Avis n°345
Quel mix électrique durable pour demain ?
le ,L'électricité est une forme d'énergie facilement convertible. Cette souplesse est adéquate pour le fonctionnement de nos sociétés. Mais comment la produire ?
L'éolien et le solaire : intermittent, non prévisible. Ces formes de production ont besoin de zones de stockage. Elle nécessite beaucoup de matières premières.
Le pétrole, le gaz, le charbon : ressource limitée, dont la consommation modifie significativement le cycle climatique à l'échelle humaine. En outre, le pétrole et le charbon émette des particules fines polluant l'air. Enfin ces ressources sont importées et donc non maîtrisées. Elles creusent fortement le déficit commerciale de la France. Enfin, le pétrole est traité dans des raffineries très ponctuelles sur le territoire dont l'immobilisation (relativement aisée) bloque considérablement l'approvisionnement des consommateurs.
La biomasse : Cette ressource peut clairement être développée (mais surtout pas en remplacement des productions alimentaires, bien qu'un tel remplacement ait déjà commencé, prix du marché oblige) mais ne peut suffire à remplacer les sources énergétiques non durables.
L'hydroélectricité : ressource énergétique très adéquate (flexible, maîtrisée et peu chère), sauf en cas de pénurie d'eau. Il reste peu de place en France pour ce type de structure.
Des solutions de très faible puissance pourrait-être développée le long des cours d'eau. Mais ces solutions seront inefficaces en temps de sécheresse.
La ressource marémotrice : peut-être développée. La corrosion des éléments par le sel et la connexion au réseau terrestre sont des freins.
L'incinération des déchets : source complémentaire indéniable, mais nos sociétés doivent réduire leurs déchets, pas les augmenter (chaque déchet à un coût énergétique qu'il ne compense pas en étant brûlé).
Le nucléaire : énergie globalement contrôlée. De gros défauts cependant: producteur de déchets hautement polluants pour des durées considérables largement supérieure à la vie de nos sociétés, vieillissement des installations, l'approvisionnement en matière première est une faiblesse (aujourd'hui exclusivement auprès de pays tiers) . Les centrales dépendent du niveau d'eau qui les alimentent (problème en cas de sécheresse). Les centrales produisent énormément d'énergie en peu d'endroit. Immobiliser ces centrales est possibles (par voie piétonne comme l'a montré Greenpeace, condamné pour cela) ou par voie balistique (les derniers missiles russes semblent difficilement parable), et l'immobilisation rapide de ces gros moyens de production paralyserait le pays. Nucléaire et fossile dépendent de quelques centres localisés et d'approvisionnement depuis l'étranger. L'exploitation intensive et monopolistique de ces ressources engendre une faiblesse structurelle majeure pour notre pays.
La fusion : on en est loin.
Et maintenant, je prêche ma paroisse : la géothermie haute température (celle qui produit de l'électricité) produit une énergie maîtrisable, délocalisée dont on peut aisément extraire quelques matières premières naturellement présentes dans les fluides (comme le lithium). Cependant, c'est une ressource que l'on connait très mal car aujourd'hui coûteuse d'accès (ressource largement méconnue située à plusieurs kilomètres sous le sol). Le seuil de rentabilité actuel de cette ressource (environ 0.2€/kWh) peut vraisemblablement fortement chuté avec le développement de cette filière (certaines zones connues sont rentables à moins de 0.1€/kWh). Il faut mettre le paquet d'investissement sur cette ressource à fort potentiel: elle est locale, sécurisée et peu permettre d'extraire de manière durable des matières premières stratégiques. Cependant, on constate actuellement que l'Etat ne s'engage pas dans cette voie (tant moralement que financièrement), ce qui handicap considérablement le développement de cette filière.
Cette brève énumération qualitative sur l'approvisionnement de notre société en énergie (électrique notamment) souligne nos défaillances structurelles majeures (dépendance au marché, aux volontés des pays-tiers, hautement sensibles à quelques attaques ciblées). La géothermie a le potentiel d'une solution significative à ces défaillances, mais a besoin du soutien publique pour se développer. En outre, les universités françaises sont hautement qualifiées pour augmenter la connaissance de ces systèmes.
Le PPE doit largement considérer cette ressource énergétique. De sa considération par la nation dépend son déploiement large et efficient en France et à l'export.
Commentaires
L'électricité géothermique: des ressources très faibles
@ M.Bellanger, la géothermie profonde est l'exploitation du flux de chaleur terrestre, qui diminue avec le temps, mais pas de manière sensible à l'échelle de l'histoire humaine, et donc peut être considéré comme renouvelable à cette échelle. Mais il est extrêmement faible, en France de l'ordre de 65 mW par m2, soit encore 65 kW par km2 . Mais il s'agit de chaleur. Si vous voulez la convertir en électricité avec un rendement énergétique de 10 %, ce qui réduira votre puissance possible à 6,5 kW il faudra faire circuler de l'eau entre des roches à une température de l'ordre de 200 °C, que vous devez aller chercher par forages à 6000 m, que vous devrez de plus fracturer pour que cette eau puisse y circuler, et produire cette électricité avec une turbine.
Les sites où cela peut-être intéressant sont ceux où le flux géothermique est localement très fort,dans les régions vocaniques, comme celui de Larderello en Italie, qui produit quand même 2 % de l'électricité italienne. Il n'y en pas en France.
En France, il n'est pas possible de produire de quantités significatives d'électricité par géothermie profonde. Mais on utilise la chaleur de nappes d'eau profonde pour le chauffage des habitations, ou pour des applications thermales ou agricoles. Il ne s'agit pas alors d'énergie renouvelable, car vous refroidissez progressivement la nappe, et il s'agit de peu de choses dans notre bilan énergétique.
Electricité géothermique
Monsieur Bellanger, des structures très profondes et ayant gardé suffisamment de porosité dans le socle, j'ai quelques doutes. Bonne chance quand même.
Bio_masse, colza industriel
Pour éviter que l'industrialisation en vue de créer des carburants ne remplace l'agriculture alimentaire, suppression des subventions nationales et européennes pour ces producteurs qui ne sont plus agriculteurs, même s'ils se servent de la FNSEA pour avancer masqués.