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Avis n°331

L'atelier Nouveau nucléaire

Ajouté par La commission particulière du débat ANONYMISé (Paris), le
[Origine : Autre]
Energie nucléaire

L’atelier « avenir du nucléaire » ou « nucléaire du futur » avait pour propos de compléter celui consacré à « Nucléaire et PPE » (voir la vidéo). Il s’agissait de s’inscrire dans un temps plus long (horizon 2050 et au-delà) afin de voir si la progression de la recherche et des technologies en matière de nucléaire était de nature à faire faire un saut à cette filière et à répondre aux grands enjeux de la transition énergétique.

Evidemment, si ce n’est sur l’affirmation du caractère central de la réduction des émissions de carbone, les participants ne se sont pas mis d’accord sur les sujets de moyen terme. 

L’EPR est pour les uns un bon outil, fiable, moins coûteux dans la version développée en série que les premiers exemplaires, d’un haut niveau de sécurité. Il conviendrait donc d’en décider la construction, afin d’atteindre la cible prioritaire à savoir la baisse des émissions de carbone de notre pays. Les objectifs de la France devraient en tout état de cause amener à rééquilibre les efforts en termes de financement de l’électricité renouvelable vers l’efficacité énergétique ou la chaleur renouvelable.  Compte tenu du scénario de croissance de la consommation électrique, l’objectif serait, à l’horizon 2050 de parvenir à 40 gigawatts de nucléaire et donc de disposer entre 20 et 30 réacteurs de cette catégorie à cette échéance. Au demeurant l'EPR serait un bon produit d'exportation comme le prouvent les contrats conclus avec l'Angleterre, la Chine et l'inde, alors que d'autres pays continuent à miser sur le nucléaire.

Pour les autres et compte tenu de l’expérience finlandaise ou de Flamanville, l’EPR ne représente aucun saut technologique véritable, il serait extrêmement couteux et beaucoup moins compétitif que les EnR. Il n’assurerait pas de façon fiable et bon marché l’approvisionnement du pays, qui continuerait à dépendre largement de l’extérieur. Il ne règlerait aucun problème de déchets et pèserait lourdement sur les finances d’EDF. La décision de construire des EPR risquerait par ailleurs d’aboutir à une surproduction d’électricité, pouvant faire baisser les prix, l’exportation incertaine d’électricité ne parvenant pas à compenser cette surproduction. Il serait de meilleure politique d’investir sur la sécurité des déchets stockés à côté des centrales, sur l’efficacité et les ENR. Les contrats à l’export seraient par ailleurs aléatoires et conditionnés s pour certains à de risqués transferts de technologie.

Sur la filière de retraitement du MOX   pas d’accord non plus : la représentante d’Orano a souligné l’importance écologique du recyclage là où les opposants soulignent le cout jugé exorbitant, la très faible économie réalisée en matière d’uranium et les problèmes posés par le stockage.

Enfin pour le plus long terme, les avis divergeaient également.

Un participant a souligné l’accélération des progrès effectués en matière de fission même si on est évidemment loin de la dimension industrielle. Pour lui, il est important de ne pas rompre la chaine technologique et scientifique, de continuer à offrir à nos jeunes un objet de recherche qui de toute façon se développera à l’échelle internationale alors que nous sommes parmi les nations avancées à ce sujet.

Plus critique, un intervenant a souligné les risques majeurs que faisaient courir le réacteur ASTRID et l’utilisation de la technologie de refroidissement au sodium alors que n’étaient pas réglés du tout les problèmes de déchets Au total beaucoup d’argent selon lui pour des résultats incertains voire inquiétants Au total des options de long terme pour lui hasardeuses et sans effet sur les choix à faire dans les 10 ans qui viennent.

Intervenants :

Valérie Faudon, déléguée générale de la SFEN
David Boilley, président de l'ACRO
Jean-Marcel Rax, enseignant chercheur au LOA
Nathalie Allimann, vice-présidente département des ventes, ORANO
Yves Marignac, directeur WISE Paris
Animation : Jacques Archimbaud et Noël de Saint Pulgent

 

 

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Commentaires

Il était une fois une technique géniale pour se déplacer : la voiture à moteur Diesel car elle émettait moins de CO2 que celle à moteur essence. On l'a donc favorisée avec un carburant moins taxé et des bonus écologiques. Pendant ce temps, les gens au bord des grandes routes et dans les villes suffoquaient et même certains en mouraient. Puis un jour, on a compris. La technique géniale n'était pas si géniale que ça car elle émettait beaucoup de particules fines. Alors on a décidé de la faire disparaître.
Aujourd'hui, on nous parle d'une autre technique géniale : l'énergie nucléaire car elle est décarbonée. Certes cette technique géniale n'émet pas non plus de particules fines, mais c'est plus insidieux. Chaque jour, elle rejette dans l'eau et l'air des effluents radioactifs, des produits chimiques et des eaux chaudes. Et ce n'est pas tout car elle produit aussi des déchets qui sont très radioactifs et qui vont le rester pour des millions d'année. Les générations futures qui vont devoir vivre avec eux ne peuvent rien dire car pas encore nées, mais ne devrions nous pas plus penser à elles et arrêter de produire ces déchets en sortant de l'énergie nucléaire. Raisonner sur un seul polluant en fermant les yeux sur les autres est une absurdité et si on considère tous les polluants et déchets de l'industrie nucléaire, il est nettement préférable de la remplacer par des énergies renouvelables. Et puis le CO2 doit aussi être analysé sur tout le cycle de vie et, dans ce cas, l'énergie nucléaire n'est pas autant décarbonée qu'on veut nous le faire croire : il y a beaucoup de béton, d'acier et autres métaux utilisés dans la construction des nouvelles centrales, des installations annexes comme ICEDA au Bugey ou la futur piscine centralisée et Cigéo et tous les déchets consomment aussi beaucoup de béton de plomb et d'acier pour les isoler de l'environnement externe. Béton acier, autres métaux, tous de gros émetteurs de CO2 pour leur fabrication. Alors décarboné ?

01500

Vous admettez que le nucléaire produit de l’énergie sans produire de CO2, fumées ou poussières. C'est déjà énorme.
Par contre aucune activité humaine ne peut se dérouler sans générer de déchets , et comme vous le dites certains déchets sont émis . La première "liste" rejets d'effluents et de chaleur est bien connue avec des conséquences dérisoires.
Pour les déchets radioactifs leur volume très faible permet d'assurer un confinement localisé et sûr. Contrairement aux produits chimiques, la décroissance de leur dangerosité est exponentielle. Contrairement a toutes les autres activités industrielles, l'ensemble de nos déchets est géré et stocké en toute transparence et sans rejets ou dilutions ( voir le site de l' ANDRA qui vous donnera la liste de ces déchets et de leur stockage) . Toutes les autres industries font du rejet et de la dilution dans l'environnement ( y compris les éoliennes et les panneaux solaires)
Enfin vous signalez avec raison que la construction des installations nucléaires est émettrice de CO2.. C'est bien sûr le cas de toute activité industrielle. J'ai à votre disposition un article d'un organisme indépendant qui analyse le temps nécessaire pour "rembourser" le CO2 émis au départ . Vous verrez que le nucléaire est le mieux placé (il rembourse en quelques semaines et pour 60 ans tout le CO2 émis pour sa construction). Le solaire n'est pas très bon : il lui faut environ deux ans pour rembourser le CO2 utilisé à sa construction et ce pour une durée de vie d'environ 20 ans. (et bien sûr sans aucune filière de gestion des déchets autre que la décharge la plus proche)

30400

Si l'Etat persiste à dire qu'il faut se désengager significativement du nucléaire, je ne vois pas comment les décideurs publics et les entreprises privées pourraient continuer à investir dans la filière, y compris dans la recherche.
Réduire le nucléaire à 50 % du mix, c'est lui interdire d'être rentable, c'est donc le tuer à terme.

75013

Quand le nucléaire civil a été promu aux Etats-Unis, il était supposé être si bon marché qu'il n'y aurait pas besoin de compteur électrique. Superphénix devait produire plus de plutonium qu'il n'en consommait. Un réacteur sur trois devait être un surgénérateur miraculeux à l'horizon des années 2000. Ce fut un échec, en France, comme au Japon et un scandale financier.

En 2018, les promoteurs du nucléaire utilisent toujours les mêmes ficelles et veulent nous faire croire que demain sera mieux. On aura un nucléaire presque sans déchet que le monde entier nous enviera. Mais c'est toujours pour demain... Si notre système était si performant, pourquoi Areva/Orano aurait fait faillite sans le soutien de l'Etat ?

Il est temps que les promoteurs du nucléaire arrêtent de nous prendre pour des idiots et soutiennent leur cause avec des faits réels, pas des chimères. Après tout, si le nucléaire actuel était si performant, il n'y aurait pas besoin de faire croire à un nucléaire merveilleux pour demain, toujours pour demain.

25000

Phenix et Superphenix ont fait la preuve de la technologie. Leur arrêt a été purement politique.

Areva a fait faillite parce qu'elle a été gérée en dépit du bon sens.

l est temps que les promoteurs du solaire et de l'éolien arrêtent de nous prendre pour des idiots et soutiennent leur cause avec des faits réels, pas des chimères. Après tout, si le solaire et l'éolien actuel était si performants, il n'y aurait pas besoin de faire croire à un solaire et éolien merveilleux pour demain, toujours pour demain: plus besoin d'obligation d'achats, plus besoin de subvention, stockage gratuit et illimité...

75013

Dès que le citoyen moyen entend parler d’EPR, les images les plus noires lui arrivent à l’esprit. Problèmes de construction, sûreté défaillante, coûts rédhibitoires. Autant dire que le lobbying anti-nucléaire a fonctionné à la perfection et que les discours construits et rationnels n’ont pas réussi à percer. L’EPR (et le nucléaire de manière générale) sont attaqués en France alors qu’ils sont considérés comme une solution d’avenir dans des pays qui pensent l’avenir à long terme. Je pense en premier lieu à la Chine. Les médias font régulièrement le point sur le développement spectaculaire des ENR dans ce pays et le nucléaire est souvent oublié… Pourtant 19 réacteurs sont en construction actuellement et oh surprise, l’EPR entre dans les plans chinois ! EDF y construit 2 réacteurs EPR. Les Chinois ont peut-être des défauts mais pas celui de s’offrir une technologie étrangère trop coûteuse et dangereuse. La France a la chance d’être en pointe dans un domaine d’avenir au niveau mondial ! Le mode start-up c’est bien pour vendre du papier et du rêve. L’industrie énergétique française qui marche c’est au moins aussi bien !

92000

Je pense que la contribution de Lucie Mathieu n’est pas très étayée malgré les accusations et sentences qui y sont professées. Je suis bien curieux de voir quelle agence aux responsabilités (américaine, française ou japonaise) s’est permise de déclarer un jour qu’il n’y aurait plus besoin de compteur électrique…
L’envolée sur Superphénix a été calmée en une phrase par 4Vconsulting. Et effectivement si Orano (Areva) s’est planté, c’est parce que la direction a fait n’importe quoi. EDF vit aussi en partie du nucléaire alors selon la logique de Lucie Mathieu, l’entreprise aurait déjà dû faire faillite. Pour finir, la question des déchets a toujours été prise en compte et contrairement à ce qu’on laisse croire sur les sites anti-atome qui parlent de ‘montagnes de déchets’ nucléaires, les quantités ne sont pas si grandes. Chaque année en France ces ‘montagnes’ sont de l’ordre de 300m3… La panique se déclenche très vite chez certains… Dire aussi que les réacteurs EPR produiront 30 % de déchets en moins est vain même s’il s’agit d’un fait que tous les mots des anti ne pourront pas contrer.

59100

J’aimerais apporter ma contribution en rappelant l’intérêt de développer des réacteurs nouvelle génération (dits EPR). Les ingénieurs d’EDF ont réussi à faire un saut qualitatif avec ce nouveau réacteur. Avec la même quantité de combustible égale, il sera possible de produire 22 % d’électricité en plus par rapport aux réacteurs actuellement en fonctionnement. Ce seul atout devrait faire plaisir a beaucoup de sceptiques…
Deuxième point essentiel, l’EPR atteint un niveau de sûreté unique au monde. Les niveaux de sûreté ont été sensiblement amélioré et n’ont pas cessé de prendre en compte les nouvelles menaces. Le réacteur peut même résister à un crash d’avion de ligne. Le scénario terroriste catastrophe est maîtrisé ! Alors les Cassandre qui affirment que rien ne va parce qu’il y a des retards ont une mauvaise grille de lecture. S’il y a des retards c’est parce qu’aucune faille n’est acceptée. Si le sujet de l’EPR avait été porté de manière légère par ses concepteurs, personne, pas même l’Etat français n’aurait fait de commande. Les atouts sont trop solides pour se permettre de refuser une technologie qui rendra bien des services tout au long de ce siècle.

59000

Pardon, mon premier message était incomplet. Il faut aussi dire que l’EPR a une durée de vie de soixante ans contre quarante (sans grand carénage) pour les centrales classiques. Ce sont des milliards d’économisés in fine. Autre point, il y aura 30% de déchets en moins que dans les centrales d’ancienne génération. De plus le taux de disponibilité est attendu à 91% dans la mesure où le rechargement du combustible prendra moins de temps. C’est presque 10% de mieux que maintenant. Enfin, comme cela a été dit, la puissance sera augmentée par rapport aux réacteurs ancienne génération. Les avantages se trouvent à d’amont en aval de la production. En fait, les critiques à l’égard de l’EPR ne sont que les critiques habituelles des anti-nucléaires. Même en répondant à toutes leurs doléances, le nucléaire sera toujours pris en grippe.

59000

Le debat sur le nouveau nucleaire a bien intégré de nombreuses connaissances et mis quelques "chimères" ou " projet" sur une échelle de temps qui correspond aux délais qui s'imposent aux décisions pour 2018/2028. Exit quelques idées comme la fusion qui restera sur cette période à l'état de projet R&D.

Le nombre d'options restant est relativement limité : il est plus que temps de se projeter sur ce qui pourra être effectif et efficace en 2030/2050. On peut retenir quelques grandes lignes, dans les technologies connues et aujourd'hui opérationnelles : l'éolienne est une technologie qui ne changera que faiblement, les cellules PV ne feront pas de sauts technologiques, .... Autre technologie connue: la réduction de la demande en énergie pour le chauffage ou le transport.

Par contre, l'EPR de seconde génération doit encore faire l'objet d'une première réalisation avant d'être validée et utilisée pour un " nouveau parc" . C'est donc un délai d'une dizaine d'années au moins avant validation. Et on n'imagine pas de lancer un EPR 2.0 avant que la "vieille" version 1.0 ne soit opérationnelle !

Le parc nucleaire existant s'approche de la retraite à grands pas: certains l'imaginent dès demain, d'autres lui laissent plus de temps. EDF annonce aujourd'hui une nouvelle durée de vie de 60 ans en espérant négocier un compromis entre ces 60 et la prévision des études de 40 ans... pour finir à 50 ans ! La défaillance, malheureusement, ne sera pas négociable : revoyez les images de Fukushima pour vous convaincre de la réalité du risque...

Enfin, coupable oubli dans ce débat entre spécialistes du nucléaire et de l'électricité : une absence quasi-totale de référence aux transformation énergétique " transmodales " ( néologisme... qui renvoie au changement de forme sous laquelle se trouve l'énergie ): toutes ces maisons chauffées à l'électricité peuvent demain être chauffées au gaz d'origine bio ou constituant le mode de stockage des pics de production d'électricité ; toutes ces voitures diesel peuvent demain rouler avec la même ressource; toutes ces centrales au gaz refusées par les politiques peuvent être alimentées demain par du gaz " transmodal ", etc... Et il s'agit là de gaz à bilan carbone nul puisqu'il provient de processus ne faisant pas appel à des ressources fossiles.

Oubli coupable dans le débat, certes, et surtout oubli coupable si les actions "transmodales" ne sont pas partie intégrante de la future PPE.

On entend parler de 16 millions de voitures électriques jusque dans les débats du groupe de 400 citoyens appelés à débattre récemment à Paris. La transmodalité énergétique transformerait cette idée en 5 millions de voitures électriques et 10 millions de voitures au méthane... Quel biais du debat a validé l'option unique de la voiture électrique ?

Le coupable oubli ne devrait pas se transformer en erreur historique !

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