CHOISIR - Edito du 28 mai
Nous voici donc arrivés au moment du débat où l’on tentera de mettre en forme les échanges sur le mix énergétique et sur le mix électrique tels qu’ils doivent ressortir au moins en partie de la future PPE issue de la loi de transition énergétique.
Rappelons que cette loi avait comme ambition politique de calmer la « grande querelle énergétique française » qui oppose entre elles les formes d’énergie et d’afficher pour cela des objectifs intermédiaires supposés plus consensuels.
Depuis deux mois, de très nombreux arguments ont été échangés. Trois grandes catégories de positions structurent le débat.
L’une, à l’usage, conteste la loi au motif que ses objectifs seraient en eux-mêmes contradictoires. Les EnR seraient in fine un gouffre financier pour une production intermittente. Il conviendrait donc par exemple de subventionner davantage la chaleur durable ou la mobilité non carbonée et beaucoup moins les EnR électriques, l’électricité étant selon cette position largement propre en raison de la place importante d’un nucléaire qu’il conviendrait au contraire de renforcer.
L’autre revendique une transition plus soft en se fondant sur un certain nombre d’incertitudes. Le contexte géopolitique imprévisible des prix, l’évolution contradictoire des comportements de consommation, la rapidité incertaine de montée en puissance des renouvelables et des innovations technologiques, tout cela appellerait une trajectoire plus prudente. Tout en poursuivant la politique de développement des EnR, il faudrait par exemple retarder significativement (jusqu’à 2035) la réduction à 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique.
Une autre position, plus volontaire, estime que les retards sont dus à l’incapacité des pouvoirs publics à proposer des modalités massives d’économie et d’efficacité énergétique pourtant possibles. La rénovation thermique massive du bâti et la mobilité durable, la réduction des consommations d’électricité sans baisse de confort, la baisse des coûts constatés dans les EnR permettraient à la fois de réduire la part des énergies fossiles, et de réduire comme prévu la part du nucléaire considéré comme ruineux et dangereux.
Bien sûr, entre ces trois positions qui balisent le champ des arguments, il y a beaucoup de variantes ou de nuances possibles. La place du gaz et l’évolution vers le biogaz est ainsi largement ouverte par les participants, de même que celle de l’hydroélectricité.
La question des coûts et des impacts économiques et sociaux, celles des rythmes, de l’efficacité de la dépense publique, la productivité en matière d’emploi, d’impacts environnementaux et de sécurité technologique mais aussi l’égalité des territoires, la place du service public, sont donc absolument déterminantes pour tous les acteurs appelés à prendre des décisions.
Mais le décideur aura aussi en tête l’objectif rappelé plus haut d’"unir le pays" et non de le diviser davantage encore.
A chacun aussi dans ce débat, une fois développées ses propres positions de départ, de faire le même effort et d’intégrer cet objectif d'unité sans lequel ni stabilité ni inscription dans la durée ne sont vraiment possibles en matière d'énergie.