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Point de vue n°92

Contribution à la comparaison des coûts des différents moyens de production d’électricité. Valeur commerciale de l'électricité produite par les éoliennes

Bernard ANONYMISé (Bordeaux)

Dans son dernier rapport sur le coût des énergies renouvelables, la Cour des comptes s’émeut du montant faramineux des subventions, 121 milliards € au total, qui seront versées pour toutes les installations mises en service jusqu’en 2017 et constate que les résultats obtenus sur la réduction des gaz à effet de serre sont dérisoires du fait, dit-elle, d’une erreur sur la cible de l’action, visant l’électricité déjà décarbonée au lieu des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, comme le chauffage ou les transports routiers. Elle appelle à « asseoir la politique énergétique sur des arbitrages rationnels fondés sur la prise en compte du coût complet des différentes technologies ». Cette note propose une méthode permettant de mesurer la compétitivité des éoliennes sur la base de la valeur commerciale de l’électricité qu’elles produisent en situation concurrentielle.

Commentaires

Monsieur Comte demande que l'on compare le coût complet des moyens de production.
C'est le cas des moyens pilotables puisque le gestionnaire du réseau les appelle par ordre de coût croissant.
Ce n'est pas du tout le cas de l'électricité éolienne et photovoltaïque qui sont le reflet de la météo et non des besoins du réseau. Il faut donc leur adjoindre le coût du soutien qui va permettre au gestionnaire du réseau de les utiliser en fonction de l'appel d'électricité.
Ce soutien peut être une centrale à gaz, souple, assez rapidement installée mais tributaire du prix du gaz et de celui de la tonne de gaz carbonique (actuellement 44 € en France, outre les permis ETS). On voit bien que ce soutien coûtera d'autant plus cher que le prix du gaz augmentera tout comme celui du gaz carbonique. En outre, le gaz est importé, ce qui réduit notre indépendance énergétique et accroît notre déficit de la balance commerciale.
On peut aussi rêver au stockage inter-saisonnier de l'électricité. Je dis rêver car les moyens les plus importants aujourd'hui sont les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP). Or nos STEP imposantes ne représentent que 0,1 TWh alors qu'une journée froide d'hiver représente une consommation de 2 TWh!
Je dis rêver car depuis 115 ans, les électriciens recherchent un stockage de masse inter-saisonnier économiquement réalisable. Ceux qui disent qu'avec 5 ans de R&D, nous allons trouver, sont des gens qui ne connaissent rien au problème.
Enfin si éoliennes et PV sont compétitives par rapport au nucléaire, pourquoi les aider par des prix d'achat prohibitif et garantie d'enlèvement même quand le besoin n'existe pas ?

69003

Je suis tout à fait d'accord avec le fait qu'on ne peut comparer des produits qu'à qualité égale : le coût de production d'une énergie "pilotable" c'est à dire adaptable à la demande comme le nucléaire ou l'hydraulique de lac ne peut être comparé qu'au prix d'une énergie intermittente comme l'éolien ou le solaire dont la défaillance aléatoire est compensée par l'ajout d'une centrale dite de backup telle qu'une centrale au gaz (ou une unité de stockage de masse d'électricité quand ce produit existera sur le marché).
Aujourd'hui, non seulement l'électricité intermittente voit sa production achetée de manière prioritaire sans exigence sur le produit, mais les centrales pilotables comme le nucléaire sont obligées d'assurer le "backup" en modulant leur puissance en raison inverse de l'intermittence des énergies intermittentes, ce qui diminue leur rentabilité et accroît le coût de production des kWh produits en raison de leurs charges fixes.
Dans un marché non distordu, la qualité (ici la capacité à s'ajuster au besoin) serait payée plus cher.
Comme le marché est fortement distordu, le client ne bénéficie pas des bienfaits de la concurrence, c'est à dire du prix minimal.
La preuve : en France, le kWh est payé 20% plus cher que ce qu'il devrait à cause des taxes (CSPE) qui financent les énergies renouvelables.
En Allemagne c'est 100% plus cher !
On peut toujours espérer béatement que des solutions technologiques nouvelles apparaissent, comme le stockage, à un prix raisonnable.
Mais tabler sur leur émergence prochaine c'est mettre la charrue avant les bœufs et nous conduire très probablement dans une impasse : les pays où l'idéologie est peu présente (Asie, USA...) ne s'y trompent pas.
Bref : le plus sage serait d'arrêter de subventionner les énergies intermittentes et de leur imposer des moyens pour éliminer le caractère intermittent de leur production.

34000

Les centrales affectées au "back up" des ENR intermittentes ont non seulement moins de chiffre d'affaire pour se rentabiliser et leur prix du KWh croit car les frais fixes sont inchangés, mais en plus, les coûts variables ou semi variables croissent car elles fonctionnent en régime transitoire permanent.

Lorsque le back up est réalisé par des centrales à énergie fossile, le rendement chute drastiquement, et elles émettent plus de CO2 que si elles fonctionnaient à pleine charge, ou du moins à charge constante.

A partie d'un certain % de mix en capacité du réseau, le gain en CO2 du au vent et au soleil est annulé par ce phénomène.

En France, ce serait pire puisque le vent et le soleil n'économise pas d'émissions de CO2.

75013

J'adhère à deux cent pour cent aux comptes de Bernard COMTE sur la non efficacité et les surcoûts des énergies intermittentes qu'on dit à parité réseau en terme de coût, quelle arnaque !
En termes d'efficacité et avec un peu d'humour on peut faire un rapprochement entre les énergies renouvelables intermittentes et les intermittents du spectacle (que je respecte, car ils nous font rêver eux) : ces derniers sont là quant on en a besoin !

86320

Question au MOA :
Avec la CSPE, le français paye déjà deux fois le coût des ENR puisque la CSPE considérée comme une taxe sur le prix de l'électricité est elle même soumise à la TVA. Aujourd'hui pour ne plus effrayer le consommateur d'électricité vous dites qu'elle n'augmentera plus ! Mais depuis une partie du surcoût de ces ENR (si matures qu'ont continue à les subventionner de manière scandaleuse) se retrouve sur les taxes payées sur les carburants. Tout cela vient aussi gréver le budget des personnes relevant des aides de la précarité énergétique. On donne d'un côté une aide et on continue de prélever tous azimuts.
A quand la vérité des prix, en détaillant sur un litre d'essence, à qui vont les taxes payées ?

86320

Il est dommage que la liberté d'expression ne conduise à véhiculer autant de clichés et d'erreurs factuelles
Non une éolienne ne produits pas 20% du temps c'est son taux de charge et il est plus élevé que celui d'une centrale hydraulique ...
Les couts présentés sont biaisés, car répondent à des hypothèses différentes.
Quel est le cout du mwh éolien pour la collectivité ? c'est une vrai question . En 2015, un ménage qui consommera 2500 kWh
d’électricité payera 31€ de CSPE « EnR »
Quel est le cout du mwh nucléaire pour la collectivité ?
C'est une bonne question
o La Cour des Comptes, dans son dernier rapport de 2016, évalue le coût complet du nucléaire existant à 62,6 €/MWh, les coûts de démantèlement des centrales et de gestion des déchets étant deux à trois fois sous-évalués par EDF comparativement à d’autres pays.
- Les coûts affichés du nucléaire nouvelle génération dépassent largement les 100€/MWh, avec des risques élevés de glissement en termes de coûts et de délais, comme on a pu le constater en Finlande ou en France (Flamanville)
La gestion des déchets n’a pas de véritable réponse. L’enfouissement des déchets : le gouvernement met en œuvre les projets mais doit reconnaitre que « c’est la moins mauvaise des solutions » Quels coûts, quelle acceptabilité et surtout quel héritage ?

Pour comparer les couts encore faudrait il que l'on accepte de poser comme postulat que l"eolien le solaire l'hydrau ou le bois sont des sources d'énergies qui n'entraient pas de dettes cachées à long terme.

La france aujourd'hui sous paie son electricité à cause de couts cachés du nucléaire et si cela aide notre compétitivité malheureusement cela ne durera pas

69008

Mme Guérin

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Il est bien dommage que l'on ait le droit de dire n'importe quoi!

Où avez-vous lu que l'on dit que les éoliennes ne produisent que 20 % du temps? Dans l'avis, non seulement on parle d'un taux de charge moyen en 2017 mais on cite aussi la source, en l'occurrence le bilan électrique de RTE.

A propos de source, je serais curieux de savoir d'où vous tirez que le taux de charge de l'hydraulique serait moins élevé que celui de l'éolien. De toute façon, utiliser ce genre d'argument est tout à fait malhonnête car c'est oublier que l'hydraulique stockable (donc hors fil de l'eau qui, par définition, a un taux de charge de 100 % sur les grands fleuves) a l'immense intérêt d'être pilotable alors que la charge des éoliennes est fatale.
Par ailleurs, vous vous avez très mal lu l'avis sur lequel vous réagissez car les seuls coûts auxquels il fait référence sont les coûts marginaux des moyens de substitution qui doivent suppléer le manque de production des éoliennes. Pour vous faire plaisir, j'ajoute volontiers un élément non cité dans la note: le coût marginal d'une éolienne est nul!

Concernant le coût du nucléaire pour la collectivité, je vous invite à lire attentivement l'ensemble des débats car vous avez encore besoin d'un peu d'information: le développement du parc de production nucléaire a été quasi-entièrement financé par EDF sur fonds propres ou par emprunts, donc financé ou remboursé grâce aux recettes de la vente d'électricité (je simplifie) avec des tarifs de vente qui sont parmi les plus bas d'Europe, le tout en versant tous les ans des dividendes à l'actionnaire (l'état à 85 % aujourd'hui) et avec des apports extrêmement limités du même actionnaire (un dans les années 80 et un en 2017). Vous parlez aussi de dette cachée. Vous qui prétendez donner des leçons en matière d'honnêteté, pourriez-vous préciser ces dettes et citer vos sources.

Enfin, il faut noter qu'il est assez curieux et atypique de parler autant de coût de revient, que ce soit du nucléaire ou de l'éolien. D'habitude cette donnée est confidentielle (savez-vous quel est le coût de revient d'un iphone 10 vendu plus de 1000 €?). Ce qui est important c'est à combien je vais pouvoir vendre mon produit et ma note montre que si l'électricité produite par les éoliennes était vendue sur le marché sans subvention et sans passe-droit, ce débat n'aurait pas lieu faute de concurrents décarbonés du nucléaire.

33100

Eolien industriel : pourquoi les promoteurs de l'éolien terrestre (dans les P.O par exemple) n'achètent-ils pas les terrains nécessaires à l'implantation des mats, chemins d'accès pour construction puis maintenance alors que dans les Aspres (entre mer et Canigou) les friches agricoles, garrigues et maquis ne valent rien ?
Au lieu d'acheter, les industriels font signer aux propriétaires fonciers des promesses de bail emphytéotique de 20 ans pour des éoliennes jusqu'à 220 mètres de haut !

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