Question n°346
Redéfinition de la SNBC de la France
le ,Les résultats de la stratégie bas carbone développée par le Ministère de l'Environnement vont à l'encontre du but recherché puisque nos émissions de gaz carbonique ont augmenté sur 3 années consécutives, 2015,2016, 2017, malgré des sommes de plus de 5 milliards d'€/ an hors TVA, prélevées sur l'électricité, le gaz et les carburants pour le soutien aux électricités éoliennes et photovoltaïques. Notre SNBC n'est donc pas adaptée. Et nous ne pouvons pas persister dans l'erreur. La LTECV doit être amendée.
L'énergie s'inscrit dans le temps long. Les décisions prises aujourd'hui commenceront réellement à porter leur fruit dans 20 ans. D'où l'importance d'inscrire cette PPE dans la trajectoire à accomplir d'ici 2050. Et notre seul objectif pour 2050 est d'avoir réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 75 % par rapport à celles de 1990.
L'électricité étant décarbonée en France, il n'y a que la réduction drastique de nos consommations de combustibles fossiles qui permettra d'atteindre cet objectif annoncé internationalement lors de la COP 21.
Pour y parvenir, il nous faut réduire au moins de moitié nos consommations de combustibles fossiles d'ici 2050 à la fois par les économies d'énergie dans les logements les plus voraces, par la substitution de combustibles fossiles par des énergies renouvelables thermiques utilisées sous forme de chaleur (et non d'électricité pour des questions de rendement) et de la substitution des carburants destinée à la mobilité par de l'électricité décarbonée.
La PPE qui doit résulter de cette consultation doit projeter une baisse significative des consommations de charbon, d'hydrocarbures et de gaz sinon nous n'atteindrons pas les objectifs fixés. Notre modèle doit être la SNBC de la Suède et non celle de l'Allemagne.
Quelques remarques :
1- La consommation des combustibles fossiles doit être divisée par au moins 2 d'ici 2050. Tout ne sera pas possible par l'accroissement de l'efficacité énergétique. La consommation d'électricité décarbonée augmentera ce qui rend incompréhensible la réduction de la production nucléaire.
2- Les électricités renouvelables intermittentes (ELRi) ne sont pas d'une grande utilité dans un pays comme le nôtre où l'électricité est déjà décarbonée. Malgré tout l'ensemble des contrats déjà signés représente 131 Mds d'€ dans le rapport de la Cour des Comptes et les contrats nouvelle formule ne changeront pas ces ordres de grandeur. Elles consomment les finances qui permettraient de distribuer des aides substantielles pour amorcer le processus de rénovation énergétique des logements « passoires thermiques». Il faut donc fixer des quotas annuels et ne pas fonctionner comme actuellement à guichet ouvert.
3- Les énergies renouvelables thermiques utilisées sous forme de chaleur qui représentent à ce jour seulement 16 Mtep peuvent assez facilement atteindre 40 Mtep en 2050. la LTECV n'en parle pratiquement pas sauf vaguement dans les réseaux de chaleur évoquées dans son dernier titre.
4- Outre la CSPE pour les électricités renouvelables intermittentes qui représente près de 6 Mds d'€ par an, la loi a mis en place une contribution climat énergie, taxe carbone en réalité, et la loi de finances 2018 donne une nouvelle trajectoire du prix du carbone (€/tCO2) : 44,60€ en 2018, 55€ en 2019, 65,40€ en 2020, 75,80€ en 2021 et 86,20€ en 2022. Comme la CSPE ne peut servir qu'au remboursement des surcoûts portés par les acheteurs obligés d'ELRi, pourquoi ne pourrait-on pas utiliser le produit de cette taxe carbone pour financer les aides aux rénovations énergétiques lourdes ?
Ma question porte sur ces quatre points et la redéfinition de la SNBC de la France.
Nous vous remercions pour votre contribution au débat. Nous avons bien noté votre avis sur la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
Vous avez bien cerné les enjeux sur lesquels le gouvernement doit se positionner aujourd’hui. La révision des deux exercices, Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et PPE, se fait en même temps pour assurer qu’il y a bien une cohérence de vision de l’avenir énergétique de la France : la PPE ne porte que sur une période de 10 ans, jusqu’en 2028, mais elle doit être la première marche pour atteindre la neutralité carbone à 2050 que doit porter la SNBC.
La lutte contre les énergies fossiles est une priorité du gouvernement comme la loi le lui demande. Elle va se faire via plusieurs canaux :
- Des actions ciblées sur la réduction des combustibles fossiles en cours de réflexion. La fermeture des centrales électriques fonctionnant au charbon en est un exemple ;
- Une action forte sur la réduction du combustible fossile le plus utilisé : le pétrole, notamment via la promotion du véhicule électrique qui devrait se substituer au véhicule thermique. L’ensemble des mesures concernant la mobilité durable sont en cours de discussion dans le cadre de l’élaboration de la loi d’orientation sur la mobilité ;
- Une action forte sur la maîtrise de la demande en énergie pour chauffer les bâtiments. Le Plan de rénovation énergétique des bâtiments devrait permettre de réduire les consommations d’énergie dans les bâtiments existants ;
- La promotion de l’utilisation d’énergies renouvelables pour la production de chaleur.
Le produit des taxes n’est pas directement affecté à un usage particulier, mais les calculs budgétaires qui précèdent toute décision tiennent bien compte de l’ensemble des mouvements budgétaires.
Réponse non satisfaisante sur la rénovation énergétique
La déclaration récente du Ministre Nicolas Hulot sur le sujet de la rénovation énergétique
parue le 26 avril 2018.
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, qui veut créer "un choc de confiance" des Français, a présenté jeudi à Angers son plan visant à favoriser la rénovation énergétique des bâtiments, grâce notamment à une simplification des dispositifs d'aide.
"Il faut créer un choc de confiance" des Français, a déclaré Nicolas Hulot à l'occasion d'une visite d'un lycée rénové à Angers. ....
L'objectif est de rénover 500 000 logements par an - une ambition déjà affichée, sans succès, durant le quinquennat précédent -, en mobilisant 14 milliards d'euros sur cinq ans, planifiés dans le cadre du Grand plan d'investissement annoncé en septembre par le Premier ministre Edouard Philippe.
Dans le détail, le gouvernement affiche l'objectif de 100.000 logements HLM annuels rénovés par les bailleurs sociaux et vise 250.000 logements particuliers rénovés par an, grâce à des mécanismes existants tels le crédit d'impôt, l'Eco-prêt à taux zéro (ECO-PTZ) et les certificats d'économie d'énergie.
Certains de ces mécanismes ont rencontré jusqu'ici des difficultés. Lancé en 2009 et accordé sans conditions de ressources, l'ECO-PTZ par exemple, est considéré comme trop complexe et reste peu distribué par les banques. Il faut "essayer de provoquer la confiance au niveau des banques. Si elles ne jouent pas leur rôle, l'Etat le jouera", a averti M. Hulot.
Des aides simplifiées
Prévu par la loi de transition énergétique, ce fonds sera doté de "plus de 50 millions d'euros" afin d'aider "35.000 ménages aux revenus modestes par an".
Le Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) va être transformé en prime en 2019, afin de permettre aux ménages de toucher l'aide financière plus rapidement. Son mode de calcul va être revu pour prendre en compte l'efficacité énergétique des travaux.
L'organisme regrette qu'il ne soit pas fait mention de "la mise en place d'un guichet unique pour l'information et l'obtention des différentes aides" car "faciliter les démarches des ménages est un levier prioritaire", selon lui.
Le plan gouvernemental vise aussi la rénovation de 150.000 "passoires thermiques" par an, des logements particulièrement énergivores (étiquetés F ou G). La France en compte entre 7 et 8 millions, et ils sont occupés notamment par des ménages modestes pour lesquels l'enjeu financier est très important, un logement mal isolé renchérissant les dépenses de chauffage.
(Commentaire de Fluchère. Ce sont ces logements qui sont prioritaires. Les autres doivent arriver dans un second temps.)
Ce plan "reste insuffisamment ambitieux" pour rénover les "passoires énergétiques" à horizon 2025, a réagi dans un communiqué l'Initiative Rénovons, qui regroupe des entreprises et des ONG. Le collectif souligne notamment que le plan ne prévoit "aucun financement supplémentaire d'envergure" par rapport au quinquennat précédent.
Je dis que rénover 150 000 logements dits "passoires thermiques par an" sur 7 millions de logements classés dans cette catégorie est insignifiant. Sur les 10 ans à venir, seuls 1,5 millions de logements seront rénovés!
Donc, je persiste, la taxe carbone qui est maintenant de 44 €/tCO2, doit être affectée en priorité sur cet objectif, faute de quoi, nous passons à côté de l'iun des enjeux majeurs de cette PPE.