais le tout ENR ne permettra pas non plus de maintenir l'apport continu en énergie pour répondre aux besoins.
Je suggère donc de renforcer la sûreté des installations si besoin en réduisant les puissances unitaires à une valeur conventionnelle et modérée de 1000 MW pour limiter la complexité des moyens de sauvegarde à mettre en œuvre et rendre par une conception adaptée l'émission accidentelle de radioéléments aussi faible que possible c'est à dire à des valeurs acceptables non rédhibitoires pour l'environnement. En effet il faut préparer l'avenir pour les années 2030 afin de remplacer les unités d'exploitation les plus anciennes de façon graduelle par une nouvelle conception de réacteurs à définir dans leur principe au plus tard en 2020, en visant la simplicité des systèmes fonctionnels pour un pilotage sûr et privilégier la robustesse des technologies employées pour une durée de vie comparable à l’échelle d’une génération humaine tout en priorisant le montage modulaire, la protection des bâtiments aux agressions externes y compris « terroristes » (pourquoi pas l’utilisation de caverne naturelle pour le bloc réacteur) et la surveillance numérique à distance des fonctions fondamentales de sûreté à savoir l'intégrité des équipements mécaniques et des structures de génie civil, le confinement des substances radioactives et le refroidissement des assemblages combustibles en réacteur et en piscine de désactivation.
Soyons ambitieux
Le précédent programme nucléaire commencé dans les années 70 a permis de produire depuis cette époque une électricité abondante, sûre, bon marché et respectueuse de l'environnement.
Les raisons de repartir sur un projet industriel similaire pour renouveler le parc actuel avec des réacteurs de 3ème génération (les EPR 2) sont les mêmes, l'urgence climatique en plus.
D'autant que les scientifiques comme l'Académie des Sciences confirment qu'il n'y a pas d'alternative, les énergies intermittentes étant limitées quand à leur % d'intégration dans le mix, chères si on tient compte des subvention qui permettent leur développement et finalement pas si propres que ça car elles ont besoin d'être soutenues par des centrales pilotables, la plupart du temps à combustible fossile.
Et la réussite du renouvellement du parc par des EPR repose sur des réacteurs construits en série et à la suite pour bénéficier de l'effet d'entraînement.
Pour pouvoir commencer avec une paire d'EPR2 dès 2030 (premiers arrêts de réacteurs du parc actuel) il faut prendre une décision 10 ans avant, soit dès 2020 comme l'écrit la SFEN.
A l'inverse, si le gouvernement tergiverse, la France sera dans l'impasse : soit obligée de construire des "backups" au charbon comme l'Allemagne qui ne peut s'en défaire, soit s'adresser à des électriciens étrangers (Russie ou Chine) qui seront toujours prêts à nous vendre leur technologie, et seront opérationnels vu leur carnet de commande.
Aujourd'hui se construit l'avenir de demain
EDF a engagé son projet industriel dit du grand carénage pour poursuivre l’exploitation des réacteurs au delà des 40 ans. Ce sont 48 milliards d’euros qui sont engagés pour remplacer les gros composants (tel que générateurs de vapeur dit GV transformateur ...)
Quel entreprise en France investit autant d’argent ? Cet investissement fait travailler de nombreuses entreprises contrairement à l’achat des panneaux photovoltaïques qui profitent à la Chine.
Cette prolongation de la durée de vie de nos réacteurs actuels permet de compenser les ENR intermittentes.
Les déchets nucléaires sont gérés de manière sûre et contrôlée. La loi Bataille de 1991 est voté, l’enfouissement profond acté et débattu avec une analyse de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et son appui technique l’IRSN. Le projet Cigeo est l’aboutissement et doit naître. Je rejoins totalement le cahier d’acteur de la SFEN notamment sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires dont la décision doit intervenir rapidement avant 2020 vu le temps administratif et la construction qui sont longs pour une exploitation de 60 ans . Nous serons alors proche de 2100.
Devant l'urgence climatique soyons pragmatiques et efficaces
Merci pour votre analyse.
Quel est l'objectif prioritaire? Réduire les émissions de gaz à effet de serre?
L'énergie électrique ne représente aujourd'hui que 25% des consommations finales d'énergie. Cette énergie est aujourd'hui largement décarbonée (90% environ gràce au nucléaire 77% et l'hydraulique 13%). On peur rajouter à ce bilan les quelques pour cent de l'éolien et du solaire s'ils n'induisent pas la mise en oeuvre de moyens compensatoires carbonnés.
On peut donc logiquement s'intéresser aux autres sources de production de gaz à effet de serre (bâtiment, transport..) où des réserves d'économies potentielles peuvent être réalisées.
Ne pas négliger les autres formes d'énergies renouvelables; filière bois-énergie, géotermie, énergies de récupérations industrielles....
Il semble nécessaire de diminuer les subventions aux ENRi et renforcer la recherche et le développement sur des secteurs qui montrent une réelle efficacité à brève échéance.
Préparons l'avenir avec l'EPR 2
Tout à fait d'accord avec vous pour preparer la relève progressive du Parc Nucléaire actuel qui aura atteint 50 à 60 ans en 2030 : Le futur parc d'EPR 2 doit être lancé rapidement et il faudra bien 10 ans pour le construire !
Et il faudra aussi réfléchir aux générateurs du futur de génération 4, les surgenerateurs, comme le font les Russes, par exemple. Avec le stock de plutonium accumulé par les centrales REP, la France dispose de son combustible pour des dizaines d'années, assurant ainsi son indépendance énergétique.