Avis n°272
Le nucléaire : une énergie qui doit le rester
le ,En soixante années d'expérience, la France a véritablement acquis une expertise unique en la matière. Les connaissances doivent grandir et être partagées entre spécialistes afin de continuer à améliorer la sûreté nucléaire. Les mésaventures survenues sur la cuve de l'EPR montrent à quel point il est essentiel de maintenir une compétence hors du commun. La moindre défaillance peut avoir des conséquences lourdes. Ce qui est rassurant c'est qu'on trouve les anomalies (quand elles existent) avant la mise en route des nouveaux réacteurs et que l'ASN ne quitte pas d'une semelle EDF. Le moindre incident doit être reporté et les experts de l'ASN n'hésitent pas à taper du poing sur la table même si EDF joue le jeu de la transparence. Les sites sont soumis à un contrôle drastique et si exemplaire que le modèle français s'exporte. La Finlande, la Grande-Bretagne et même la Chine font appel aux technologies françaises. Les ventes de réacteur ont un caractère parfois politique comme le récent accord entre la Russie et la Turquie, mais si la France est si prisée par les pays qui veulent rejoindre le club du nucléaire civil ou renforcer leurs capacités, il s'agit là d'une reconnaissance d'un savoir-faire. Une reconnaissance qui vaut des milliards d'euros et qui permet d'entretenir un savoir-faire français.
Il est certain que le plus difficile est de convaincre l'opinion de l'atout du nucléaire. Tout dépendra de la pédagogie employée. Même si cela est sain, les articles qui foisonnent pour dire qu'il existe une anomalie à tel endroit ou qu'une intrusion a eu lieu dans telle centrale n'est pas de nature à rassurer les esprits. Pourtant, le coût de production qui se répercute positivement sur la facture, l'indépendance énergétique, le fait que le nucléaire soit décarboné et la transparence dans la communication autour du nucléaire sont de taille pour lutter contre les craintes alimentées par un discours trop souvent alarmiste.
Commentaires
Le nucléaire est trop cher et trop dangereux pour l'Europe
Il faut quand même bien avoir conscience du risque (inutile) qu'on fait courir aux Français et aux Européens. Je pense, bien au contraire, qu'on peut rougir de notre fuite en avant vers une gabegie des deniers publics à l'opposé de la direction à prendre et qui va nous faire rater le train des renouvelables à nous et à l'Europe entière (et nous emmener à coup sûr droit dans le mur, même si on n'a aucun accident et que cette perspective est de moins en moins probable à cause du vieillissement de nos machines ou de l'hubris de nos dirigeants pour sauver coûte que coûte le soldat EPR). Le nucléaire n'est pas flexible du tout. Si on veut le rendre flexible, on augmente les risques d'accident (toute variation de régime génère des contraintes qui sur du matériel vieillissant - microfissures dues au bombardement neutronique - peut créer des ruptures brutales). Ne pas oublier toute la radioactivité artificielle et tout le stock de plutonium dont on ne sait que faire et que l'on va transmette à nos enfants et toutes les centrales à démanteler qui vont nous coûter une blinde. Le nucléaire est immoral, pas encore interdit mais il y a vraiment de quoi rougir de honte à ne faire que ça, tout comme pour le diesel d'ailleurs. Nos technocrates français sont systématiquement mal inspirés (on peut se demander quelle mouche les a piqués). J'aurais moins honte de fonctionner avec un système à l'allemande avec des landers qui ne sont pas, comme en France obligés, de se soumettre à l'oligarchie centrale (parisienne en l'occurrence). Je les envie d'être sortis du nucléaire et j'attends avec impatience un référendum sur la sortie du nucléaire en France.
@ H Gabriel
Si vous acceptez le nucléaire, installer des éoliennes et du solaire est idiot, et même contre productif pour les émissions de CO2. C'est un investissement inutile, en doublon, qui nécessite donc des ressources ( béton, métaux, finances) qui seraient mieux utilisées ailleurs.
La France n'a pas à rougir de son modèle
La France a fait un choix courageux en s’engageant depuis une décennie sur la voie de la transition écologique. Du Grenelle de l’Environnement en 2007 à la loi de transition énergétique pour la croissance verte en passant par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, tous les gouvernements de droite ou de gauche ont pris à bras le corps cette problématique fondamentale. Au lieu de nous en féliciter pour nous encourager à aller plus loin, la France est victime d’un mal bien particulier qui s’appelle l’auto-flagellation.
En effet, la France n’est jamais assez dans le vrai en raison de son industrie nucléaire très développée. Avec 75 % de l’électricité produite issue du nucléaire, notre pays est celui dont la part du nucléaire est le plus important dans le monde. Un problème ou un atout ? Il me semble que comme l’auteur du premier message, le nucléaire est un atout car c’est une énergie qui n’émet pas de CO2. Résultat, la France fait partie du top 6 des Etats européens les moins pollueurs en matière de CO2. Il est donc inconséquent de blâmer le nucléaire pour les fruits très concrets et positifs qu’ils nous apporte. Notre pays a la chance d’avoir un temps d’avance pour mener à bien sa transition énergétique. Il ne reste plus qu’à mettre l’accent sur les énergies renouvelables pour passer en douceur d’un modèle nucléarisé à un modèle plus vert.
Est-ce la fin programmée du nucléaire ? Il me paraît trop tôt encore pour évoquer cette thèse, car malgré les progrès sensibles de ces dernières années, l’intermittence reste un problème central dans le développement des énergies éoliennes et solaires. Les capacités de stockage de l’énergie sont encore très limitées alors que le nucléaire est très flexible. Une demande en hausse ou en baisse ne constitue pas un problème à tel point que la France n’a pas connu de black-out depuis une cinquantaine d’années. En résumé, félicitons-nous de notre parc nucléaire et développons à bon escient d’autres énergies qui sauront faire de la France un modèle à suivre au XXIe siècle.