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Avis n°360

Soyons vraiment écologistes, maintenons et diversifions sources et usages de l'énergie nucléaire

Ajouté par 2631 (Suresnes), le
[Origine : Site internet]

« La plus haute fonction de l'écologie est la compréhension des conséquences. »

L'objectif de la transition énergétique est de bâtir un système global plus vertueux pour les hommes et l'environnement, ces deux éléments étant consubstantiels. Plus vertueux pour le périmètre national en premier lieu, et même si possible influençant positivement - conceptuellement et matériellement - nos voisins européens et le reste du monde.

Comment parvenir à cela ? Certainement pas en fixant des objectifs arbitraires et en invoquant une transformation de principe dont les conséquences ne sont pas comprises, ou simplement ignorées.

Dans les années 60-70 la France était à l'initiative, innovante et à la pointe des nations industrialisées dans le domaine de l'énergie en mettant en œuvre un programme ambitieux de développement du nucléaire civil pour sa production d'électricité. C'était une époque où l'environnement n'était pas une valeur très porteuse, et où le développement sans limite et sans état d'âme était la référence quasi-exclusive de modèle de société. L'objectif était alors de disposer d'une électricité abondante et peu chère pour soutenir le développement du pays, sa croissance économique rapide, diminuer fortement la dépendance de la production d'électricité nationale aux hydrocarbures, maîtriser notre balance commerciale, et renforcer ainsi notre souveraineté.

En ce début de siècle, la France s'est encore retrouvée à la pointe, en avance sur les autres grandes nations industrialisées ; mais cette fois de manière passive, presque à son corps défendant.

Le réchauffement global anthropique de la planète, induisant un dérèglement majeur et ultra-rapide du climat, est devenu la menace principale pesant sur l'ensemble des écosystèmes et sur les civilisations humaines, si ce n'est sur l'humanité elle-même, au moins telle que nous la connaissons. Le combattre est devenu un enjeu prioritaire international, à travers la recherche d'une diminution des émissions de gaz à serre - tout en modérant autant que faire se peut la dégradation généralisée de l'environnement et des écosystèmes induite par les activités humaines en dehors même des effets du réchauffement global -.

Or il se trouve que grâce à sa base nucléaire installée, la France s'est retrouvée - sans nouvel effort consenti - parmi les meilleures nations mondiales en termes d'émissions de gaz à effet de serre pour sa production d'électricité. Ça n'était pas un objectif recherché à l'origine, mais simplement une conséquence fortuite des choix stratégiques de l'ère gaulliste. Une chance, une opportunité formidable en somme (et nous ne sommes même pas, au mieux à peine, du bout des lèvres, reconnaissants de cette bonne fortune) !

Maintenant que les conséquences de nos choix sont de mieux en mieux connus, ne serait-ce que par retour d'expérience interne et externe, sans parler des projections que nous permettent les sciences et techniques - tout en gardant une nécessaire humilité face à la fiabilité de ces projections -, ces choix devraient être d'autant plus éclairés, et considérés sur le temps long. Or ils sont en pratique subordonnés à des contextes contingents, à des objectifs de court terme (par exemple gagner de l'argent en développant une industrie inutile mais largement subventionnée en surfant sur une aubaine financière et un phénomène de mode affectif) voire d'ultra court-terme (fonder une alliance politique de circonstance pour gagner une élection sur une promesse de mesure sans autre fondement qu'un aveuglement idéologique confinant au dogme religieux). Cela, n'est pas écologique. Il s'agit même d'une dynamique anti-écologique ; l'écologie étant la compréhension des conséquences, et étant par essence appelée à examiner, à considérer les systèmes complexes, les interactions et les rétroactions, l'immense et le minuscule, l'évident et l'invisible, le futur lointain comme une jauge de la valeur du présent.

Il est saisissant de voir que nombre de personnalités se réclamant historiquement ou plus récemment de l'écologie politique - ce qui est en soi une forme de pléonasme -, pour le principe de mettre à mal et rechercher à supprimer l'usage de toute énergie nucléaire, passent à côté de l'enjeu majeur que constitue l'abandon massive des hydrocarbures dans la production d'énergie au sens large, et sont prêts à promouvoir et à encenser aveuglément des filières d'énergies intermittentes qui reposent actuellement et reposeront encore pour longtemps - en se privant de nucléaire - sur leur dualité avec des centrales thermiques fonctionnant aux combustibles fossiles qui nuisent à l'environnement, à la santé, tuent de manière démontrée et massive à l'échelle mondiale par le biais à la fois de la pollution atmosphérique et du dérèglement climatique, sans même parler des désordres géopolitiques qu'ils induisent.

Bien avant même d'insister sur la sobriété et l'efficacité énergétiques, ils sont ainsi beaucoup plus prompts et plus diserts sur le développement des filières éoliennes et photovoltaïques pour remplacer le nucléaire, comme une fin en soi - ce qui est accessoirement, bon an, mal an, voué à la désillusion, une production intermittente sans stockage à niveau équivalent ne remplaçant pas une base installée pilotable -. En faisant abstraction de leur emprise au sol, de la consommation de ressources naturelles pour leur fabrication - en l'occurrence très loin du territoire national -, leur acheminement, leur démantèlement, de la question de la gestion de leurs déchets. Ils ne semblent pas envisager le moins du monde que la diminution des prix de ces filières puisse correspondre à une fabrication lointaine, vraisemblablement pas la mieux-disante en termes d'extraction des matières premières, de modération de l'empreinte environnementale des industries mobilisées, et de conditions sociales.

En contradiction avec leurs propres principes théoriques ils semblent préférer le développement, l'installation de toujours plus d'équipements neufs, plutôt que de continuer à utiliser le plus longtemps possible ce qui existe déjà, c'est-à-dire prolonger la durée de vie des centrales bas carbone. Comme chasse au gaspillage, on a vu mieux.

Ils semblent enfin faire abstraction du fait que la maîtrise de l'énergie nucléaire correspond en France à une ambition collective, à un projet commun pour partager un bien public ; là où l'éolien et plus encore le photovoltaïque, correspondant à des entreprises et à des modes de production privatisés, à un marché de l'énergie éminemment spéculatif, participent de démarches et d'un modèle de société beaucoup plus individualistes et prédateurs.

Ce qui est écologique, en premier lieu, c'est d'isoler les bâtiments pour dépenser moins d'énergie à les chauffer et à les refroidir. C'est utiliser des moyens de thermorégulations n'utilisant pas d'énergies fossiles. C'est - dans le même ordre d'idée et avec la contrainte d'une population humaine importante sur un territoire fini - concentrer l'habitat plutôt que le diluer et l'étendre sur les terres arables. C'est favoriser toutes les formes de circuits courts entre la production et le consommateur. Ce qui permet également de diminuer l'énergie à dépenser pour les transports. Transports qui doivent être au maximum collectifs et électriques. C'est, pour les marchandises, le recours massif et prioritaire au ferroutage, et, pour la mobilité individuelle, l'utilisation de véhicules petits, légers, et tirant également leur énergie motrice de sources électriques.

Ce qui est écologique pour la production de l'énergie nécessaire et suffisante, en particulier pour les moyens collectifs, c'est favoriser les équipements faiblement émetteurs de CO2 et d'autres polluants gérés par dispersion-dilution, concentrés plutôt qu'extensifs afin de limiter leur emprise au sol et préserver les territoires, pilotables donc « intelligents » car adaptables à la demande. C'est, à demande constante ou tendant à la baisse, préférer l'optimisation et l'usage maximal des installations faiblement émettrices de CO2 déjà en place, et donc ne nécessitant pas l'usage important de matières premières supplémentaires pour leur équipement.

Ce qui correspond, en pratique, à la géothermie profonde, à l'usage généralisé des pompes à chaleur, à la production d'électricité au moyen de centrales hydroélectriques et nucléaires. Lorsque l'on bénéficie d'un gisement hydroélectrique à la mesure de ses besoins domestiques, on peut reposer essentiellement dessus. C'est le cas de plusieurs pays d'Amérique du Sud, de l'île Sud de la Nouvelle-Zélande, de la Tasmanie, de la Norvège, de la Géorgie, du Monténégro. Lorsqu'on a équipé en hydroélectrique tout ce qu'on pouvait sans détruire substantiellement ses territoires, ses vallées, son habitat montagnard, ses parcs naturels, en restant encore loin du compte de ses besoins, on complète alors avec l'autre énergie qui répond à tous les impératifs imposés par l'objectif poursuivi ; à savoir l'énergie nucléaire. La Suède l'a fait délibérément (il y a aussi l'Etat de l'Ontario au Canada). La France est parvenue - bien avant, mais fortuitement, comme indiqué plus haut - à un modèle similaire.

Entretenir les équipements de ce modèle, c'est comme réparer une vieille chaise en bois et en osier qu'on a chez soi, plutôt que la jeter et en racheter une en plastique fabriquée en Asie du Sud-est et flanquée d'un autocollant vert en forme de feuille avec marqué « écoresponsable » dessus. Maintenir un outil existant à l'apparence désuète qui remplit de fait et de manière démontrée les objectifs poursuivis et dont les déchets sont gérés, c'est-à-dire maintenir notre parc nucléaire et le faire durer le plus longtemps possible à niveau de sûreté constant voire meilleur par son amélioration continue (il ne s'agit pas de nier les risques associés à l'utilisation de cette énergie, mais au contraire d'en avoir pleinement conscience, de les évaluer au plus près de manière rationnelle et indépendante, d'en améliorer en permanence la gestion, et enfin de les mettre en balance avec tous les risques évités par son usage), plutôt que le remplacer même partiellement et pour ainsi dire sur un coup de tête par un objet neuf, plus à la mode, plus jetable, fabriqué le plus souvent à l'autre bout du monde et dont les déchets ne sont pas gérés sur l'ensemble du cycle, c'est là faire preuve de sobriété ; et c'est cela qui est écologique.

L'écologie, ça n'est pas le gaspillage de ressources pour installer de la capacité de production supplémentaire intermittente. Les moyens de production éoliens et photovoltaïques ont bien sûr leur place et sont amenés à se développer, mais au rythme des capacités de stockage effectives, pour des contextes et des usages adaptés correspondant à une réelle plus-value environnementale, essentiellement locale, et non pour un équipement à marche forcée en négation totale des acquis vertueux de notre système et des objectifs fondamentaux poursuivis par une transition énergétique raisonnée (par ailleurs il ne suffit pas qu'une énergie soit renouvelable pour être vertueuse. Les déchets organiques constituent une ressource renouvelable ; brûler ces déchets est donc une source d'énergie renouvelable ; cependant ce processus émet beaucoup de CO2 - plus que le charbon à quantité d'énergie produite équivalente - ainsi que de nombreux produits toxiques qui peuvent avoir un impact désastreux s'ils sont mal gérés).

Par ailleurs, même en faisant en premier lieu de gros progrès d'optimisation et en consentant des efforts substantiels organisés de sobriété d'usage, le modèle vertueux décrit plus haut - fondé sur des transports de personnes et de marchandises, individuels et collectifs, fonctionnant essentiellement à l'électricité fluide ou stockée, et sur du chauffage de bâti assuré au moyen de géothermie et de pompes à chaleur (alimentées électriquement) - conduira à une augmentation de la demande en électricité. Sauf en cas de grave crise économique, de désordres sociétaux majeurs, de surmortalité provoquée par une pandémie, un conflit armé d'envergure, un effondrement de nos sociétés ; mais en principe et en général ce type de modération subie, et non organisée, n'est pas ce que l'on recherche ou ce que l'on souhaite.

Pour assumer cette progression du besoin, il est nécessaire d'anticiper, de développer de nouveaux moyens de production d'électricité qui présentent toutes les vertus précédemment listées, dans le cadre d'une compréhension et d'une maîtrise des conséquences sur le long terme. Hors hydroélectrique lorsque son équipement est arrivé à pleine capacité sur un territoire donné, la source d'énergie électrique qui reste la plus sobre en termes d'émissions de CO2 au kWh, d'utilisation d'espace au sol par rapport à la puissance produite, de quantité de matières premières utilisées sur la durée de vie de l'installation, de volume de déchets produits - gérés, et non pas sciemment dispersés dans l'atmosphère, les eaux et les sols - reste le nucléaire.

Il s'agit donc de mettre en œuvre de nouvelles technologies, de nouvelles filières de nucléaire, avec des unités de production potentiellement plus petites. Cela permettrait de s'affranchir du risque supposé de défaut générique qui pourrait éventuellement nuire à la sécurité d'approvisionnement. Cela permettrait d'utiliser, et donc de disposer de combustibles encore plus abondants et encore moins chers (uranium appauvri dont nous disposons à foison, thorium), de recycler encore davantage de combustibles usagés, et de consumer le maximum - donc de réduire encore la quantité - de déchets ultimes à vie longue et haute activité.

Et gardons bien à l'esprit, en permanence, que si nous ne développons pas ce type de moyens, d'autres - conscients a minima de la finitude des ressources mondiales d'hydrocarbures - le feront, ou sont déjà en train de le faire ; chinois, américains, coréens, indiens, etc. Une fois confrontés aux limites, voire à l'échec de nos choix peu pertinents, nous en serons alors réduits à acheter ce matériel à des fournisseurs étrangers, comme nous leur achetons aujourd'hui nos panneaux photovoltaïques ou nos nacelles d'éoliennes. Nous aurons juste perdu au passage beaucoup d'argent, des compétences scientifico-techniques et surtout, surtout, un temps précieux.

Revenons à la pointe, soyons innovants pour préserver le futur de l'humain et de son environnement. Soyons en somme vraiment écologistes ; assumons une écologie consciente, pensée, raisonnée, inscrite dans le temps long, plutôt que de s'engager dans une démarche compulsive, consumériste, court-termiste et superficielle ; donnons-nous les meilleurs moyens, dotons-nous des meilleurs outils pour tâcher de sauvegarder autant que faire se peut notre planète et ses habitants ; maintenons et diversifions nos outils de production d'énergie nucléaire.

Commentaires

Le renouvelable, le nucléaire et le fossile, c'est comme le bio, le glyphosate et les perturbateurs endocriniens. Pas de bio avec glyphosate et perturbateurs endocriniens donc pas de renouvelable avec nucléaire et fossile. L'espoir pour le bien public (santé public, air sain, eau saine, nourriture saine) c'est le 100% renouvelable avec le 100% bio, les économies d'énergie et une sortie de la spirale infernale de l'hyperconsommation qui nous rend malades. L'écologie c'est aussi la préservation des forêts (puits à carbone), des biotopes et de la biodiversité. L'écologie, c'est considérer que la terre ne nous appartient pas et que nous l'empruntons à nos enfants et, par principe, nous n'avons pas le droit de la détruire (donc de prendre le risque d'un accident nucléaire irréversible) ni de leur laisser nos saletés radioactives pour des siècles et des siècles. Nous n'avons pas le droit de vider tous les stocks, de polluer, détruire la nature, mette en péril nos santés et celles des générations futures (pollutions cancérogènes et mutagènes) pour le profit à court-terme. C'est un vrai changement de paradigme qui est nécessaire (pour aller vers plus de respect, de partage, vers la sobriété heureuse) et pas de simples compromis qui retardent un peu l'effondrement. Nous n'avons qu'une planète et pas de planète B et il nous en faudrait déjà environ 2 par an (nous aurons tout consommé fin juillet 2018 et plus ça va, pire c'est). Il est donc grand temps de réagir en prenant, dès aujourd'hui, les bonnes décisions (à commencer par investir dans le renouvelables et pas dans le rafistolage de nos vieilles centrales ni dans la construction de nouvelles centrales avec l'argent public qui n'est pas illimité et sortir dignement du nucléaire en restant très très vigilants et en ne prenant aucun risque inutile avec notre parc vieillissant, à démanteler, et nos déchets à surveiller, comme le lait sur le feu).

44230

Nous sommes donc d'accord sur le sens de l'écologie, l'urgence de la situation, la nécessité de faire évoluer rapidement notre perception et notre gestion des ressources finies communes, sur la vertu de la parcimonie. Cependant nous divergeons manifestement sur les moyens les plus sobres, les plus efficaces pour soutenir cette transformation. En l'occurrence, les moyens que vous mettez en avant sous le terme définitif de 'renouvelables' ne sont pas les plus sobres en matières premières et en argent public, ni en l'état les plus vertueux en termes de préservation de l'environnement ; en particulier dans les pays où ils sont actuellement massivement fabriqués, mais aussi là où leurs impacts d'installation/fonctionnement et leurs déchets doivent/devront être gérés. Il est essentiel d'en avoir pleinement conscience.

92150

Le nucléaire n'est pas des plus sobres en matières premières et en argent public, ni en l'état les plus vertueux en termes de préservation de l'environnement ; en particulier dans les pays où ils sont actuellement massivement fabriqués, mais aussi là où leurs impacts d'installation/fonctionnement et leurs déchets doivent/devront être gérés. Il est essentiel d'en avoir pleinement conscience.

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Le grand intérêt de votre dernière réponse et la profondeur de l’analyse qui y est développée me laissent sans voix.

Pour rester constructif, disons que vous m’incitez là à détailler davantage mon raisonnement. Soit. Je vais donc être un peu plus spécifique. L’objectif que vous m’accorderez de nous trouver commun est la préservation de l’environnement au sens large ; la réduction rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre qui menacent l’ensemble des écosystèmes planétaires ; la protection des sols, des forêts, des habitats naturels, de la chaîne alimentaire ; la non-dissémination de produits dangereux ; la restriction de l’usage des matières premières, renouvelables et surtout non renouvelables, à ce qui est nécessaire, pour en préserver les ressources.

Les meilleurs moyens pour parvenir à ces fins dépendent des contextes géographique, démographique, géopolitique. Pas de raison de développer le nucléaire a priori dans un pays qui produit déjà toute son électricité et peut en produire encore beaucoup plus - pour remplacer ses autres usages énergétiques - grâce à son gisement hydroélectrique (à voir à quel prix environnemental, cependant). Dans certaines régions d’Afrique il est tout à fait pertinent d’équiper massivement les communautés en capacités photovoltaïques pour qu’elles se substituent autant que possible aux centrales thermiques et aux groupes électrogènes tournant aux hydrocarbures. C’est rapide et adapté (à condition à terme de gérer correctement les déchets de la filière locale). En revanche, que la Chine stoppe des centrales à charbon en connectant à son réseau électrique des centrales nucléaires, pardon mais c’est ce qu’il y a de plus efficace à l’heure actuelle et à l’échelle mondiale - et de loin ! - pour repousser un tant soit peu le désastre écologique collectif. S’il y avait mieux à l’échelle considérée, j’abandonnerais bien volontiers le tandem électrique-nucléaire pour y adhérer. Mais ça n’est pas le cas.

Revenons au cas de la France. Vous insistez dans vos nombreuses interventions sur la nécessité impérieuse d’installer sur notre territoire le maximum d’éoliennes, de panneaux solaires, et de stockages d’électricité sous forme de gaz généré, sans raccorder ces moyens aux objectifs que vous poursuivez. Là-dessus on vous aura mal renseigné. Mis à part le fait que substituer de l’électricité décarbonée intermittente à de l’électricité décarbonée pilotable ne sert pas à grand-chose dans le cas qui nous concerne et pour les objectifs écologiques poursuivis et rappelés plus haut, il se trouve que panneaux photovoltaïques et nacelles d’éoliennes n’apparaissent pas dans la campagne française par génération spontanée, et ne sont pas installés en lévitation dans les airs.

Ces équipements correspondent à des quantités importantes de matières premières, extraites et transformées (au moyen de sources d’énergie rarement décarbonées) loin du territoire national en l’occurrence. Ces matières premières pourraient être dédiées à autre chose de plus utile pour la collectivité, ou simplement ne pas être sollicitées. Par ailleurs l’ancrage de ces équipements nécessite : des quantités très importantes de béton, des étendues très importantes de terrain. Evidemment matières premières et terrain sont également nécessaires pour les installations nucléaires, mais ramené à l’énergie produite leur intensité est beaucoup plus importante, et donc leur « efficacité environnementale » est sans commune mesure. Enfin dans le cas du parc existant et par définition les matières premières d'équipement - les plus importantes en volume - ont déjà été consommées ; on n'en sollicite que peu de nouvelles. Quantités de matières premières mobilisées, de sols bétonnés, de volumes de déchets produits, dans toutes ces catégories les ordres de grandeur sont défavorables aux intermittentes, par rapport à l’énergie nucléaire. En outre si vous compensez ne serait-ce qu’une toute petite partie de leur intermittence annuelle par un tout petit peu (ce qui est une hypothèse optimiste) d’électricité allemande produite au charbon ou d’électricité espagnole produite au gaz, leur bilan de GES sera - déjà - nettement plus mauvais ! On aura ainsi « gâché » autant de matières premières pour… Détériorer notre bilan carbone.

Quant au stockage par du gaz dont vous vous faites le promoteur zélé ; mis à part le rendement très faible de ce type de conversion réversible, il faut garder en tête que si le bilan en CO2 de l’opération est nul, le méthane a un pouvoir d’effet de serre 86 fois supérieur au CO2. Cela signifie que la moindre fuite de ce gaz dans le cycle, même faible et brève (hypothèse optimiste), annihile les efforts déployés par ailleurs pour réduire les émissions de GES dans la production d’électricité.

Enfin dans une optique écologique, l’argent mobilisé sur ces équipements d’EnRis le serait à bien meilleur escient dans l’isolation des bâtiments, la transformation de l’industrie automobile pour en finir au plus vite avec les hydrocarbures, ou encore, comme vous le soulignez, le développement des filières bio, et le sevrage rapide et général de l’agriculture des produits dangereux encore largement utilisés et répandus dans l’environnement.

En résumé, oui bien sûr aux EnRis lorsqu’elles sont adaptées au contexte local et que leur installation constitue une amélioration de la situation d’origine, mais pas lorsqu’elles n’y apportent rien et constituent par-là même un gaspillage, voire qu’elles la dégradent. Pour la situation actuelle de la France donc, et de la production d’énergie en Europe dans les décennies à venir, le plus écologiquement efficace est d’élargir le champ d’usage de l’électricité (au transport et au chauffage notamment), d’utiliser cette électricité au mieux (isoler les bâtiments, alléger les véhicules, développer la cogénération thermique, promouvoir la frugalité comme modèle de société), de maintenir et de développer le parc nucléaire (qui utilise le moins de matières premières et de sol pour fonctionner). S’il y avait un moyen de production écologiquement meilleur, j’y adhérerais.

92150

Il y a forcément un moyen meilleur que le nucléaire (par conséquent, vous ne pouvez qu'y adhérer - au100% renouvelable) car on ne peut trouver pire bêtise et pire gabegie pour produire de l'électricité (toute l'énergie nucléaire est transformée en chaleur perdue et c'est hyper dangereux pour des siècles et des siècles).

"elles n’y apportent rien et constituent par-là même un gaspillage, voire qu’elles la dégradent". Vous parlez des énergies renouvelables et là je ne suis pas d'accord puisque ça ne peut pas être pire que le nucléaire et surtout jamais inutile de prendre quelque chose de gratuit et jamais un gaspillage puisque c'est de ne pas utiliser ces énergies gratuites qui est un gaspillage. D'autant que c'est beaucoup moins concentré et qu'il faut encore plus lutter contre toutes les formes de gaspillage. Ce sont toutes les énergies sales qui dégradent la santé et l'environnement (charbon, gaz naturel, pétrole, uranium, plutonium) pas les énergies renouvelables. Il ne faut pas faire de confusion.

Le nucléaire n'est pas du tout décarboné et utilise plein de béton de ferrailles et est impossible à démanteler et aucun recyclage possible. C'est un gouffre financier (démantèlement, stockage de la radioactivité artificielle, gestion du plutonium, risques non assurés) très vulnérable aux sécheresses, inondations, ouragans, actes terroristes. Il nous met infiniment plus en danger qu'il ne nous protège en quoi que ce soit (et pour rien puisque le renouvelable est beaucoup plus rentable). Le nucléaire, c'est vraiment trop bête de s'y arc-bouter car, en plus (cerise sur le gâteau) ça nous fait rater le virage des renouvelables (ça nous coupe les pattes et les ailes - sauf qu'on n'en a pas mais c'est une image).

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